Développer un pôle dédié à la haute technologie à Saint-Quentin-en-Yvelines. Au Nord-Ouest de l’agglomération, dans la zone appelée « SQY high-tech », plusieurs leaders de l’innovation sont déjà installés depuis des années. Mais face à un potentiel risque de fragilisation de l’attractivité de cette zone, l’agglomération souhaite mener une vaste étude stratégique de développement du secteur. Elle doit permettre de répondre aux lacunes identifiées du secteur « SQY high-tech », comme sa visibilité ou son accessibilité en transports en commun, afin d’amplifier son « attractivité » et sa « compétitivité », indiquent les documents de l’agglomération. Cette étude figurait justement à l’ordre du jour du conseil communautaire du 20 décembre.

Le secteur dit « SQY high-tech » est situé à cheval sur les communes des Clayes-sous-Bois, Élancourt, Plaisir et Trappes, et regroupe les parcs d’activité de la Clef de Saint-Pierre, Pissaloup, Sainte-Apolline, les Gâtines et Puits à loup. « C’est un secteur qui fait 300 hectares, où il y a aujourd’hui 17 000 emplois de très haute qualification, détaille Alexandra Rosetti (UDI), vice-présidente de SQY en charge de l’aménagement du territoire et maire de Voisins-le-Bretonneux, jointe par téléphone courant décembre. C’est un secteur, qu’on souhaite développer dans la haute technologie, qui accueille des sièges ou des centres de R&D de grands comptes connus. »

Parmi ces grands comptes figurent en effet plusieurs entreprises de renommées nationale et internationale comme Airbus, Thales, JCDecaux, Segula technologies ou encore Safran pour ne citer qu’elles. « Pour autant, cette attractivité incontestable aujourd’hui est susceptible d’être fragilisée à terme par des facteurs liés tant à l’environnement de cet espace qu’à sa visibilité », notent cependant les documents du dernier conseil communautaire.

Ils énumèrent notamment « un manque d’homogénéité et de cohérence des typologies d’activités, une visibilité insuffisante ne permettant pas un rayonnement à la hauteur de son potentiel, une vraie faiblesse des liaisons de transport collectif vers le cœur de la région parisienne, des difficultés à attirer les ‘‘talents’’, des risques de départs d’entreprises à terme et une perte potentielle de maîtrise du foncier et de la programmation ».

De son côté, Alexandra Rosetti ne se montre cependant pas « inquiète », assurant qu’aucune entreprise n’a « menacé de s’en aller », même si elle souligne la nécessité « d’anticiper ». « On se rend compte qu’il y a une vraie dynamique qui se met en place, que tout le monde (les collectivités, Ndlr) cherche à attirer des entreprises sur son territoire. Parce que les entreprises, nous savons que c’est ce qui fait notre richesse, rappelle la vice-présidente de SQY, où le développement économique est souvent pointé comme l’une des priorités. Donc nous, on tient à conserver ces grandes entreprises là et, du coup, on veut les aider à rester ici. »

D’où le lancement prochain d’une étude du secteur, dont l’objectif affiché n’est cependant pas seulement de maintenir les entreprises déjà présentes. L’agglomération veut aussi « développer la zone » en attirant « de nouvelles entreprises du même type qui pourraient être intéressées, toujours dans la R&D ou dans l’innovation », indique Alexandra Rosetti. Et d’ajouter : « On l’appelle ‘‘pôle haute technologie’’, l’idée est de développer cet aspect-là, pour en faire un lieu vraiment dédié qui soit reconnu dans la région parisienne. »

« On l’appelle ‘‘pôle haute technologie’’, l’idée est de développer cet aspect-là, pour en faire un lieu vraiment dédié qui soit reconnu dans la région parisienne », indique Alexandra Rosetti à propos du projet pour cette zone.

Avec son étude stratégique de développement du secteur, SQY affiche d’ailleurs l’ambition d’aller plus loin que les études d’aménagement habituelles. « C’est vraiment une étude globale qui va prendre tout en compte, résume la vice-présidente en charge de l’aménagement du territoire. Non seulement l’aménagement, puisque SQY est aménageur, mais aussi tout ce qui potentiellement pourrait aider l’attractivité du secteur. »

« Là, l’objet, c’est d’abord la stratégie : la stratégie économique, la réponse aux besoins des acteurs sur le territoire, et l’aménagement vient en déclinaison de cette stratégie globale, comme l’un des leviers qui vont participer à la réussite du projet, complète François Helleu, directeur du développement urbain de l’agglomération. On espère que l’étude va nous apporter de la matière pour travailler pourquoi pas sur des expérimentations, des démonstrateurs, etc. Mais on n’en est pas là, ça reste des hypothèses à ce stade. » Le prestataire qui conduira l’étude doit être désigné en mai prochain, et elle est prévue pour durer 11 mois.

Si l’agglomération mise sur les études pour déterminer ce qui pourrait être fait pour améliorer l’attractivité de la « SQY high-tech », le magazine intercommunal de décembre dernier, dans un article consacré au sujet, souligne la volonté de créer un « parc d’affaires high-tech unique ». Il constituerait « une zone de référence qui bénéficierait de dessertes de premier plan (accès directs A 12 et N 12, développement des liaisons douces, des transports en commun, nouvelle forme de mobilité avec Supraways) dans un environnement dédié au bien-être des salariés : restauration de qualité, conciergerie, crèche interentreprises … »

Pour atteindre cet objectif ambitieux, l’agglomération souhaite lancer une large concertation avec tous les acteurs concernés. « L’idée, c’est d’arriver à un partenariat entre tous ceux qui peuvent être intéressés, que ce soit des collectivités, des acteurs universitaires, des partenaires financiers, des entreprises ; pour qu’on voit jusqu’à quel point chacun peut s’impliquer pour développer cette zone, explique Alexandra Rosetti. Je pense qu’il y a des développements à faire pour en faire une zone exemplaire, ça peut être sur l’énergie, sur les déplacements, etc. »

Justement, l’un des premiers éléments de réponse aux enjeux de cette zone concerne son accessibilité en transports en commun, grâce au projet Supraways. SQY a en effet voté de nouvelles études fin octobre (voir notre édition du 6 novembre) pour examiner la faisabilité de mettre en œuvre ce transport collectif automatique semi-aérien sur rails. Si le projet s’avérait réalisable, le premier tracé de Supraways rejoindrait Plaisir à la gare de Montigny-le-Bretonneux, en passant par Trappes et Élancourt, avec donc une desserte du secteur « SQY high-tech ».

Supraways offrirait ainsi une nouvelle solution de mobilité pour cette zone, qui pourrait être « de nature à attirer les jeunes cadres » et donc aider les sociétés à attirer des talents, selon la vice-présidente de SQY. Ce premier démonstrateur est actuellement espéré à l’horizon 2024 pour coïncider avec les Jeux olympiques, dont plusieurs épreuves auront lieu à proximité directe de la « SQY high-tech ».

Dans la délibération du conseil communautaire du 20 décembre, la concertation du projet pour « SQY high-tech » est annoncée pour démarrer « dès aujourd’hui » afin d’« assurer la visibilité de la démarche et la bonne participation de l’ensemble des parties prenantes ». D’après un autre document de SQY présentant plusieurs des aménagements futurs de l’agglomération parmi lesquels « SQY high-tech », l’étude stratégique doit être menée entre 2019 et 2020, puis le projet devrait entrer dans sa phase opérationnelle en 2022.

Lors du conseil communautaire de décembre, le maire de Trappes, Guy Malandain (DVG), dont la ville est directement concernée par le projet, avait interrogé la majorité sur le foncier encore disponible « pour faire bouger ce secteur ». Il avait également questionné la concertation qui va être mise en place : « Il ne faudrait pas que les entreprises ‘‘ordinaires’’ qui ont leur présence là se croient éliminées du processus. Il faut qu’on accueille et qu’on développe [le secteur « SQY high-tech »], mais il faut que ceux qui sont là ne se sentent pas déclassés. » Guy Malandain avait par ailleurs demandé une réunion de travail sur ce projet « au niveau des maires », dont le président de l’agglomération, Jean-Michel Fourgous (LR), lui avait assuré la tenue prochaine.