C’est un bel âge qui n’a pas manqué d’être fêté. Vivre debout, association basée à Maurepas œuvrant pour l’autonomie et l’inclusion de personnes handicapées et pour changer le regard de la société sur le handicap, organisait le 25 janvier dernier au Scarabée, à La Verrière, un événement pour célébrer ses 50 ans d’existence. L’occasion aussi de retracer les engagements de cette association.
Ghislaine Lenouvel, sa présidente, jointe par La Gazette, commence par rappeler que Vivre de bout a été créée en 1974 « par des personnes lourdement handicapées, qui ne voulaient pas entrer en institution ». « Devenus jeunes adultes, […] ils ont fondé Vivre debout, un peu comme ce qu’on appelle aujourd’hui une colocation », abonde Anne Elbakh, vice-présidente de l’association. « C’était vraiment auto-géré, c’étaient des appartements situés dans un immeuble lambda. C’est le foyer qui envoyait des AMP [Aide medico-psychologique] », complète Ghislaine Lenouvel.
Aujourd’hui, le fonctionnement a quelque peu changé « avec les normes qu’il y a pour être foyer d’hébergement », indique Anne Elbakh. « Il ne faut pas confondre Vivre debout Maurepas avec Vivre debout dans la France entière, qui sont des foyers, souligne-t-elle. Vivre debout Maurepas, c’est une association qui ne gère plus de foyer. »
L’association, qui compte aujourd’hui 35 adhérents (en situation de handicap mais pas seulement) se divise désormais en 3 pôles. Le 1er est le pôle solidarité/santé. Il « permet de prendre parfois certains restes à charge », comme sur « les fauteuils roulants, qui coûtent une fortune », car « beaucoup de grands handicapées sont privés d’emploi », précise la vice-présidente.
Le 2e pôle est lié au théâtre, notamment de l’impro et du théâtre forum. Ce dernier se traduit par des « saynètes de 2 à 5 min », où « on invite le public à se poser la question du regard sur la personne handicapée » et « dans un 2e temps, on remplace la personne handicapée par une personne du public, [qui]vit concrètement la situation et supporte le regard de la société et de l’action des personnes non handicapées », explique Anne Elbakh. Elle en profite pour mettre en avant les « vertus psychologiques, de sociabilisation » du théâtre. « Aujourd’hui, la politique du gouvernement, c’est, autant que possible, d’aider les personnes à rester chez elles. […] Par contre, on est dans un isolement de plus en plus grand des personnes handicapées. Donc le théâtre aide à lutter contre l’isolement, il y a aussi des vertus psychologiques de parole, d’échanges, des vertus médicales, comme la mémorisation », précise-t-elle.
3e volet de l’association : les sorties. « C’est un pôle qu’on va développer grandement en 2025 car on a eu la chance d’être aidés par le Lions club de Maurepas qui nous a aidés à acquérir un véhicule pour 4 fauteuils roulants, annonce Anne Elbakh. Jusqu’ici, on n’avait qu’un véhicule. »
Autant d’actions valaient bien une après-midi anniversaire, à la fin du mois dernier donc. La pièce La Rampe des délices, de Patrick et Emma Pujar (metteurs en scène verriérois) a été jouée et regroupait des comédiens valides et d’autres en situation de handicap. « L’histoire de 2 bipèdes arrivant dans un restaurant pour personnes handicapées, et ils n’ont pas de place pour s’asseoir car tout le monde arrive avec son fauteuil, rapporte Anne Elbakh. Donc c’est un peu une inversion des choses et une vision différente du handicap. » Ce spectacle, qui « a fait à peu près salle comble » selon la vice-présidente, a été suivi par une exposition retraçant les 50 ans de Vivre debout, puis par une conférence sur le ressenti des personnes handicapées au sujet du regard que la société porte sur eux.
« Comme on avait une compagnie [théâtrale] qui était avec nous, on leur a proposé de préparer un truc qui pourrait marquer le coup », confie Ghislaine Lenouvel, qui a pris la présidence de Vivre debout en octobre 2023 après une histoire longue mais discontinue auprès de l’association. Handicapée de naissance, elle a connu Vivre debout par une assistante sociale, en 1981, alors qu’elle effectuait sa scolarité en structure à côté de l’hôpital de Garches. « J’y suis restée 1 an, le temps de me rendre compte que je pouvais avoir mon appartement », raconte-t-elle. Ce n’est qu’en 2018 que sa route croise de nouveau celle de l’association.
Une association qui a de nombreux projets en 2025. Elle rejouera par exemple le spectacle La Rampe des délices le 5 juillet au théâtre Camus, à Maurepas. D’ici là, si des bénévoles ou des bénéficiaires veulent rejoindre l’association, ils peuvent contacter l’adresse Vivre.debout.yvelines@gmail.com ou le 06 10 47 70 64 (laisser un message).
CREDIT PHOTO : Kyliann Mazurier