Ils sont enquêteurs et enquêtrices, formateurs et formatrices, ou fonctionnaires au sein de la police de proximité. Tous les animateurs du Centre départemental loisirs jeunes (CDLJ) de Trappes font partie des forces de l’ordre. « On a presque tous déjà fait de la police secours et du terrain », lance un animateur du centre en habit de sport. Ce 21 octobre au matin, il est en pleine confection d’araignées sur le thème de Halloween, au Gymnase Jean Guimier à Trappes. Autour de lui, un peu moins de dix jeunes s’agitent sur leur boule de polystyrène, qu’ils doivent peindre en noir. Des adolescents que les animateurs ont parfois déjà vus pendant leur service.

Ils sont 39 jeunes âgés entre 10 et 17 ans cette semaine et seront 50 la semaine prochaine, selon Ludo. L., directeur du site de Trappes et fonctionnaire au sein de la police de proximité de la commune. Les chiffres de fréquentation sont à la hausse depuis l’année dernière. « On a commencé à dix l’été dernier en 2019. […] On a eu 103 enfants inscrits en juillet et août 2020 », observe-t-il. Et la plupart des adolescents de cet été sont revenus pour les vacances de la Toussaint. « Ça a tout de suite matché avec les parents et les enfants », témoigne le directeur du site. Principalement financé par la Préfecture, le CDLJ 78 intervient essentiellement dans le « Quartier de reconquête républicaine » de Trappes. Il participe à l’instauration d’un dialogue et d’une relation de confiance avec les familles pour lutter contre la délinquance.

Créé en France en 1995, il a été arrêté en 2010, en raison d’une « volonté politique », selon le directeur du CDLJ 78, Christophe Pican. Il a néanmoins rouvert en octobre 2018 à la demande du ministère de l’Intérieur. « On s’est rendu compte qu’il manquait un contact réel, explique le directeur, également responsable de la prévention à la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP). On l’a remis pour être à nouveau en relation avec le public. […] La police, c’est aussi du relationnel. On n’est pas nés avec un uniforme. On a besoin d’un échange. »

Alors, si les animateurs ont déjà croisé ces enfants sur le terrain, au marché, dans leur quartier ou même au collège, lors d’ateliers de prévention sur la drogue, le CDLJ serait un moyen de montrer qu’il existe un homme derrière l’uniforme. « On essaye de leur faire comprendre qu’on n’est pas fermés, qu’ils peuvent discuter avec nous », explique Christophe Pican.

Les fonctionnaires sont d’ailleurs volontaires pour participer à l’animation du CDLJ. « Ils veulent côtoyer une population jeune pour mieux les comprendre, car ils ont affaire à des jeunes (en service, Ndlr), précise-t-il. Ou soit ils ont la fibre et côtoient des gamins toute l’année et veulent leur amener autre chose. » Par exemple, une des animatrices est formatrice, notamment sur les violences conjugales, pour la police nationale. Elle a souhaité se rapprocher des adolescents et les sensibiliser. « Je fais de l’animation pour déconstruire les représentations qu’ils ont sur la police », témoigne-t-elle.

Et cela semble porter ses fruits. Cet été, les animateurs leur ont demandé d’inscrire, sur un tableau à deux colonnes, les points positifs et négatifs de la police, selon eux. « 90 % du tableau étaient remplis du côté négatif, raconte Ludo. L. Puis, au bout de deux semaines, le tableau était plus rempli du côté positif. »

Cet autre regard sur la police, que les animateurs tentent de transmettre aux enfants, se traduit dans les activités. Pendant la matinée du 21 octobre, ils leur ont proposé de partir en forêt ramasser des châtaignes, de faire une activité sportive, ou encore un atelier d’improvisation avec un fonctionnaire qui en fait depuis près de 20 ans. Ils sont d’ailleurs peu nombreux dans ce dernier atelier, mais les deux jeunes présents semblent heureux d’être là. « Les animateurs sont gentils, ils prennent soin de nous. J’aime bien l’ambiance, et même s’il y a des gens que je n’aime pas, ce n’est pas ça qui va m’arrêter », témoigne Ines, âgée de 12 ans.

D’autres activités sont également choisies pour leur faire découvrir l’univers de la police. Cette après-midi du 21 octobre, le tableau des animations prévoit la visite de la préfecture de police. Mais les inscriptions ne sont pas assez nombreuses, et les animateurs vont devoir annuler. Les jeunes sont en effet plus intéressés quand il s’agit de partir une journée à Disneyland Paris, comme cela est prévu pour la semaine d’après.