Le SQY Ping, club de tennis de table représentant plusieurs communes de SQY, forge de nombreux talents. Parmi eux, deux se sont qualifiés pour les Jeux paralympiques de Paris 2024, dont Lucie Hautiere. La jeune femme de 23 ans, hémiplégique de naissance, s’est qualifiée via son classement mondial pour ses 1res paralympiades. La Gazette l’a suivie lors de l’un des ses entraînements, à Voisins, le 28 juin.

« Les 1ers Jeux à la maison, je pense que ça va être un truc de dingue, confie-t-elle, abordant toutefois l’événement avec prudence. Il faut toujours rester concentrée, focus sur l’entraînement, il y a une grosse charge d’entraînement là pendant les deux mois. Quand je vais jouer, j’aurai tout le public avec moi. C’est à la fois extraordinaire, et en même temps, on est sollicité tout le temps […] Il faut trouver des moments pour célébrer, car ça reste une fête, mais moi, j’ai un objectif de médailles. » Et pas n’importe laquelle, la médaille d’or. Notamment en double dames, où Lucie Hautiere sera alignée avec Morgen Caillaud, licenciée elle à Joué-lès-Tours. Cette paire évolue ensemble depuis un an et demi voire deux ans et se classe 5e mondiale. Elles entreront en lice à priori directement en 1/4 de finale. Et la médaille pourrait arriver vite. « Vu qu’on ne joue pas la place 3-4, dès qu’on gagne le 1/4 de finale, on est médaillé », souligne Lucie Hautiere.

En simple, où Lucie Hautiere est 12e mondiale, « ça va être plus compliqué », mais « on est à la maison, donc c’est possible aussi », assure-t-elle. Les 1/4 de finale en double dames se joueront le 29 août, et les simples débuteront le 1er septembre. Les épreuves se dérouleront à l’Arena Paris Sud, porte de Versailles, à Paris.

En attendant, il faut continuer à s’entraîner dur, à raison de 3 à 6 h par jour. En accentuant à l’approche des Jeux, mais en n’oubliant pas de garder aussi du temps pour le repos et la récupération. « Par exemple, une semaine avant les Jeux, si je veux jouer, je joue, si je veux me reposer, je me repose, et j’enlève un entraînement. Il ne faut pas non plus se cramer avant les Jeux, mais tous nos entraînements vont nous servir à être à 100 % de nos capacités », précise Lucie Hautiere.

Elle s’entraîne avec plusieurs coachs, comme Elyas Karouia, qui la suivait lors de la séance du 28 juin dernier. « Les points [à travailler], c’est elle qui me les donne par rapport aux retours que le staff de l’équipe de France, explique cet entraîneur ‘‘valide’’, qui s’adapte pour entraîneur des pongistes en situation de handicap. Là, c’est la variation de la profondeur de balle avec son coup droit. Et après, il y a des petits trucs qu’on voit ensemble, comme tout à l’heure où on a trouvé un truc en retour de service. » Lucie Hautiere avoue avoir senti cette séance « à l’échauffement très bien, mais pendant l’échange, moyennement, mais aussi car on travaille des points compliqués, ce serait trop simple de faire des trucs qu’on sait faire ».

Ses séances et ses stages, elle doit les conciler avec les périodes où elle est en entreprise ou en études, elle qui suit en alternance un BTS en Négociation et digitalisation de la relation client (NDRC). Elle bénéficie pour cela d’un emploi du temps aménagé. Lucie Hautiere mesure en tout cas le chemin parcouru, elle qui a commencé le tennis de table à 11 ou 12 ans. « J’ai fait un AVC avant la naissance. Du coup, j’ai tout mon côté droit paralysé (hémiplégie). J’ai commencé le tennis de table grâce à ma sœur, on jouait ensemble quand on était petites. Voyant que c’était compliqué d’apprendre le tennis de table à un enfant en situation de handicap avec en plus une IMC (Infirmité motrice cérébrale) due à l’AVC, raconte-t-elle au moment de rappeler son parcours d’athlète et son parcours de vie. Ma mère a envoyé un message à la Fédération handisport en expliquant un peu mon cas. Mon 1er club était à Evry et mes parents habitaient à Antony. Au fur et à mesure, j’ai fait des compétitions, des stages ‘‘jeunes à potentiel’’ où ils faisaient de la détection. En juin 2017, on m’a dit que j’allais être sur liste ministérielle en vue de Paris 2024. En septembre 2017, j’étais sur liste, et ensuite, depuis septembre 2017, je suis au SQY Ping. »

Et dans deux mois, elle compte bien être sur le toit de l’Olympe, mais ne veut pas non plus se mettre de pression supplémentaire : « Si je commence à penser au nombre de personnes qu’il y aura, à ‘‘Est-ce que je vais bien jouer ?’’, je vais trop me perdre. Alors que si je vois que je m’entraîne tous les jours, que je suis rigoureuse, que oui, au moment du match,au début, je vais peut-être avoir du mal, mais que après, je vais avoir du soutien et je vais réussir à me mettre dedans, ça donne un aspect plus positif et ça encourage. »