L’UVSQ poursuit sa conquête spatiale. En effet, le samedi 15 mars fut une journée très importante pour l’université qui a mis son 3e nanosatellite en orbite, et ce fut un succès. Après UVSQ-Sat lancé en janvier 2021 et Inspire-Sat 7 mis en orbite en avril 2023, c’est au tour d’UVSQ-Sat NG (pour nouvelle génération), lancé depuis la base militaire américaine de Vandenberg, en Californie, de rejoindre la constellation de petits satellites chargés d’approfondir l’analyse du climat de la Terre. La Gazette a pu s’entretenir avec Mustapha Meftah, astrophysicien et chercheur au Laboratoire atmosphères, observations spatiales (Latmos) qui nous en apprend plus sur ce projet spatial.
« C’est le 3e nanosatellite lancé par l’UVSQ. Nous poursuivons les mesures prises par Inspire-Sat 7 et UVSQ-Sat. On s’intéresse au bilan radiatif de la Terre en mesurant les différents flux au sommet de l’atmosphère », débute-t-il.
Ce 3e nanosatellite, d’un poids de 10 kg, embarque des technologies révolutionnaires qui seront testées en orbite. « En parallèle on teste un spectromètre, un autre instrument pour pouvoir quantifier des gaz à effet de serre comme le CO2 et le méthane. L’idée c’est de voir comment on peut utiliser un instrument miniaturisé pour essayer de faire des suivis avec un grand temps de revisite (la période de revisite d’un satellite est le temps nécessaire pour que celui-ci repasse au-dessus d’un même point, Ndlr) », poursuit le chercheur.
Le lancement de ce 3e nanosatellite a été plusieurs fois reporté. Mustapha Meftah nous explique les causes. « Le contexte géopolitique est particulier en ce moment. On ne peut pas partir avec n’importe qui. Au final, en termes de lanceur qui peut nous envoyer, il n’y avait que quelques solutions. On est donc parti avec Space X, qui a rencontré quelques difficultés avec un précédent tir effectué en février. Une fois que c’était résolu, il y avait avant nous la mise en orbite de 2 satellites de la Nasa baptisés Punch et Sphère X », explique l’astrophysicien.
Seulement, une anomalie a été détectée sur Sphère X et son lancement a également été retardé. De plus, le retard de la mise en orbite d’UVSQ-Sat NG est aussi lié aux conditions météorologiques. « Le lancement d’une fusée quelle qu’elle soit c’est toujours un défi, c’est très complexe avec beaucoup de paramètres d’incertitudes », indique notre interlocuteur.
Finalement, tout est rentré dans l’ordre et UVSQ-Sat NG a pu être mis en orbite sans encombre. « Actuellement on est dans une phase où on ajuste la position en orbite et en altitude pour pouvoir récupérer nos données. On est dans une phase de test et on vérifie que tout va bien », mentionne le scientifique.
3 aspects, portés par le Latmos, sont en corrélation avec cette mise en orbite. Le premier, l’aspect pédagogique. « L’idée, c’est de former les jeunes et préparer aux métiers d’avenir grâce à ce genre de choses car nous sommes dans la réalisation de A à Z d’un système, de sa spécification jusqu’à la récupération des données. Donc nous voulons donner aux jeunes la chance d’être formés à ces métiers du spatial », explique Mustapha Meftah.
Second aspect développé, la partie démonstrateur technologique. En mettant en avant le fait que ces nouvelles technologies de pointe peuvent répondre à des besoins bien spécifiques, en l’occurrence l’étude du bilan radiatif de la Terre. Enfin, 3e aspect mis en avant, c’est toute la partie scientifique. « Toute la difficulté, lorsque l’on parle de climat c’est que l’on parle de longue durée donc l’enjeu c’est de récupérer un maximum de données pendant un maximum de temps », ajoute le chercheur.
Ce 3e nanosatellite est ainsi calqué sur une durée de vie « allant d’un an jusqu’à 5 ou 10 ans pour ce genre de mission. Là, nous prévoyons une durée d’au moins 4 ans », précise l’astrophysicien. Et d’ajouter : « Les trois satellites qu’on a mis en orbite sont tous différents. Ils répondent à des problématiques communes mais on est sur des choix différents qui font qu’à chaque fois on a un spécimen unique. »
Outre le point de vue scientifique, ce lancement de nanosatellite a créé de l’engouement auprès de la population. « Ce n’est pas quelque chose que nous avions imaginé au départ mais cela attire et intéresse énormément de gens, aussi bien les jeunes que les personnes âgées. Quand on a organisé l’événement, qui a été plusieurs fois repoussé, à 7 h 30 le matin il y avait déjà plus d’une centaine de personnes (à l’OVSQ, l’Observatoire de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, situé à Guyancourt, où l’événement a été suivi en direct, Ndlr) », se réjouit Mustapha Meftah.
CREDIT PHOTO : UVSQ