Alimentation, insertion par l’activité économique, accompagnement. Des mots chers à Mathilde Ballouard, fondatrice d’Utopyk 78, entreprise sociale disposant d’un agrément d’insertion, fondée en juillet 2023. « J’ai fait toute ma carrière dans l’insertion professionnelle, sur le secteur des Yvelines et notamment de SQY, et je sais que l’insertion par l’activité économique, ça fonctionne, car les personnes reprennent un emploi et on peut les accompagner pendant leur temps de travail », nous confie sa fondatrice, rencontrée le 12 mars au centre de formation aux métiers du BTP (CFM BTP) de Trappes, où l’entreprise a ses locaux.

« J’ai un peu l’esprit d’entreprendre, donc je voulais créer mon entreprise d’insertion, pour participer à ma manière aussi, poursuit-elle. Ça faisait 10 ans que j’avais le rêve de créer une entreprise, et j’ai eu l’opportunité de reprendre la restauration du CFM BTP pour la rentrée 2023. Donc je me suis dit ‘‘On se lance’’, et le directeur du centre de formation était partant pour que ce soit un projet d’insertion plus globalement. »

7 personnes – fondatrice compris –, dont 5 en parcours d’insertion, composent les équipes d’ Utopyk 78, avec des profils variés. Mathilde Ballouard mentionne « une petite jeune qui a un CAP en pâtisserie et en cuisine et qui ne trouve pas de travail pour des raisons X ou Y », « une personne qui n’a jamais travaillé en France » ; ou encore « une personne qui a travaillé en France mais sur des petites missions d’intérim et qui n’a pas de compétences spécifiques ». Ces salariés sont pour l’instant les mêmes depuis la création de l’entreprise, car « ce sont des parcours de 2 ans », indique-t-elle.

Dans certains cas, la restauration sert de tremplin vers d’autres secteurs. « On les accompagne prioritairement sur les métiers de bouches, car c’est notre activité principale et un secteur en tensions, qui recrute […]. Mais on ne va pas fermer la porte à des bons profils ou des personnes qui sont éloignées de l’emploi car elles n’ont pas de projet en restauration », souligne la fondatrice, citant un salarié ayant « un projet en petite enfance », un autre en « reconversion en raison de problématiques de santé et de handicap », et un agent d’entretien « qu’on accompagne ».

Parmi les salariés, Mamoudou Dembele, chef de cuisine et encadrant technique. Titulaire d’un CAP cuisine en alternance, puis d’une mention complémentaire traiteur, et d’un diplôme de pâtisserie, il a ensuite effectué « des petits boulots » en intérim dans la restauration », avant, en 2014, un poste au château de Scouts de Jambville, où il a pour l’instant passé la majeure partie de sa carrière, montant en grade. « Au bout de 9 ans, j’avais besoin d’un changement, évoque-t-il. Je voulais passer chef, et il y a une opportunité qui s’est créée. Ma responsable d’agence d’intérim m’a parlé de Mathilde et d’Utopyk, qu’elle cherchait un chef de cuisine. Ça m’a intéressé car c’était à 30 minutes de chez moi, et au niveau des horaires ça me convenait […] J’ai postulé, j’ai bien accroché avec Mathilde et ça l’a fait rapidement. » Et il assure ne pas regretter, sans cacher son ambition d’ouvrir un jour « [s]on propre restaurant ».

En attendant, il s’épanouit au sein d’Utopyk 78, dont l’activité se partage entre la partie traiteur (auprès d’entreprises et de partenaires du territoire, principalement de SQY mais aussi à l’échelle départementale voire régionale) et la partie restauration collective, où elle fournit le self du CFM BTP. « On produit tout sur place, avec des produits frais, de saison, on est dans une démarche anti-gaspillage alimentaire, précise Mathilde Ballouard. On travaille avec un fournisseur – Atypique, spécialisé sur l’anti-gaspillage alimentaire – qui ne nous fournit que des produits de type fruits et légumes déclassés (hors normes, tordus, trop petits, trop gros, pour être sur le marché classique). » Et le self est aussi ouvert à des personnes de l’extérieur, avec une formule entrée, plat, fromage, dessert et café à 11 euros. « Chaque achat fait chez Utopyk nous aide à accompagner les salariés », glisse la fondatrice.

Ateliers culinaires et offres pour des team buildings parmi les projets à venir

L’entreprise a aussi d’autres projets dans les mois à venir. « On cherche à se développer, à avoir des nouveaux sites à fournir. On a aussi obtenu un financement dans le cadre du plan d’action territorial de SQY pour se former encore plus à l’anti-gaspillage alimentaire et pouvoir animer des ateliers culinaires, annonce Mathilde Ballouard. On va aussi développer une offre team building, sur l’animation d’événements autour d’un brunch ou d’un apéro, avec une partie soit box – car j’ai monté une asso où on fait de la box pour les personnes en précarité – soit via un partenariat avec des jeux en bois. »