La rentrée scolaire 2020-2021 aura donc bien lieu ce mardi 1er septembre. « Il faut reprendre une vie normale, c’est vital pour les enfants », affirmait Grégory Garestier (DVD), le maire de Maurepas, lors d’une visite de l’école primaire des Friches le 27 août. Son directeur, Pascal Guillou, se disait d’ailleurs opérationnel pour la rentrée septembre : « tout est en place, on est prêts. » Mais la situation sanitaire actuelle pourrait ne pas donner lieu à une reprise facile et surtout à un retour à la normale.

Après l’augmentation du nombre de cas de malades atteints du Covid-19, le ministère de l’Éducation nationale a dû faire évoluer son protocole sanitaire, jugé trop léger en termes de restrictions face à la crise. La feuille de route publiée le 26 août impose de nouvelles règles comme le port du masque obligatoire pour tous les enseignants, peu importe le degré d’enseignement – auparavant les maîtres et maîtresses en maternelle étaient épargnés – et impose la fin de la limitation du brassage entre les classes et les groupes d’élèves. Le lendemain de sa publication, les Saint-Quentinois apprenaient que l’Île-de-France était placée en zone rouge, rendant les prochaines semaines à l’école plus incertaines.

C’est ce que pensent les syndicats du monde de l’éducation, dont certains auraient souhaité un report de la rentrée scolaire, pour laisser du temps aux établissements, pour se préparer. La Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) et le syndicat des enseignants du premier degré ont témoigné de leur inquiétude face à la recrudescence de la crise sanitaire et aux directives mises en place par le ministère de l’Éducation nationale.

« Il n’y a pas de directives claires et un cadre fort », affirme Evelyne Dianna-Bras, secrétaire départementale de la FSU Yvelines. Ce qui pourrait entraîner des dérives, selon elle. Du même avis, la présidente de la FCPE des Yvelines, Corinne Grootaert, donne l’exemple de l’organisation du jour de la rentrée scolaire, qui n’a pas été clairement défini. Par exemple, au lieu d’accueillir tous les lycéens le 1er septembre, comme le stipule la circulaire de rentrée, un lycée de Conflans-Sainte-Honorine a étalé la rentrée des classes sur toute la semaine pour une reprise des cours la semaine d’après. « Cette décision est due à une volonté d’éviter le brassage. […] Les lycéens vont donc perdre trois jours de cours. Il aurait fallu inscrire dans le protocole des règles strictes sur le déroulement de la rentrée scolaire », explique-t-elle.

Alors que le directeur de l’établissement des Friches semble satisfait de cette feuille de route. « C’est simple et clair avec le nouveau protocole », annonce-t-il. Dans son école, le jour de la rentrée, chaque classe de maternelle aura son entrée en extérieur, afin d’éviter le brassage entre les élèves et les adultes.

Pourtant, la limitation du brassage n’est plus une obligation depuis le nouveau protocole. Mais certains établissements ont préféré continuer de le limiter. Corinne Grootaert s’interroge sur la pertinence de cette fin de limitation : « On ne comprend pas. Plus le brassage est important, plus le risque de fermeture totale de l’établissement existe. On est passé en zone rouge et on laisse quand même le brassage des élèves. C’est contradictoire. »

Pour autant, trouver un équilibre entre règles sanitaires et bien-être de l’enfant, tant au niveau des apprentissages que de sa socialisation, n’est pas chose simple, selon Corinne Grootaert, avant d’illustrer : « La fin de l’obligation de respecter les distanciations sociales est un bon équilibre, puisqu’il n’est pas possible aujourd’hui dans les salles de classes de les respecter, au vu du nombre d’élèves présents. Ici on choisit de mettre plus en avant l’apprentissage contre une sécurité stricte, même si c’est un risque ». En effet, dans le nouveau protocole, « la distanciation physique n’est plus obligatoire lorsqu’elle n’est pas matériellement possible ou qu’elle ne permet pas d’accueillir la totalité des élèves », indique la feuille de route.

Le masque est en revanche obligatoire pour les enfants, dès l’âge de 11 ans. Mais les différentes formes d’accès à cette protection pour les élèves ne font pas l’unanimité. Pourtant, le conseil départemental a récemment annoncé la distribution gratuite de deux masques lavables à tous les collégiens, tout comme le conseil régional aux lycéens.

Sauf qu’un masque en tissu lavable aurait une espérance de vie d’un mois, selon la présidente de la FCPE des Yvelines. « Que va-t-il se passer pour les élèves dont les familles ne peuvent financer les masques ensuite ? », demande-t-elle. Il faut en donner plus à ceux qui en ont le plus besoin, plutôt que de donner le même nombre à tout le monde. »

En effet, le masque reste à la charge des familles. Et pour les plus modestes, leur achat représenterait une importante somme d’argent. « Financièrement ce n’est pas possible. Ça va être un vrai souci pour certaines familles. Cela pourrait engendrer de l’absentéisme », s’inquiète Evelyne Dianna-Bras de la FSU. Néanmoins, si un élève n’a pas de masque pour rentrer dans son établissement, il lui en sera fourni un, selon le protocole. De plus, plusieurs municipalités continuent de distribuer des masques aux habitants.

Alors, les établissements sont-ils prêts pour le début d’année scolaire ? Ce serait le cas dans les écoles de Maurepas. « Il n’y a pas eu de complication particulière, il y a eu des amendements en plus, mais pour la partie élémentaire je m’étais organisé », affirme le maire de Maurepas, en faisant référence aux différents protocoles publiés depuis juillet, à savoir trois.

Des ajustements sur le plan local ont même été faits. La Ville de Guyancourt a installé plusieurs centaines de dispositifs d’ouverture de porte anti-Covid-19, donnant la possibilité d’ouvrir les portes équipées avec son coude, indique un communiqué de la mairie. 13 écoles maternelles et élémentaires ont été équipées dans la commune. Pour la suite des événements, les syndicats de l’éducation craignent néanmoins des fermetures d’écoles. Une circulaire de l’Éducation nationale plus stricte stipule cette possibilité, au cas où les conditions sanitaires s’aggraveraient.

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