Le 31 juillet 2019, elle était victime d’un incendie criminel qui avait profondément marqué les habitants. Cinq ans plus tard, une nouvelle halle de marché est en cours de reconstruction à Maurepas. Les travaux ont débuté en avril dernier et la pose de la première poutre se tenait le 28 septembre. Un événement « symbolique mais assez fort » car cette halle « était attendue depuis de nombreuses années », a reconnu le maire DVD de Maurepas, Grégory Garestier, lors de son discours ce jour-là.

Depuis que l’ancienne halle a été calcinée par les flammes, « nous avons travaillé tout d’abord à la sauvegarde de notre marché en nous battant aux cotés des commerçants pour qu’ils continuent à fonctionner, d’abord à ciel ouvert avec des moyens de fortune, puis abrités sous cette halle temporaire dont nous avons fait l’acquisition », rappelle-t-il. Une halle provisoire de 800 m² , fermée, en forme de chapiteau et avec bardage en bois, accessible depuis novembre 2019. Elle a été installée juste à côté de l’ex-halle, place Riboud, dans le centre-ville de Maurepas. La future halle verra elle le jour à l’emplacement de l’ancienne halle historique, démolie début 2021, soit un an et demi après l’incendie. « Le soir-même du drame, j’avais pris l’engagement de reconstruire notre halle du marché, partie intégrante de l’identité de notre ville », affirme Grégory Garestier.

Un engagement mis à l’épreuve par les retards subis par le projet, et s’expliquant par plusieurs facteurs, notamment les différents contextes de crises sanitaire et internationales. Ainsi, les ateliers de concertation menés avec habitants et commerçants pour penser la future halle se sont tenus « pendant la pandémie de Covid, en nous faufilant entre deux confinements », évoque le maire. « Une fois cette étape de concertation et de conception franchie, il nous a fallu lancer des appels d’offres et sélectionner des entreprises en charge de la conception du bâtiment, poursuit-il. Et comme rien n’est jamais simple dans ces grands projets, nous sommes tombés en pleine période de répercussions de la guerre en Ukraine, entraînant une explosion des coûts des matières premières et notamment le bois. À ce moment-là, le projet n’était plus économiquement soutenable. »

« La facilité aurait été de renoncer ou de céder à des modes de construction plus simples dans leur forme ou leurs matériaux. Mais nous n’étions pas prêts à accepter un cube de béton froid au cœur du centre-ville. Nous voulions quelque chose de plus ambitieux, fidèle à l’identité de notre ville et dégageant une forte image de modernité », souligne l’élu. Ainsi, il a fallu mener « deux grands chantiers en parallèle », selon les mots de Grégory Garestier : « Le 1er consistait pour nos techniciens et notre architecte à rechercher toutes les pistes d’économies possibles. Le 2d consistait pour moi à reprendre mon bâton de pèlerin pour aller convaincre nos partenaires de nous aider. Je ne pouvais donner le feu vert de la construction tant que cette équation n’était pas résolue. »

La future halle prendra place à l’emplacement de l’ancienne. Son architecture sera « élancée pour que ce bâtiment soit un réel point de repère et de valorisation de notre centre-ville », avance le maire.

Et elle l’a visiblement été, avance le maire : « Nous avons réussi à dégager des pistes d’économies et de financement. Nous avons donc pu relancer certains appels d’offres et négocier avec les entreprises, et aujourd’hui, tous les lots ont trouvé preneur. »

Grégory Garestier explique aussi le retard pris dans l’aboutissement du projet par le temps de la concertation avec les habitants mais aussi les commerçants. « C’est ce travail qui nous a amenés à faire le choix d’une halle fermée, dédiée uniquement au marché et équipée d’étals permanents, à l’image de ce qui se fait de mieux aujourd’hui, précise-t-il. C’est la garantie de locaux sécurisés, permettant à chaque commerçant d’investir dans des installations de qualité répondant à l’ensemble des normes d’hygiène qui leur sont imposées. Ils gagneront en qualité de travail et de vie en n’ayant plus à installer et désinstaller à 3 ou 4 h du matin, à chaque session de marché, l’intégralité de leur matériel. »

Une halle de dernière génération et écoresponsable

Des commerçants qui pourront bénéficier d’une halle nouvelle génération présentant une architecture « élancée pour que ce bâtiment soit un réel point de repère et de valorisation de notre centre-ville », expose l’édile. Un bâtiment d’une surface de 1 600 m², soit beaucoup moins que les 2 500 m² de l’ex-halle incendiée. « L’ex-halle était surdimensionnée par rapport au nombre de commerçants qu’on avait », justifie Grégory Garestier, assurant que la trentaine de commerçants du marché pourront être accueillis à l’intérieur de la halle, alors qu’actuellement « certains sont dehors » de la halle provisoire. « Et on aura l’ambition, comme la halle sera plus grande que la halle provisoire, d’accueillir de nouveaux commerçants », confie-t-il également. « On a voulu aussi corriger les écueils de l’ancienne halle, qui n’était pas suffisamment lumineuse, qui était venteuse, ce n’était pas chaleureux », continue l’édile.

Il ajoute que la nouvelle halle bénéficiera de grandes baies vitrées, faisant « la part belle à la lumière naturelle ». « Sa hauteur sous plafond donnera une impression chaleureuse d’espace et de confort. Sa charpente apparente, en forme d’encorbeillement, participera à réduire les répercussions sonores, liste le maire. De larges allées faciliteront la circulation du public (une demande assez forte des commerçants). Des hottes motorisées permettront aux traiteurs de cuisiner à l’intérieur de la halle et aux clients qui le souhaitent de manger éventuellement sur place autour d’une buvette, bénéficiant d’un vaste espace intérieur, mais aussi d’une terrasse extérieure. Les sanitaires de l’équipement seront dotés d’une toilette publique accessible depuis l’extérieur et ouverte tous les jours de la semaine. »

L’ancienne halle, ici en 2019, quelques semaines après l’incendie qui avait calciné une grande partie de sa structure.

Mieux pensée et contemporaine, la nouvelle halle se voudra aussi éco-responsable. « L’éclairage sera 100 % en Led, l’électricité sera fournie en partie par les 300 m² de panneaux photovoltaïques installés en toiture, d’une puissance globale de 45 kWh, l’eau d’arrosage et de nettoyage des espaces extérieurs sera puisée dans une cuve de récupération des eaux de pluie de 130 m³ située sous le bâtiment, et nous avons poussé le détail jusqu’à doter cette halle d’un bac de fonte de la glace, se félicite Grégory Garestier. La glace utilisée par les poissonniers représente chaque semaine 1 200 kg de déchets évacués en décharge, soit 62 t par an. La glace fondra désormais naturellement dans un bassin prévu à cet effet et s’écoulera au fur et à mesure par les réseaux d’assainissement, réduisant tout autant notre production de carbone et le nombre de camions nécessaires au nettoyage du marché. »

La charpente, elle, sera en douglas, une essence locale. « Elle sera réalisée en France, dans les ateliers de l’entreprise Charpente Cenomane, située près du Mans, avance l’élu maurepasien. Elle est issue de bois français et allemand, exploité de façon durable et raisonnée. La charpente arrivera en pièces détachées, pré-usinées, et sera assemblée en seulement quelques jours pour trouver définitivement sa place en centre-ville. Viendra alors la phase de cloisonnement et d’aménagement des espaces intérieurs, puis le réaménagement des espaces extérieurs, dont un tout nouveau parking d’une trentaine de places, situé avenue de la Madeleine. »

Du côté de l’association des commerçants du marché de Maurepas, on se montre très satisfait. « La mairie nous a associés complètement au projet, depuis le début, salue son président, Gilles Barbe, par ailleurs fromager. On a hâte qu’elle existe (la future halle, Ndlr), mais la commune a fait quand même énormément pour nous avec ce chapiteau (la halle provisoire, Ndlr), où on est très bien installés, on peut laisser nos vitrines et notre matériel sur le marché. »

Le coût global du projet s’élève à 5 millions d’euros TTC (comprenant notamment les travaux, mais aussi les études, le suivi du chantier …). SQY finance 2 millions d’euros via des fonds de concours, tandis que la Région a voté un contrat régional d’un million d’euros pour des projets de Maurepas, dont 500 000 affectés à la future halle (l’autre moitié étant destinée à financer le Centre de loisirs primaire). « Et si l’on considère les 970 000 euros d’indemnités de l’assurance qui ont été versés après le sinistre, le coût pour la Ville est ramené à 1,5 million d’euros, soit un tiers de la dépense globale », d’après Grégory Garestier, qui fait également un point d’étape sur l’avancement du chantier.

« Les ouvriers ont déjà préparé le sol en décroûtant les surfaces existantes, indique-t-il. Dans les jours qui viennent, ils débuteront le terrassement, puis la dalle béton sera coulée, et la nouvelle halle pourra commencer à prendre forme, avec la pose de sa structure de bois et sa charpente. » Ainsi, la halle devrait être inaugurée d’ici un an environ. « En attendant, continuons à soutenir le commerce de proximité, dont les commerçants de notre marché, pour que vive notre centre-ville », conclut le maire.

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