La date de l’hommage national aux morts en Algérie continue d’être débattue. La nouvelle majorité des Clayes-sous-Bois n’a pas souhaité s’associer à la cérémonie de commémoration du 19 mars 1962, date du cessez-le-feu en Algérie, lui privilégiant désormais le 5 décembre, date de l’hommage aux morts de la guerre d’Algérie fixée en 2003 par Jacques Chirac. Les deux associations clétiennes d’anciens combattants ont quant à elles maintenu une cérémonie le 19 mars dernier.

« J’ai décidé de privilégier la date du 5 décembre parce que celle du 19 mars est une cérémonie qui a toujours donné lieu à beaucoup de controverses », nous explique le maire des Clayes-sous-Bois, Philippe Guiguen (DVD), qui rappelait sur le site internet de la ville que cette date fait débat « notamment entre représentants des rapatriés et harkis d’une part et associations d’anciens combattants d’autre part », entre autres en raison des nombreux morts « après cette date du 19 mars ».

« C’est le moyen de dépolitiser et d’apaiser »

« C’est pour ça que le président Chirac avait proposé une autre date, celle du 5 décembre, qui a pour but d’honorer les mêmes victimes, mais pour dépolitiser et apaiser tout ce qui concerne cette date de commémoration (le 19 mars, Ndlr), poursuit Philippe Guiguen, insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un acte politique. Moi, ce qui m’importe, c’est le devoir de mémoire et de respect par rapport à tous les combattants qui se sont engagés là-bas et à tous ceux qui sont tombés. C’est pour ça que je suis resté sur cette date [du 5 décembre], c’est le moyen de dépolitiser et d’apaiser. »

Fin février, le maire avait informé les représentants des deux associations d’anciens combattants de la commune de cette décision. Mais les sections locales de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (Fnaca) et de l’Association républicaine des anciens comattants (Arac) ont maintenu leur cérémonie du 19 mars, comme c’est le cas depuis plusieurs années.

« [Le maire] nous a informés que lui préférait le 5 décembre, on lui a dit qu’on n’était pas forcément d’accord, mais qu’on allait demander à nos instances nationales, nous raconte Bernard David, président local de l’Arac, rencontré lors de la cérémonie de la semaine dernière, à propos de cette « divergence » de points de vue. On a fait un courrier commun en disant qu’on ne serait pas là le 5 décembre, mais qu’on sera toujours là le 19 mars, en application de la loi de 2012. C’est une décision nationale, pas qu’une application locale. »

« On sera toujours là le 19 mars »

Les deux groupes de l’opposition municipale des Clayes-sous-Bois se sont quant à eux joints à la cérémonie du 19 mars. « Nous avons souhaité honorer la date du 19 mars 1962, à la date qui a été promulguée par la loi de 2012, qui est aujourd’hui une date officielle de commémoration, avance Nicolas Hue (Génération.s), chef de file d’« Un autre projet pour les Clayes-sous-Bois », estimant que la majorité a pris sa décision pour des raisons politiques. Je pense que c’est dommageable : la date du 19 mars est une date historique, c’est un réel cessez-le-feu, on sait très bien que les cessez-le-feu n’ont jamais été les dates de paix totale. Tout cela ne doit pas être oublié, et doit être commémoré à une date précise qui se réfère à un événement historique, non pas totalement déconnectée de l’histoire. »