Le 1er avril dernier, il avait pris place au parc des sports Boniface, à Élancourt. Un mois, 5 000 km et quelques contretemps plus tard, le container de l’association Container sans frontières est finalement arrivé à bon port, au Sénégal, début mai. Parti d’Élancourt le 3 avril, il devait prendre la mer le 8 avril pour arriver 12 jours plus tard. Mais il s’est retrouvé bloqué au port du Havre en raison de grèves, et n’est parti que le 15 avril.
Mais le chargement est finalement bien arrivé. À l’intérieur du container, du mobilier (chaises, tables), du matériel informatique, « et on a eu l’agréable surprise que quelqu’un nous donne dix photocopieurs, qui viendraient […] d’une ambassade africaine », ajoute Christophe Jeanmougin, professeur au collège Courbet (Trappes) et au lycée Dumont d’Urville (Maurepas), président et cofondateur de Container sans frontières, rencontré le jour du chargement.
Un chargement destiné principalement au lycée Mame Cheikh Mbaye, le plus grand de la région de Tambacounda – 2 500 élèves selon le professeur –, dans le centre du Sénégal. Des établissements de l’Essonne et des Yvelines font partie des donateurs. Parmi eux, certains à SQY : le collège Giacometti et les lycées Descartes et Émilie de Breteuil (Montigny), le lycée Dumont d’Urville, ou encore le lycée La Plaine de Neauphle à Trappes. L’entreprise Thales, à Élancourt, a également apporté sa contribution en faisant don de livres.
Il s’agit du 2e container envoyé dans le cadre du projet. Le 1er l’avait été en 2021, par des élèves du collège Courbet, à plusieurs écoles de la région de Tambacounda. À l’époque, les élèves et certains de leurs professeurs avaient alors collaboré avec l’Association des ressortissants de Niéry (ARN), du nom d’une ville du Sénégal jumelle de Trappes, et qui a monté plusieurs projets à destination du Sénégal. Elhadji Diame Drame, cofondateur de l’ARN et lui-même originaire du Sénégal, s’est associé à Christophe Jeanmougin pour créer en décembre 2021 l’association Container sans frontières.
« Elhadji, c’est un jeune à qui on a donné l’opportunité de venir étudier en France, évoque Christophe Jeanmougin. Il a fait un bac pro au lycée Blériot [à Trappes]. Il était élève à Trappes, et pour lui, ça a aussi du sens d’engager les jeunes de Trappes […] On se motive tous les deux. Moi, j’ai trop d’enthousiasme et beaucoup d’énergie, et lui a l’expérience du pays, moi je n’en ai pas. Et lui, il a un réseau, il sait comment on fait pour faire un container, il a des contacts là-bas. »
Le projet bénéficie aussi d’un engagement très fort des jeunes. Aujourd’hui, le bureau de l’association compte 12 membres, notamment des élèves et ex-élèves de Christophe Jeanmougin. « Il y a trois adultes pour neuf jeunes, qui vont de la 4e à la 1re. Ils sont membres de l’association, avec l’autorisation de leurs parents, et ils sont vice-secrétaire, vice-président… ». Parmi eux, Aaron Piperol-Poulain. Cet élève de 2de du lycée Dumont d’Urville a intégré Container sans frontières en décembre dernier, et en est devenu vice-président en janvier. « L’aide humanitaire de manière générale m’intéresse, car pouvoir aider les gens en difficulté, c’est quelque chose que j’aime beaucoup », confie le jeune homme de 16 ans.
Lui et les autres jeunes de l’association se sont mobilisés, notamment pour récolter des fonds à travers des événements, dans le but de financer le container. « Le container pur, il faut compter 4 500 euros. Après, il y a tout ce qu’il y a autour, et ça se solde aussi. Par exemple, […] il y a deux camions qui tournent, et je pense que je suis peut-être à plus de 3 000 euros pour la location des camions », fait savoir Christophe Jeanmougin, saluant également la mairie d’Élancourt, qui a notamment mis à disposition une ex-école pour stocker le matériel.
Le professeur veut aussi, à travers ce projet, faire prendre conscience aux jeunes de « la chance qu’ils ont d’être en France », alors qu’ « en Afrique, il n’y a même pas une chaise ou une table pour certains gamins ». Il souhaite faire en sorte que « la jeunesse de France s’engage pour la jeunesse d’Afrique » et l’affirme : « C’est une aventure humaine. Et là, il n’y a plus de prof, on est des collaborateurs de l’humanité. » Il est parti fin avril au Sénégal pour « préparer le terrain », car, dans un an, il entend bien emmener des jeunes là-bas et développer des échanges entre la France et le Sénégal, et notamment un jumelage entre le lycée de Tambacounda et le lycée Dumont d’Urville. En attendant, Christophe Jeanmougin invite tous les établissements et personnes qui le souhaitent à se joindre au projet. Pour plus de renseignements à ce sujet, elles peuvent d’ailleurs contacter : containersans frontieres@gmail.com.
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