Les Jeux olympiques de Paris 2024 (26 juillet – 11 août) ont été grandement suivis par les Français. Cette ferveur nationale a poussé de nombreux amateurs à s’essayer à de nouvelles pratiques sportives pour faire comme leurs idoles. Des hausses de demandes d’inscriptions ont déjà été constatées par certaines fédérations et certains clubs sportifs. Cet élan s’est semble-t-il poursuivi durant les Jeux paralympiques, qui se sont déroulés du 28 août au 8 septembre, où la ferveur était palpable, et les tribunes régulièrement bien garnies. Y compris dans les Yvelines, qui compte deux sites paralympiques sur son territoire (le Vélodrome national pour la para cyclisme sur piste et le château de Versailles pour la para équitation). Cet effet Paris 2024 va-t-il se pérenniser et aider les club à accélérer leur développement du handisport ?
Des clubs saint-quentinois bien avancés dans la promotion du handisport
La Gazette a contacté plusieurs clubs basés à SQY, pour certains déjà bien avancés dans leur promotion du handisport. C’est notamment le cas du Tennis club de Voisins-le-Bretonneux, l’un des premiers à avoir développé la pratique du tennis fauteuil en Île-de-France. « Le club […] a été créé en 1973 et dès les années 1980, on a accueilli des joueurs en fauteuil puisqu’à l’époque on avait un moniteur qui s’occupait de cette pratique qui venait d’arriver des États-Unis. On accueillait cinq/six joueurs qui venaient s’entraîner au club de Voisins. Nous valides, on leur servait de sparring. On était en roller et eux sur des fauteuils qui étaient un peu moins évolués d’un point de vue technologique qu’aujourd’hui », commence par relater Laure Moreau. présidente, du club depuis 2019.
Puis, pour des raisons de développement stratégique, la pratique du tennis fauteuil s’est arrêtée. Depuis que Laure Moreau a repris les rênes, deux équipes mixtes de tennis fauteuil ont réintégré le club. « On a eu jusqu’à 12 athlètes, du débutant jusqu’au sportif de haut niveau. Cette année, il y a eu neuf joueurs et joueuses licenciés pour le para tennis, dont six font de la compétition et quatre voire cinq à plus haut niveau », poursuit -elle.
Parmi eux, Pauline Déroulède et Charlotte Fairbank, qui ont participé aux Jeux paralympiques de Paris 2024 avec l’équipe de France de tennis fauteuil. « Dans le cas de Pauline c’était très nouveau pour elle. […] Charlotte avait déjà connu les Jeux de Tokyo. Pauline a commencé le tennis fauteuil il y a 5 ans (suite à son amputation de la jambe gauche en 2018 après un accident de la route, Ndlr). Dès ses débuts, on l’a accompagnée », explique Laure Moreau.
Le club vicinois est un des leaders du développement de la pratique du para tennis en Île-de-France, même si, selon la présidente, c’est un vrai choix, notamment financier. « Le projet para tennis au club, c’est fort, à tel point qu’on est cité comme la locomotive du tennis fauteuil en Île-de-France. On essaie également de regarder un petit peu pour du sport adapté parce qu’on a été approché par la Fondation Anne de Gaulle, mais c’est vrai qu’aujourd’hui, on se retrouve confrontés à des arbitrages financiers puisque, juste pour le tennis fauteuil, cette pratique nous a coûté 28 500 euros sur la saison qui vient de se terminer », chiffre-t-elle.
Et d’ajouter : « Là, on vient de réécrire le nouveau projet associatif du club pour les cinq ans à venir. Toutes les actions sociétales qu’on met en place sont reconduites, maintenant les arbitrages financiers font qu’on ne pourra pas avoir le même accompagnement. J’ai déjà annoncé à nos joueurs [en situation de handicap] qui s’entraînent au club, qu’on allait leur demander une participation financière plus importante que jusqu’à présent », regrette-t-elle.
Concernant l’impact des Jeux paralympiques sur le club, Laure Moreau est plus nuancée : « Je ne crois pas que les Jeux paralympiques vont développer le tennis fauteuil. J’ai sollicité toutes nos instances de tutelle et bien sûr notre collectivité locale qui est finalement notre 1er partenaire et qui nous aide comme elle peut à son niveau. Et malheureusement, j’ai peur qu’il y ait un coup d’arrêt après les Jeux paralympiques pour ces athlètes-là, que la ferveur retombe un peu une fois que ce sera terminé ».
« En tout cas, dans les directives qu’on a (qu’elles soient fédérales ou émanant du Ministère [des sports]) on ne voit pas grand-chose venir, même si on nous encourage à développer les actions inclusives. On a bien compris qu’au niveau des collectivités locales, du Département ou de la Région, ça allait se tarir, donc je pense qu’on va avoir un petit coup de mou là après les Jeux, ce n’est pas évident », précise la présidente.
Et de conclure : « On sait que la médiatisation du paralympisme n’est pas celle des JO, même s’il y a eu beaucoup de progrès faits sur cette visibilité-là. […] Nous, on choisit de développer cette section para tennis encore pendant cinq ans jusqu’à la prochaine olympiade, et nous verrons comment on peut faire. »
Du côté du Vélo club Élancourt-Saint-Quentin-en-Yvelines (VCESQY-team Voussert), qui compte 14 licenciés en para cyclisme sur les plus de 100 du club, on se montre aussi lucide quant au fait que l’accueil de Jeux paralympiques en France et plus particulièrement dans les Yvelines puissent être un accélérateur pour aider au développement du handisport dans les clubs du département. « On espère avoir des retombées positives. Maintenant, ça ne va peut-être pas durer longtemps, on va être sur le haut de la vague pendant deux ou trois mois, puis après ça va s’estomper », confie Eric Castaldi, responsable handisport du club. D’où l’importance de mettre en place « des sensibilisations dans les écoles », souligne-t-il, se montrant en tout cas satisfait de l’affluence générée par ces Jeux paralympiques : « C’est impressionnant, c’est exceptionnel. »
« Un éclairage exceptionnel »
Le club entend continuer à promouvoir la pratique du cyclisme à destination des personnes en situation de handicap, dont certaines évoluant à très haut niveau et faisant figure de talents en devenir. On peut par exemple citer, en handbike (vélo couché, à quelques centimètres du sol, où l’on pédale par la force des bras), Jeanne Le Pêcheur, plusieurs fois médaillée aux championnats de France et porteuse de la flamme paralympique au Vélodrome le 27 août dernier, et Mouctar Diaby. Ce dernier « est un jeune qu’on est en train de former pour 2028 j’espère. […] Il a fait d’énormes progrès, là on va lui acheter un nouveau vélo pour qu’il soit encore plus compétitif », annonce Eric Castaldi, qui n’a pas présenté de coureurs aux Jeux paralympiques de Paris.
En tandem, Quentin Caleyron est lui beaucoup plus expérimenté. Ce pistard valide, (il a derrière lui une belle carrière internationale avec l’équipe de France de BMX puis de cyclisme sur piste), accompagne Raphaël Beaugillet, malvoyant. Le duo a manqué la qualification pour Paris 2024. Outre le handbike et le tandem, le VCESQY-team Voussert propose aussi du tricycle et du cyclisme solo au sein de sa section handisport.
Une section handisport qui fait partie des 17 présentes dans les clubs du département, pour une vingtaine d’activités proposées, selon le Comité handisport des Yvelines (basé par ailleurs à Montigny-le-Bretonneux, dans un local à côté du Vélodrome). « Sur la saison écoulée, on était à 350 licenciés », indique son président, Daniel Blanchet. Il concède toutefois concernant ces chiffres que « c’est quand même mineur, ce n’est pas énorme par rapport au nombre de clubs qui existent ».
Il se réjouit en revanche que les Yvelines accueillent les Jeux paralympiques, et se montre positif sur l’après en vue du développement du handisport : « C’est un éclairage exceptionnel. On l’a bien senti cette année, on a été sollicités de toutes parts, on n’a pas arrêté de faire des actions, des sensibilisations, que ce soit dans les collèges, les mairies, les entreprises. On espère qu’il y aura des retombées. […] À chaque paralympiade, il y a des retombées. Là, on a déjà des demandes par rapport à différentes activités, donc je pense qu’on va certainement avoir des demandes, un peu plus que d’habitude. »
Des demandes de la part d’adhérents en situation de handicap mais aussi de clubs. « Il y a des clubs qui sont preneurs, et puis des gens, souvent des gens isolés, évoque le président du Comité handisport yvelinois. Le problème, c’est qu’on n’a pas des clubs qui ont des sections handisport dans toutes les villes. Là, c’est réparti un peu dans tout le département. »
Quant aux moyens pour aider les clubs et les athlètes à financer un matériel coûteux, Daniel Blanchet rappelle tout de même que « le conseil départemental nous soutient financièrement avec les contrats d’objectifs, [ainsi que] l’ANS (l’Agence nationale du sport, Ndlr) ». Il ajoute toutefois que « les subventions sont un peu en baisse, [donc] on espère que les Jeux de Paris nous permettent d’avoir d’autres moyens ».
Daniel Blanchet aimerait également que cet événement puisse favoriser « une amélioration, par rapport aux transports, à l’accessibilité des gares ou des bâtiments », reconnaissant sur ce point que « ça a beaucoup évolué, il y a eu des efforts de faits, [par exemple] dans les piscines, il a fallu des lois pour qu’on en arrive là ». En tout cas, il l’assure : « Il va y avoir un effet » Jeux paralympiques à domicile, notamment « au niveau de la visibilité ».
CREDIT PHOTO : VCESQY-team Voussert