Un « accord » suscitant le mécontentement de syndicats. Des rassemblements, à l’appel de Sud, la CGT et SM-TE, se tenaient sur plusieurs sites de Renault pour protester contre le nouveau contrat social du constructeur. Notamment le 26 novembre, ayant rassemblé 250 personnes au Technocentre, à Guyancourt, selon Christian Morel, délégué Sud Renault. Contacté par La Gazette en début de semaine dernière, il revient sur les raisons de la colère contre ce contrat triennal, valable pour la période 2025-2027.
« Il y a plusieurs sujets, explique-t-il à propos de ce nouveau contrat social, qui toucherait au télétravail, aux congés d’ancienneté et RTT des cadres, aux jours de préparation à la retraite, à l’emploi, ou encore à la rémunération. La goutte d’eau qui a fait un peu déborder le vase, c’est les annonces sur le télétravail et les congés. » Concernant le télétravail, les syndicats réclament un maintien de l’ensemble des dispositifs actuels. Les salariés bénéficiaient jusqu’ici de 2 à 3 jours de télétravail par semaine. Dénonçant un « retour arrière » de la direction sur le télétravail, Christian Morel demande aussi un statu quo sur le « pocket » de 35 jours de télétravail annuels que Renault souhaitait passer à 20 jours.
« En 2021, il y a eu un nouvel accord à la demande de la direction. Elle nous vantait le télétravail […]. Il fallait que tout le monde fasse du télétravail au maximum pour faire des économies […]. On a un poste de travail pour 2 maintenant. Et là, la direction revient dessus en disant que le télétravail ça ne va pas, ça coûte cher, peste-t-il. Sur notre site, plus de 90% des gens sont en télétravail. […] Il y a des collègues qui, depuis 2021, ont organisé leur vie par rapport à ça. » Ce revirement serait d’autant plus incompréhensible que le Technocentre serait « à ras bord », et « il n’y a plus de place sur les postes de travail », des cantines « blindées » et des parkings « saturés », selon lui.
Plutôt que de permettre des économies à Renault, le délégué Sud se demande « si ce n’est pas plutôt pour dégoûter les gens pour qu’ils partent, d’autant que les cadres sont particulièrement visés ». « En plus du télétravail, la direction dit que les cadres ne travaillent pas assez », poursuit-il, pointant une suppression de jours de RTT pour les cadres. Autre sujet de préoccupation : les congés de fin de carrière. 3 ans avant l’âge de la retraite, les salariés peuvent prendre un jour supplémentaire de congé par mois. « Ça, ils veulent les supprimer aussi », dénonce Christian Morel.
Ce qui inquiète aussi le délégué Sud, c’est une mesure qu’il qualifie de « chèque en blanc sur l’emploi ». « Il y a la possibilité [pour la direction] de déclencher des plans de départ ciblés, sur un secteur, une filiale du groupe, un site, voire une direction, un service, ça peut être très local, et déclencher des plans de départ à l’aide de ruptures conventionnelles collectives », s’alarme-t-il.
Joint en fin de semaine dernière, le groupe Renault précise, sur ce dernier point, que ce qui a été proposé, c’est « un Observatoire des métiers et des outils avec des éléments pré-construits, mais pour les activer, il va falloir un accord pour pouvoir créer des plans.[…] Mais c’est valable pour le recrutement comme pour les plans de départ, et on parle toujours de départs volontaires, pas de licenciements secs. »
Plus généralement, la communication de la marque au losange rappelle qu’il y a 4 volets dans ce nouveau contrat social, notamment « un dispositif pour les salariés pour qu’ils soient payés à 100% même s’il n’y a pas d’activité ou s’il y a une crise ». Un autre volet du contrat concerne la performance et l’agilité. C’est dans ce cadre qu’entre le télétravail. « Il y a 2 sujets sur lesquels l’entreprise demande des efforts de la part des collaborateurs. Nous, on n’annonce pas de licenciements ou de fermetures d’usines », affirme le groupe Renault, indiquant néanmoins concernant le télétravail qu’il s’établira à « 2 jours par semaine, et […] les syndicats demandaient qu’on augmente l’enveloppe [supplémentaire] qui était au début de 20 jours, elle passe à 35 jours [par an] ».
Enfin, le constructeur nous fait savoir qu’après 8 réunions de négociations, débutées le 26 septembre (la dernière ayant eu lieu le 28 novembre), « l’accord est soumis à la signature pour la fin de l’année ». Mais du côté des syndicats, le son de cloche est différent. Contacté en fin de semaine dernière suite à ces négociations, Christian Morel reconnaît que « la mobilisation des salariés a en effet fait reculer un peu la direction » mais estime que « des désaccords demeurent ». Il annonce ainsi « une nouvelle action » ce mardi 3 décembre.
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