Les usagers de la gare de SQY/Montigny-le-Bretonneux auront sans doute remarqué les grandes barrières de chantier installées place Charles de Gaulle. Et pour cause. Depuis un mois et demi, a débuté la démolition de l’Anneau rouge, le bâtiment ceinturant cette place. Une réalisation architecturale emblématique de SQY, mais vieillissante.

« C’est une étape très importante de notre projet Centrality (du nom du projet devant voir le jour à la place de l’Anneau rouge, Ndlr), qui intervient presque 6 ans après notre 1re rencontre [avec l’Agglomération], a évoqué Yann Le Gall, directeur général de Codic France (le promoteur chargé de mener à bien le projet), dans son discours le 8 novembre dernier, à l’occasion d’une cérémonie officielle de présentation de la démolition de cet Anneau rouge. À cette époque, je me souviens qu’on était en train de concevoir cet immeuble Native (l’immeuble occupé par Orange et inauguré en 2022 à la sortie de la gare, en lieu et place de l’ex-bâtiment de la Poste, Ndlr), et on avait une conviction forte, commune, qu’il fallait étendre cette réflexion, tant cet immeuble de l’Anneau rouge était obsolète, et surtout car il venait gréver complètement la visibilité de la gare. »

« Le plus beau projet que nous ayons eu à réaliser à SQY, mais aussi le plus compliqué »

Ainsi, le renouveau de l’Hypercentre entre dans un moment charnière avec cette démolition. Porte d’entrée de SQY, ce quartier a déjà connu ses 1res transformations depuis quelques années. En 2019, l’entreprise Expleo, spécialisée dans le service en ingénierie et en recherche et développement, s’installait au sein de l’ex-immeuble L’International, plus ancien immeuble de bureaux de SQY (datant de 1976). C’était donc ensuite l’immeuble Native (lire notre édition du 12 juillet 2022) qui était construit. Puis, la gare de Montigny elle-même a connu des évolutions. L’année dernière, étaient inaugurés ses nouveaux aménagements, notamment deux travelators facilitant l’accès aux quais et ayant entre autres permis d’accueillir 350 000 visiteurs du monde entier sur le territoire lors des JO.
Place donc désormais aux abords extérieurs directs de la gare et à une opération à la place de l’Anneau rouge, dont la démolition en cours était pourtant loin d’être évidente. Un certain nombre d’embûches se sont dressées devant les parties prenantes. « On s’est rendu compte d’une complexité totalement folle, on s’est dit ‘‘La probabilité qu’on y arrive est très faible’’. Mais on s’est quand même dit ‘‘Ça fait 20 ans qu’on travaille à SQY avec des pouvoirs publics avec qui on s’accorde bien’’. Et parce qu’on se connaissait bien et on savait travailler ensemble, on a dit ‘‘On tente le coup’’ », a confié Yann Le Gall face aux médias.

Le directeur général de Codic France évoque notamment des difficultés liées aux différents volumes sur le secteur de cet Anneau rouge. Il fait ainsi état de volumes appartenant à des privés, de volumes dépendant de SQY (gare, gare routière), et de volumes en copropriété, sur un secteur où l’on comptait « 17 copropriétaires différents ». « Vous avez […] des volumes copropriété, des parties communes spéciales, des parties communes à la fois entre l’ASL (Association syndicale libre, Ndlr) et la copro, un restaurant d’entreprises », précise-t-il.

Ces obstacles ont contribué à faire de Centrality, « le plus beau projet que nous ayons eu à réaliser à SQY, mais aussi le plus compliqué, le plus exigeant », résume sans détour Yann Le Gall.  Il l’avoue, Codic ne l’aurait pas réalisé « si on n’avait pas été à SQY et si on n’avait pas connu les équipes de SQY et la ville de Montigny, le pragmatisme des équipes, car c’est vraiment la force publique et la force privée qui ont mis leurs forces en commun pour réussir à faire cette opération ».

Un projet complexe mais qui était devenu nécessaire, selon Lorrain Merckaert, maire DVD de Montigny-le-Bretonneux et 1er vice-président de SQY, en charge de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. « On est sur un territoire qui a plus de 40 ans dans sa conception, rappelle-t-il. Ce qui fait la force de SQY, c’est d’un côté ses aménagements, ses services, son cadre de vie, mais aussi la présence des entreprises (17 000 entreprises à SQY, dont 40 000 emplois rien que sur l’Hypercentre, Ndlr). Aujourd’hui, on a des entreprises qui cherchent à attirer de nouveaux talents, et pour pouvoir les attirer, il faut aussi être en capacité de proposer sur le territoire des lieux qui soient attractifs et répondent aux attentes qu’ils peuvent avoir. Et ça tombe bien, c’est sans doute les mêmes attentes que les habitants : avoir des espaces verts, des espaces de convivialité, des lieux pour sortir … »

À la place de l’Anneau rouge, sera réalisé un programme avec notamment « du bureau, sans doute aussi d’autres formes d’hébergement, […] des bars, des restaurants en pied d’immeuble », liste le maire de Montigny.
« L’autre enjeu, c’était de gommer les conceptions d’urbanisme de l’époque, qui était de construire des choses fermées sur elles-mêmes, poursuit l’élu. Quand vous passez, que vous êtes sur l’avenue du Centre, vous ne voyez pas qu’il y a une gare. Quand vous sortez de la gare, vous ne voyez pas la ville. Donc l’idée, c’était de transformer complètement ça, et de créer un véritable lien entre la gare et la ville, que les gens puissent percevoir, quand ils sont ici, ce qu’est la ville : à la fois des bureaux, des habitations, des espaces verts immédiatement accessibles, des modes de transport doux ».

Ainsi, l’objectif est d’avoir « une gare tournée vers la ville, qui ne sera plus cachée, un espace naturel en face avec le parc situé de l’autre côté de la rue », souligne-t-il. Un parc de 60 ha de nature en plein cœur de ville. « Combien de territoires proposent ça ? C’est exceptionnel », souligne Lorrain Merckaert, ajoutant plus généralement concernant le futur visage de l’Hypercentre que « les gens, lorsqu’ils sortiront de la gare, auront un quartier apaisé, piétonnier, avec des circulations douces, beaucoup d’espaces de convivialité. Donc c’est une véritable révolution par rapport à l’aménagement initial. »

Car c’est tout ce quartier qui entre en mutation. Outre Centrality, sur la rue Stephenson, bordant la place Charles de Gaulle, l’ex-bâtiment de l’Insee a été racheté par le promoteur Akera, qui va y réaliser une opération de bureaux de tertiaire, tandis qu’un projet de coliving avec 245 logements sera aussi réalisé au sein de l’édifice, avec un restaurant en pied d’immeuble. La livraison est prévue au 2e trimestre 2025. Et ce n’est pas tout, puisque le théâtre est actuellement en travaux de rénovation et d’agrandissement (fin prévue pour le début de la saison culturelle 2025-2026), qu’un restaurant ouvrira en son sein et que ses abords seront repensés à partir de fin 2025, avec davantage d’espaces piétonniers et consacrés aux circulations douces sur l’avenue du Centre.

« Nous avons aussi l’immeuble Les Reflets, qui fait le fond de la place [Pompidou], sur lequel il y a une réhabilitation thermique et une amélioration de l’aspect. Enfin, toute la partie bassin et canal traversant le centre commercial, et ça, ce sont des travaux qui arriveront [plus tard] », liste également Lorrain Merckaert.

Entre temps, donc, l’Anneau rouge sera tombé, puisque sa démolition doit être achevée en janvier prochain. En lieu et place, le projet Centrality donc, avec trois bâtiments : celui dans le prolongement de Native fera 14 000 m², un autre d’une surface de 9 000 m², tandis que le le bâtiment de la gare subira une lourde restructuration, pour donner lieu à un immeuble de 2 000 m². Les deux bâtiments principaux seront sur 9 niveaux (8 étages), et un sur 3 niveaux. Il restera tout de même quelques vestiges de l’Anneau rouge. « Il y a une partie qui va rester, indique Yann Le Gall. Les raisons pour lesquelles on le garde, c’est qu’il y avait une complexité folle à le démolir au-dessus de la gare, mais c’est aussi un clin d’œil de l’histoire, et c’est plutôt sympa de le conserver. »

« Nous aurons du bureau, sans doute aussi d’autres formes d’hébergement qui seront proposées (par exemple des logements étudiants, Ndlr) et qui permettront là aussi d’avoir des espaces de convivialité, des bars, des restaurants en pied d’immeuble », fait quant à lui savoir Lorrain Merckaert.

Un calendrier soumis à la possibilité de trouver des occupants

Une fois l’Anneau rouge détruit, le calendrier d’édification de l’opération Centrality sera soumis à l’éventualité de trouver des occupants pour les futurs immeubles. « On a des discussions avec un certain nombre d’utilisateurs, mais rien n’est abouti. Il faut attendre d’avoir les discussions avec un 1er utilisateur pour lancer un 1er bâtiment », affirme Yann Le Gall, jugeant « pas concevable » de débuter les constructions à blanc.

Lorrain Merckaert, lui, assure n’être pas inquiet pour trouver des occupants: « Si un immeuble de qualité devant une gare ne peut pas trouver preneur, personne ne pourra trouver preneur. Ça prendra sans doute plus de temps que ce qu’on avait imaginé, car on est dans un contexte difficile, mais SQY, et les acteurs économiques nous le confirment, reste un territoire extrêmement attractif. »

Dans le meilleur des cas, si un occupant est trouvé en 2025, il faudrait ensuite compter deux ans de travaux. Et donc prévoir une livraison pas avant 2027-2028 au mieux. Mais «  la probabilité que ça démarre au 1er semestre de l’année prochaine est relativement faible », concède Yann Le Gall, qui adresse un message aux agents immobiliers : « À vous de jouer. […] Nous trouverons des solutions en respectant les équilibres économiques de chacun ». Et de conclure : « Non, l’immobilier d’entreprise n’est pas mort, il fait simplement sa mue. »