« On a ramé. » Jean-Michel Fourgous (LR), président de l’agglomération de SQY et maire d’Élancourt, ne mâche pas ses mots au moment de commencer sa prise de parole le 4 juillet dernier, jour de l’inauguration de l’hôtel de police d’agglomération de SQY, à Élancourt, aussi appelé commissariat du futur. Un outil de pointe, à l’architecture ultracontemporaine et surtout doté des nouvelles technologies, mais qui était attendu « depuis longtemps, entre 10 et 20 ans, […] durant lesquels élus locaux, policiers, habitants, n’ont cessé de souligner la vétusté de l’ancien commissariat », rappelle l’élu.
Mais le nouveau commissariat est désormais là, ouvert depuis le 26 juin. « Ce commissariat va être un démonstrateur, un lieu d’expérimentation unique, qui influencera les doctrines de sécurité. Et on a besoin de faire bouger les choses, le monde bouge. […] Le label du futur ne se conjuguera jamais au passé ici. Nous voulons que cet équipement reste toujours à la pointe », s’est félicité Jean-Michel Fourgous lors de l’inauguration, qui s’est déroulée en présence notamment de Bruno Retailleau (LR), ministre de l’Intérieur.
Ce dernier, après avoir dévoilé une plaque inaugurale, a visité les lieux en compagnie, outre du président de l’Agglomération, d’autres élus, comme Pierre Bédier, président du Département, Valérie Pécresse (LR/ Libres), présidente de la Région, ou encore du préfet Frédéric Rose. Il a notamment salué un commissariat qui va révolutionner positivement les conditions de travail des forces de l’ordre.
« Nos policiers, nos gendarmes, obtiennent vraiment des résultats époustouflants, mais pour les obtenir, il faut utiliser tout ce que la modernité nous donne de meilleur, car ces bandits, ces criminels, ils ont souvent un temps d’avance, et nous, on ne doit pas avoir une guerre de retard, a déclaré le locataire de la place Beauvau. Je pense qu’aujourd’hui, on est à la croisée des chemins. Si dans les sondages, vos administrés, nos compatriotes, ont relevé le niveau de préoccupation de l’insécurité en tête de gondole des priorités, c’est parce que nous vivons dans une société qui s’est ensauvagée. »
Selon un sondage Odoxa Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale, affiché lors de l’inauguration, la sécurité et la lutte contre la délinquance figure en effet en tête des sujets qui compteront le plus au moment de voter l’élection municipale de 2026 pour 51 % des Français interrogés, loin devant l’activité économique et le commerce avec 31 %. Et ce commissariat tend à répondre à ces attentes.
360 policiers y travaillent en bénéficiant d’équipements dernier cri. Robot multilingue pour l’accueil et l’orientation des visiteurs, stand de tir virtuel, pôle social avec la présence de 3 assistantes sociales aidant les policiers à la prise en charge des victimes de violences conjugales, séparation des flux (entre les détenus, le public et les forces de l’ordre), aide rédactionnelle pour les procès-verbaux, dépôt de plainte en ligne, système de désinfection automatique des cellules, centre de commandement opérationnel avec de nombreux écrans connectés, vitrages blindés, 200 places de parking sécurisées et sur 3 niveaux, salle de sport, spectomètre permettant en quelques secondes de déterminer le type de drogue. Sans oublier la salle « Mélanie » pour écouter les enfants victimes, ou encore une autre salle, équipée d’une borne de téléconsultation médicale, pour permettre, sans sortir les individus dangereux, de les ausculter à distance.
« Ici, vous êtes dans un écosystème hyper connecté, résume Jean-Michel Fourgous. Dans cet hôtel de police de SQY, on veut donner les meilleures conditions de travail, les meilleurs équipements à nos policiers. […] À SQY, nous voulons toujours innover pour protéger. L’innovation, c’est d’avoir un temps d’avance, et ça fonctionne aussi face aux délinquants, car eux, ils ont moins de lourdeur juridique. […] La révolution numérique, ce sera du temps de gagné pour nos personnels de police, une efficacité accrue et un lien de confiance rétabli. »
L’élu saint-quentinois, qui a tant poussé pour ce projet, ne cachait pas sa satisfaction. Les élus présents à l’inauguration ont loué son caractère visionnaire et sa ténacité, ayant permis à ce commissariat de voir le jour. « Pour faire un bâtiment comme ça, il faut un visionnaire, et ce visionnaire, c’est Jean-Michel Fourgous, a ainsi souligné Valérie Pécresse. Ce projet, il le porte depuis 20 ans. Il y a 10 ans, la Région a changé de président, et la 1re personne qui est arrivée dans mon bureau, c’est Jean-Michel [Fourgous], avec ce projet de commissariat du futur. »
C’est le choix de la ténacité et d’un visionnaire, a abondé Bruno Retailleau. C’est d’ailleurs ce qu’on attend des gouvernants, qu’ils soient des gouvernants territoriaux comme nationaux. C’est ce que je remarque souvent au niveau de l’État, c’est qu’on est toujours attachés beaucoup trop court au piquet de l’instant, on est dans le présentéisme, alors qu’il faut se projeter, et beaucoup d’élus territoriaux (Régions, Départements, Agglos, Villes) se projettent énormément dans l’avenir. » Pour le ministre de l’Intérieur, « on a des choix collectifs […] à trancher dans les mois qui viennent, dans les prochaines années. […] On doit tout déployer pour rétablir l’ordre ». « Les choix que nous avons à faire sont technologiques, juridiques, et aussi politiques, poursuit-il, insistant notamment sur les choix technologiques. On ne peut pas se priver des nouvelles technologies qui vont bouleverser tout le travail de nos policiers. On a devant nous un commissariat de nouvelle génération, qui a une architecture superbe, une esthétique, et une utilité puisque ce sera, c’est déjà, le laboratoire de la police d’aujourd’hui et de demain. Je veux que nos policiers puissent être armés des technologies les plus modernes possibles, pour qu’ils puissent faire un travail le plus à armes égales avec ces criminels. »
« Ces nouvelles technologies doivent être au service de votre sécurité, de la sécurité de nos compatriotes, martèle-t-il. On a trop eu de problèmes avec des logiciels inadaptés, qui rajoutaient de la complexité à nos policiers. Quand, sur un logiciel, il faut ajouter une image, une photo, qu’il faut 17 clics pour parvenir à 7 pièces jointes, ça veut dire que ça ne marche pas. Donc soit on le fait nous-mêmes, soit on recourt à un écosystème d’universitaires, y compris de startups, pour que l’on puisse avoir les meilleurs outils possibles. »

Il se réjouit aussi de l’arrivée , « dans quelques semaines », du logiciel Parole, permettant la retranscription en quelques minutes des longues auditions. Un outil « qui va nous permettre [d’] éviter de la paperasserie à nos policiers », « qui croulent sous les procédures », constate-t-il. « Quand on s’engage pour être policier, on ne s’engage pas pour être gratte-papier, on s’engage pour avoir des résultats, lance le ministre. Il y a à peu près 2 millions d’instances, de dossiers, qui n’avancent pas, car la procédure s’est toujours plus complexifiée, et nos policiers sont totalement broyés dans une tenaille, où d’un côté, on a de plus en plus de délits, de crimes, d’infractions, et de l’autre, on a des procédures toujours plus complexes. Pour une garde à vue, jadis, il fallait une page, aujourd’hui il en faut 12 ! Et moi, on me demande, ce qui est normal, de mettre des policiers sur la voie publique. Ça, on doit le résoudre avec les nouvelles technologies. »
Avant de conclure son discours et de dévoiler une plaque en la mémoire des « policiers morts pour la France et victimes du devoir » (symbole fort dans un département comme les Yvelines, qui a payé un lourd tribut, avec notamment l’assassinat d’un couple de policiers à Magnanville en 2016 ou encore celui d’une gardienne de la paix à Rambouillet en 2021), le ‘‘1er f lic de France’’ a remercié le conseil départemental et la Région, sans qui « ce commissariat n’aurait pas pu être achevé ». Sur un total de près de 25 millions d’euros, le Département a contribué à hauteur de 10 millions, la Région de 4 millions, tandis que SQY a investi 10 millions.
L’ouverture de ce commissariat du futur entraîne un changement sur l’accueil et les horaires des autres commissariats du secteur. Depuis le 23 juin, l’ancien commissariat d’Élancourt n’assure plus d’accueil au public, tandis que les commissariats de Guyancourt et de Trappes, depuis le 30 juin, accueillent eux toujours du public du lundi au vendredi de 8 h 30 à 12 h et de 14 à 18 h. L’hôtel de police de SQY, lui, est ouvert 7j/7 et 24 h/24.
CREDIT PHOTO 2: Christian Lauté/SQY