Adieu les trottinettes couleur vert menthe à l’eau, place bientôt au rouge orangé pour ces petits engins qui en 3 ans et demi, se sont fortement popularisés à SQY. À partir du 30 janvier, Voi deviendra le nouvel opérateur pour les trottinettes électriques en libre service dans l’agglomération saint-quentinoise. Cette entreprise suédoise, déjà présente dans 12 pays en Europe dont la France (Marseille depuis 2019, implantation au Havre à partir de ce mois de janvier) succède ainsi à Tier mobility (qui a récemment fusionné avec l’opérateur Dott), dont la convention avec SQY a pris fin au 31 décembre 2024.
« Donc il fallait qu’on anticipe le renouvellement du marché, car le service fonctionne très bien sur SQY et a réellement fait ses preuves depuis qu’on l’a lancé courant 2021 », confie Jean-Baptiste Hamonic (MoDem), vice-président de SQY en charge des transports et des mobilités durables. Celui qui est aussi maire de Villepreux avance notamment 2 chiffres concernant les trottinettes: 2,5 millions de trajets et 45 000 usagers à SQY depuis 2021.Soit « environ 1 Saint-Quentinois sur 5 ».
L’élu fait état de 3 répondants à l’offre et affirme que Voi s’est démarqué sur plusieurs points. D’abord, la tarification. « Tier souhaitait une évolution tarifaire, déplore Jean-Baptiste Hamonic. Voi propose des tarifs individuels, pour un usage unique […], inchangés (un euro de frais de déblocage puis 22 centimes la minute, Ndlr), et surtout, s’engage à proposer des abonnements moins chers, qui seront communiqués un peu plus tard (selon Toutes les nouvelles, passe déverrouillage illimité à 2,99 euros mensuels, contre 4,99 euros mensuels actuellement, Ndlr). »

2e atout de Voi : la sécurité, avec un système « intelligent », qui ne serait proposé par aucun autre opérateur jusque-là, de détection du nombre d’usagers par trottinette. Jean-Baptiste Hamonic indique que le système « permettra de bloquer totalement le véhicule en cas de détection d’un 2e passager, ce qui n’existait pas auparavant ». L’élu fait aussi état d’une vérification de l’âge (les usagers devront avoir plus de 16 ans) grâce à un contrôle d’identité via l’application. Toujours sur le volet sécuritaire, la vitesse restera bridée à 25 km/h. Sécurité du matériel aussi puisque le nouvel opérateur proposera un matériel « neuf, plus moderne et plus robuste », assure-t-il. À noter toutefois que le casque (facultatif) proposé sur les trottinettes Tier disparaît avec Voi, mais, il « était utilisé à 3 % » et « limitait la batterie », explique le vice-président de SQY.
Évoquant également l’autonomie des batteries proposées par Voi – « qui pourront durer un peu plus longtemps » et « qui consommeront moins » -, l’élu aux mobilités souligne aussi la forte présence de Voi dans plus de 100 villes en Europe « et au-delà de ça, la diversité des territoires, puisque sur SQY, la success story des trottinettes, c’est d’avoir pu trouver un rythme de croisière sur un territoire périurbain en dehors d’une grande métropole, avec 12 communes très différentes avec un pôle urbain et des communes beaucoup plus rurales, comme Villepreux ou Magny-les-Hameaux ». Or Voi, ancré dans des capitales comme Londres, Berlin et bien d’autres, l’est aussi dans « des villes de taille plus modeste », apprécie Jean-Baptiste Hamonic.
Autant d’éléments qui ont séduit SQY, qui va donc faire de Voi son nouvel opérateur pour ces solutions de micromobilité pour une durée de 3 ans renouvelables. L’entreprise déploiera sur le territoire saint-quentinois 750 trottinettes en basse saison, mais pourra monter à 1 500 en haute saison, à savoir entre le printemps et la fin de l’été. 1 500, soit un peu plus que la flotte de Tier, d’après l’élu.
Et outre les trottinettes, Voi proposera aussi 150 Vélos à assistance électrique (VAE), et pourra même atteindre les 500 VAE en haute saison. « On souhaitait capitaliser sur le succès un peu made in SQY de ce service de trottinettes, et se dire qu’on a à aller chercher un public qui pourrait plutôt se retrouver sur le vélo plutôt que la trottinette, affirme Jean-Baptiste Hamonic. Dans les différentes études utilisateurs qu’on avait faites, on a vu qu’on avait encore un public qui ne se sentait pas totalement en sécurité sur une trottinette, et pour qui le vélo serait plus sécurisant. »
Il ajoute toutefois que SQY « ne le ferait pas si on n’avait pas non plus avancé sur notre Schéma directeur cyclable. […] C’est aussi un terreau fertile pour pouvoir égrainer une flotte de vélos en libre service. […] Je suis assez persuadé que ça peut fonctionner, notamment sur des communes où les distances vont être un peu plus longues, car là où les trottinettes permettent ce fameux trajet des 1ers et derniers km, le vélo peut avoir une vocation à effectuer des trajets un peu plus lointains et plus longs. »
Prix inchangés pour les usages uniques, en baisse pour les abonnements
Ces VAE, des élus les réclamaient ardemment, comme le maire Génération.s de Magny-les-Hameaux, Bertrand Houillon, estimant que ceux-ci sont plus adaptés que les trottinettes au territoire de sa commune. Dans son discours de vœux du 6 janvier (lire p.6), il a refait part de son « espoir d’un déploiement complémentaire de vélos en libre-service, suite à nos demandes répétées à l’Agglomération ».
Les stations, resteront elles les mêmes. Il faudra prendre et déposer la trottinette ou le vélo au sein des 320 stations déjà existantes. Jean-Baptiste Hamonic n’exclut pas la possibilité « d’en agrandir ». « Après, l’opérateur proposera peut-être de lui-même la création de nouvelles stations. En tout cas, [les maires] sont décisionnaires in fine sur les localisations d’implantations de stations », ajoute-t-il. Concernant le stationnement des vélos électriques, « c’est ce qui sera déterminé dans les prochaines semaines avec les communes, fait savoir l’élu. Il y aura la possibilité d’avoir des vélos et des trottinettes sur certaines stations, et d’autres endroits où on n’aura que de la trottinette ou que du vélo. »
Tous les opérateurs proposaient le vélo, dont Tier, candidat à sa succession. Le futur ex-opérateur à SQY avait d’ailleurs déjà expérimenté des VAE pendant les JO, sur les 4 sites olympiques du territoire, avec 650 vélos alors proposés à la location (lire notre édition du 23 juillet 2024). Un service finalement assez peu utilisé par des spectateurs surtout orientés depuis la gare pour emprunter les navettes gratuites, reconnaît Jean-Baptiste Hamonic.
« Pour autant, sur des déplacements du quotidien, avec un public saint-quentinois, ça pourrait totalement fonctionner », estime l’élu, se montrant optimiste sur la réussite du service proposé par Voi, alors que concernant Tier, pour les vélos comme les trottinettes, les discussions n’ont guère été concluantes. « En plus de vouloir augmenter la tarification, Tier souhaitait aussi se retirer d’un certain nombre de stations, et s’interrogeait même sur la pertinence de rester dans certaines communes, pointe l’édile. Ça, pour nous, c’était casus belli. »

Et de poursuivre : « Je pense que Tier reste un opérateur fiable et solide, mais fragilisé par un territoire qui demande beaucoup de suivi et d’investissement – et avec beaucoup d’exigences de la part des élus, sur la sécurité, les services et tout un tas de sujets, – et surtout, Tier a été bouleversé à la fois dans son équilibre économique par l’impact des émeutes [de 2023], mais aussi par la fusion [avec Dott]. » Il déplore notamment que le matériel « commence à avoir bien vieilli », « et Tier n’était plus vraiment dans l’optique […] de renouveler la flotte, uniquement à la marge pour les trottinettes les plus détériorées ». Il fait aussi état d’une « logique économique […] qui l’a amené à fermer l’entrepôt de Trappes », lui faisant perdre sa proximité (l’entrepôt le plus proche est Orgeval, Ndlr), donc « en termes de recharge de batteries, de maintenance, de capacité d’intervention rapide sur le territoire, […] c’était moins réactif. »
Par ailleurs, Voi ouvrira un atelier de maintenance et de reconditionnement « alimenté par des énergies propres ; qui sera totalement pensé et organisé autour de l’allongement de la durée de vie des véhicules. Les réparations et l’entretien des véhicules y seront réalisés », précise un communiqué transmis par l’entreprise. Le futur opérateur se félicite de ce nouveau territoire d’implantation. « Avec SQY, nous consolidons notre présence nationale et réaffirmons nos ambitions de déploiement à grande échelle sur l’ensemble du territoire [français] », s’est réjoui, dans un communiqué du 7 janvier, Thibaut Chevalier, directeur général de Voi technology France.
Pour l’Agglomération, – qui investit uniquement dans « le logotage des engins et toute la communication autour du dispositif », soit moins de 100 000 euros, et perçoit en plus une relevance d’occupation du domaine public par l’opérateur, selon Jean-Baptiste Hamonic -, reste maintenant à assurer la transition entre Tier et Voi. « Il va y avoir peut-être une petite période de transition de quelques jours où on aura un peu de Voi et un peu de Tier, glisse l’élu. Mais les trottinettes Tier vont vite être retirées pour laisser place au nouvel opérateur. » En attendant, il est déjà possible de télécharger l’application Voi.
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