« En dépit des alertes, les villes et quartiers populaires restent un angle mort du Plan de relance : aucune mesure ambitieuse n’a été prise pour répondre à la détresse sociale et économique qui frappe nos communes. » Le 14 novembre, plus d’une centaine de maires ont cosigné une lettre ouverte au président de la République demandant « l’égalité républicaine de nos quartiers prioritaires ». Parmi les 105 signataires figurent deux maires saint-quentinois : Joséphine Kollmannsberger, maire LR de Plaisir, et Nicolas Dainville, maire LR de La Verrière.

« Cette période de confinements, le premier et ensuite ce second, ne fait qu’accentuer les difficultés de nos concitoyens : que ce soit au niveau de la perte de travail, d’un isolement sur des difficultés internes à certaines familles, des replis sur soit, des pertes aussi de lien avec la scolarité au moment du premier confinement, etc., souligne la maire de Plaisir. Tout ça n’a fait que mettre des signaux au rouge sur des problématiques qui étaient déjà préexistantes mais qui sont aujourd’hui dans une accentuation plus que visible. »

La lettre ouverte souligne ainsi que les communes constatent avec la crise actuelle l’augmentation des demandes d’aide alimentaire, des demandes de RSA, du chômage, et la diminution importante des inscriptions dans les associations culturelles et sportives. D’autant que le président avait annoncé il y a trois ans un « plan de mobilisation nationale » pour les quartiers populaires, dont, à l’heure actuelle, « seules quelques mesures, portées principalement par les villes, ont pu être engagées », regrettent les élus.

Pour faire face à la situation, les maires signataires demandent à ce que 1 % du Plan de relance soit consacré « pour les territoires en décrochage ». Cela afin d’abonder « un fonds d’urgence pour les associations », un fonds pour « la création de comités locaux de solidarité », un fonds d’aide à la création de maisons médicales et un autre pour « la mobilisation des acteurs de l’emploi ».

Et surtout, les maires veulent être associés aux décisions avec la création d’un « Conseil national des solutions », qui inclurait des élus, des associations, des fonctionnaires, des entrepreneurs et des universitaires. « Maintenant, il faut que l’État nous écoute davantage, résume Joséphine Kollmannsberger, rappelant ce que les collectivités locales mettent déjà en place. Les propositions que nous faisons viennent de collaborations et d’échanges entre élus, avec tous les partenaires qui sont dans les quartiers, donc elles ne sortent pas d’un chapeau technocratique, mais d’expressions et d’attentes concrètes pour pouvoir mettre en place des vraies réponses pour nos populations. »

L’objectif serait d’anticiper le deuxième déconfinement, poursuit la maire plaisiroise : « Il faut impérativement mettre en place des actions qui vont permettre d’accompagner des personnes qui, sortant de ce confinement, vont se retrouver dans des drames familiaux, à la fois psychologiques, financiers, et sociaux. Il faut vraiment que cette lettre face bouger les lignes. » En réponse à cette lettre ouverte, lundi 23 novembre, neuf des maires signataires ont échangé en visioconférence avec le Premier ministre, Jean Castex, ainsi que plusieurs membres du gouvernement.

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