Les acteurs de la formation, de l’emploi et de l’insertion réunis sur un seul et même lieu à SQY. C’est le projet de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) et de ses partenaires. Une inauguration et une signature de convention en ce sens se sont déroulées le 28 janvier au centre Afpa d’Élancourt.

L’Afpa, qui possède 126 centres implantés dans 13 régions en France, forme des demandeurs d’emploi, des salariés en reconversion, des salariés en perfectionnement, des militaires pour le retour à la vie civile, voire dispense des formations dans les prisons. C’est un acteur majeur de la formation. « Notre métier principal, c’est la formation, mais pas que, souligne Bruno Montel, directeur des 2 sites Afpa des Yvelines, à Élancourt et Magnanville. Nous faisons aussi de l’accompagnement, comme sur le bilan de compétences, on fait de la VAE (validation des acquis), mais on accompagne aussi les jeunes décrocheurs de 16-17 ans, déjà pour les remotiver, et travailler sur leur avenir professionnel, leurs souhaits. […] Et on accompagne les demandeurs d’emploi longue durée sur la remobilisation vers l’emploi.

« On ne peut plus travailler chacun dans notre coin »

« Aujourd’hui, on est presque à 50 % dans la formation et 50 % dans l’accompagnement de publics », résume Bruno Montel. Et les formations sont possibles « tout au long de l’année, et on est tout le temps ouverts », précise-t-il. Il ajoute que sur le site d’Élancourt, – où sont dispensées des formations de gestionnaire de paye, comptabilité, secrétaire assistanat, médico-social, voire technicien d’études en bâtiment -, « l’année dernière, on a formé et accompagné 500 personnes » et que « sur les 2 sites, on est à 80 % de retour à l’emploi au bout de 3 mois ».

Concernant le Village des solutions, il s’agit d’un « gros projet de créer un lieu unique d’insertion socio-professionnelle ». L’Afpa et ses partenaires le portent « depuis 4 ans », ayant déjà « rencontré plein de structures, d’institutions », affirme Bruno Montel.

Des partenaires qui sont pour l’instant au nombre de 9 : Action logement (association acteur de référence du logement social et intermédiaire en France), Face Yvelines (club d’entreprises visant à lutter contre l’exclusion), la Cité des métiers de SQY (basée à Trappes, elle accueille différents publics pour des informations, conseils et orientations et un accompagnement sur les métiers et la vie professionnelle), le CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles, qui a pour mission de proposer une information gratuite, anonyme et confidentielle, à destination des femmes et des familles), Wimoov (organisme proposant des solutions pour la mobilité à des publics empêchés dans leur mobilité à un moment de leurs parcours de vie), Insersite (association d’insertion par le numérique), Pro emploi (agence d’intérim), et les entreprises Green hand co (paysagiste) et Pro insert (nettoyage).

Bruno Montel ajoute que l’ « on a d’autres [partenaires] qui nous rejoignent ». Il cite l’École de la 2e chance (E2C de Trappes), qui forme et accompagne « les publics les plus éloignés de l’emploi vers une insertion sociale, citoyenne et professionnelle durable », comme elle l’indique sur son site internet.

« Aujourd’hui, on ne peut plus travailler chacun dans notre coin, martèle Bruno Montel. Pour réussir, il faut se regrouper. Pour la communauté, le public et aussi les entreprises, nous sommes là pour répondre aux besoins de la population et des entreprises sur notre territoire. »

D’où ce futur Village des solutions qui nécessitera une unité de lieu et donc un déménagement des locaux d’Élancourt, trop petits. Le site actuel d’Élancourt est occupé par l’Afpa depuis les années 1970. Des locaux d’environ 1 500 m², mitoyens avec le lycée des 7 Mares. « Donc on ne peut plus se développer, on ne peut pas accueillir les partenaires du village qui vont être sur le même site que nous. On est obligés de trouver un endroit où on peut tous se rassembler, explique le directeur. Et puis, on est dans une zone résidentielle ici, il faut que ce soit aussi une zone d’activités. »

L’Afpa et ses partenaires vont donc déménager, « mais je ne peux pas vous dire où, car c’est en pleines négociations », confie Bruno Montel à la presse. Il indique en tout cas que « ce sera sur SQY », avec un aboutissement espéré « mi 2026-fin 2026 ».

Le tout pour une meilleure complémentarité des actions, insiste le directeur : « On se regroupe avec des partenaires, et chacun va travailler sur ses compétences. Le but, c’est de proposer au public, pas uniquement les personnes qui viennent en formation à l’Afpa mais aussi les personnes qui vont dans les autres structures qui nous rejoignent, d’accompagner la personne sur des parcours sécurisés. On va de l‘accompagnement jusqu’au logement : accompagnement, formation, insertion, emploi, et […] on les accompagne aussi sur la santé, le logement, et la mobilité. Il faut libérer les personnes de tous les problèmes qu’elles pourraient avoir autour d’elles, et une fois qu’on les a libérées de ces problèmes, elles peuvent se concentrer sur l’accompagnement, leur projet professionnel et leur formation. C’est ça le but du village, et surtout, […] arrêter de travailler chacun dans son coin, travailler ensemble, mais chacun dans son domaine. »

L’unité de lieu pour une meilleure synergie, un projet indispensable alors qu’actuellement, le fait que les structures soient dispersées peut être un frein chez certaines personnes. « Par exemple, une personne qui vient se présenter à la Cité des métiers et veut suivre une formation. La Cité des métiers, à Trappes, va lui dire ‘‘On a notre partenaire, l’Afpa, à Élancourt’’. Vous allez me dire ‘‘C’est pas loin’’, il y a 8 km, même pas. On arrive à perdre des gens entre la Cité des métiers et le centre Afpa d’Élancourt, déplore Bruno Montel. Là, ils auront tout sur place, et ils repartent vraiment avec un projet défini. On ne veut pas laisser les gens sur le bord de la route. »

Aurélien Gaucherand, directeur national Villages des solutions et innovations territoriales, aimerait la possibilité d’avoir un lieu d’implantation provisoire en attendant la future implantation définitive du Village des solutions. Il salue en tout cas le projet de l’Afpa d’Élancourt.

« Un lieu unique d’insertion socio-professionnelle »

« Vous êtes déjà un collectif de partenaires qui avez travaillé comme ça, vous vous êtes dit qu’il y a besoin de faire quelque chose ensemble, que pour des raisons diverses et variées, ces locaux ne conviennent plus à nos usages, qu’on ne sait pas encore où on va aller, mais qu’on va travailler pour décider ce qu’on va faire ensemble », loue-t-il, lui qui, avant de travailler sur les Villages des solutions, réseau national de structures labellisées, avait notamment œuvré à la création du tiers-lieu Darwin, à Bordeaux. Il y avait fait le constat que « les mondes de l’inclusion sociale et de l’insertion professionnelle ne se connaissent pas toujours très bien. […] Et ça, c’est un vrai levier, que l’on fasse un écosystème. Dans la notion d’ecosystème, vous avez plusieurs espèces qui cohabitent ensemble, qui s’auto-organisent pour arriver à faire en sorte de mieux se développer. C’est ce qu’on fait avec le Village des solutions. »

Du côté des partenaires de l’Afpa, on semble prêts voire impatients de rejoindre le projet. « Faire communauté avec l’Afpa, c’est forcément intéressant pour la collectivité, affirme Jacques-Lucien Petit, président de Face Yvelines. Mon objectif, c’est que […] les gens aient un projet professionnel. » « Nous mettons tous nos espoirs dans cette nouvelle dynamique d’un village, qui doit nous rendre encore plus efficaces, plus efficients, plus performants, abonde Jean-Pierre Lefèvre, président de la Cité des métiers de SQY et conseiller municipal de la majorité à Élancourt. Nous ne pouvons réussir que tous ensemble. […] Je salue cette belle initiative à laquelle nous collaborons depuis le début à travers le projet d’étude de faisabilité. […] Ce village, c’est vraiment une chance pour notre territoire. »

Un village qui, s’il ne pourra tout de suite voir le jour sur son futur lieu d’implantation, déjà fait l’objet d’une inauguration à l’Afpa, en présence de certains représentants de l’État. Parmi eux, le député de la 11e circonscription des Yvelines, Laurent Mazaury (UDI). « On a parfois un peu l’impression que l’offre faite aux demandeurs d’emploi et aux demandeurs en général en France est une nébuleuse de savoirs qui ont besoin de se regrouper, a-t-il déclaré. Ce que je vois ici, c’est une nébuleuse qui devient une galaxie, c’est-à-dire des étoiles qui se mettent en ordre de marche au service de la population. » Il se réjouit aussi de « l’efficacité de centraliser en un seul lieu » car « en général, on dépense moins d’argent quand on est groupés, et on dépense mieux et avec beaucoup plus d’efficacité ».

Lui emboîtant le pas, Marc Tschiggfrey, préfet délégué pour l’égalité des chances, s’est lui aussi montré enthousiaste : « Le fait de dire qu’on se voit tous ensemble, on discute tous ensemble et on fait des choses ensemble, c’est vraiment la chose qui permet de simplifier l’ensemble des relations. Au lieu de faire 5 réunions, on en fait une seule, ça va plus vite et c’est beaucoup plus efficace. Il ne faut pas oublier que derrière, vous avez des personnes qui ne demandent qu’une chose, c’est qu’on résolve leurs [problèmes]. Que vous fassiez des réunions, tout ça ne les intéresse pas. […] J’ai un problème de santé, de logement, d’emploi, comment vous pouvez faire ? Est-ce que vous avez une formation adaptée ? C’est ça le sujet qui les intéresse. »