Un site de 120 000 m², dont 35 000 de bâtiments, réunissant psychiatrie et gériatrie. C’est sur cette surface que se dresse l’institut MGEN de La Verrière, situé près du château, à la frontière entre La Verrière et Le Mesnil-Saint-Denis. Il réunit deux bâtiments de psychiatrie adulte et de psychiatrie adolescent/jeune adulte qui accueillaient déjà des patients depuis février 2019. Deux bâtiments auxquels sont venus s’ajouter deux autres abritant l’un un Ehpad, et l’autre un pôle médecine/Soins de suite réadaptation (SSR), et où les patients et résidents ont emménagé en fin d’année, alors qu’ils devaient initialement investir les lieux début 2020, le Covid ayant bien sûr repoussé cette échéance, mais aussi l’inauguration de l’institut, qui a finalement eu lieu le 2 juillet.

460 lits au total

Au total, ce sont 460 lits que compte l’institut, dont 160 pour le nouvel Ehpad – (parmi lesquels se trouvent 70 lits liés à l’aide sociale, permettant à des personnes aux ressources limitées de bénéficier d’une prise en charge de tout ou partie des frais d’hébergement, Ndlr). Un Ehpad, ainsi que le pôle médecine/SSR, auparavant situé au centre Denis Forestier, près de la gare de La Verrière et aujourd’hui en pleine déconstruction pour laisser place au futur quartier gare-Bécannes.

« En octobre et novembre 2020, on a quand même procédé au déménagement en pleine crise Covid, donc c’est une prouesse pour tout le monde », a indiqué, en marge de l’inauguration, Isabelle Étienne, la directrice de l’institut MGEN, qui a succédé en octobre dernier au Dr Fabien Juan. On retrouve, au sein de l’Ehpad, quatre unités : unité de vie protégée, notamment pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ; unité de polydépendance lourde, pour les patients souffrant d’obésité morbide ; unité accueil de jour, de nuit, répit temporel ; et enfin unité d’hébergement renforcé « pour des résidents sur des pathologies Alzheimer avec des caractéristiques associées du type auto-agressivité ou agressivité vers l’externe », fait savoir Gilles Quessard, directeur adjoint de l’institut, ajoutant que ces quatre unités disposent chacune de 14 lits. Dans les deux étages au-dessus, on trouve un « Ehpad standard avec 65 lits sur chaque étage », complète-t-il.

Les chambres et les salles de bains et toilettes, elles, sont adaptées au profil des occupants qu’elles sont susceptibles de recevoir. Julien Lidouren, responsable des projets immobiliers de la MGEN, évoque par exemple la présence de capteurs sous le lit : ainsi, « quand la personne se lève la nuit, un petit capteur déclenche une veilleuse, donc son parcours vers le cabinet de toilettes est éclairé ». Des chambres, mais aussi, entre autres, une bibliothèque pour les patients et résidents. « Beaucoup de patients, quand ils arrivent sur la bibliothèque, le premier réflexe qu’ils ont, c’est de vouloir des renseignements sur leurs pathologies, détaille Gilles Quessard. Donc c’est aussi une manière de faire réfléchir les patients à leurs pathologies, à comprendre ce qui leur arrive, un outil intéressant en termes de prise en charge. »

Un bâtiment Ehpad (à droite), un consacré au pôle médecine/SSR, ainsi qu’un plateau technique, sont venus, fin 2020, s’ajouter aux deux édifices de santé mentale, qui accueillaient déjà des patients depuis deux ans et demi.

Au 2 juillet, l’Ehpad comptait 109 résidents. « Sur le pôle santé mentale, […], c’est quasiment complet. Par contre, sur l’Ehpad, il y a une montée en charge progressive, puisqu’il y a une augmentation capacitaire par rapport à l’établissement précédent, explique Isabelle Étienne. Donc l’occupation des locaux est progressive, sur plusieurs années, je pense, pour atteindre les 186 résidents. » Des résidents à qui il en coûtera 85 euros par jour pour être hébergés dans ce nouvel écrin.

Le pôle médecine/SSR affiche lui une capacité de 114 lits. Il est composé de trois activités : gériatrie, soins palliatifs, et addictologie. En lien direct avec ce bâtiment, figure un plateau technique de rééducation et réadaptation, ouvert à tous les pôles, et où personnel et résidents bénéficient d’outils améliorant la prise en charge. « On a des outils que l’on n’avait pas avant dans l’état où ils sont maintenant, développe Gilles Quessard. Ça correspond à une idée d’origine de l’institut et à cette construction d’une prise en charge plus optimisée. »

On trouve ainsi par exemple un petit gymnase. Un peu plus loin, figure une salle d’ergothérapie et un petit box de massage pour prendre en charge les patients individuellement. Au sein de ces espaces, les compétences des différents rééducateurs peuvent se compléter, estime Céline D’Amico, cadre en rééducation : « Les rééducateurs qui travaillent en psychiatrie n’ont pas les mêmes compétences que les rééducateurs en gériatrie, et inversement. Mais comme on a des patients en gériatrie qui ont des problèmes psychiatriques, et inversement des patients en psychiatrie qui ont des problèmes somatiques, la prise en charge pourra être plus globale puisqu’on est côte à côte et qu’on pourra se conseiller, voire prendre les patients en charge mutuellement. »

Mais « le joyau » n’est autre que la balnéothérapie, d’après Céline d’Amico. « Rien que de la voir, on dit ‘‘ça y est, je vais mieux’’ », plaisante-t-elle en montrant la piscine dans laquelle pourront se baigner les résidents. Pourront, car elle n’est pas encore accessible. « Au début, on était bloqués par des questions d’hygiène, par rapport au Covid. Et puis, les procédures de sécurité, il faut les finaliser », explique la cadre en rééducation, qui espère qu’elle pourra ouvrir avant la fin de l’été. Elle estime que ce sera « vraiment une plus-value dans les prises en charge en rééducation […] ».

Ces différentes infrastructures viennent donc s’ajouter aux deux bâtiments, déjà opérationnels depuis 2019 donc, abritant les pôles de psychiatrie adulte et adolescent/jeune adulte, comptant respectivement 70 et 90 lits. Psychiatrie post-urgence territoriale, psychiatrie de la personne âgée, addictologie, décompensation psychique, troubles de la personnalité, conduites d’attaque du corps, troubles de l’humeur, phobie scolaire, ou encore troubles des conduites alimentaires, y sont notamment pris en charge. « Tout le bâtiment (en psychiatrie, Ndlr) est ouvert sur le parc, les chambres donnent soit sur l’avant soit l’arrière du parc, pour avoir un sentiment d’apaisement, décrit Isabelle Étienne. Sur chaque unité, il y a une zone extérieure qui permet aux patients […] d’avoir leur espace propre de déambulation, notamment sur les zones où il y a des patients sous contrainte, qui ne peuvent pas sortir, ils ont quand même un espace extérieur. »

La ministre Nadia Hai a inauguré l’établissement

Pour la directrice, « la filière est vraiment complète et diverse » au sein de l’institut MGEN. « La particularité de ce site, c’est avant tout une mise en synergie de deux activités, […], la gériatrie d’une part et la psychiatrie de l’autre, […] au travers de la prise en charge et d’actes techniques sur la prise en charge qui sont communs », complète son adjoint, Gilles Quessard. Il insiste aussi sur « l’aspect sociothérapie » et « la prise en charge autour de l’idée que le patient est un citoyen, le résident est un citoyen, et que, aussi bien l’un que l’autre, ils doivent trouver leur place dans la vie de l’institut et dans la construction de la reconstruction face à leur maladie ».

Venue pour l’inauguration, Nadia Hai (à gauche sur la photo) a notamment salué un site où « l’architecture demeure au service du soin, et en accord avec son histoire et en se projetant vers l’avenir ».

« C’est sur cet axe-là qu’on est vraiment différenciants par rapport à ce qu’on peut trouver sur d’autres maisons de santé », poursuit-il, soulignant aussi la nécessité de remettre à neuf « des bâtiments vieillissants (ils dataient de 1959 pour la santé mentale, et de 1974 pour la gériatrie, Ndlr) qui étaient disséminés sur l’intégralité du parc » : « On avait une problématique de rationalisation des espaces, et donc, il était important qu’on arrive à reconstruire pour une meilleure prise en charge, qui corresponde au train un peu moderne de la psychiatrie, de la gériatrie, et puis, une possibilité pour les professionnels de travailler de manière efficace en utilisant tous les moyens à leur disposition. »

Et cela a donc été le cas, à travers un projet colossal, chiffré à plus de 100 millions d’euros. Le plus ambitieux de l’histoire de la MGEN. Ça méritait bien une petite visite de la ministre de la Ville, Nadia Hai, présente lors de l’inauguration. « Ce projet aura mis près de dix ans, entre les premières études et le ruban que nous allons couper, a-t-elle rappelé face au parterre d’élus locaux et de journalistes. Je sais l’engagement qu’il a demandé pour les équipes de la MGEN. »

Elle a salué la conception de « ces bâtiments, ces infrastructures, ainsi que ces espaces de respiration et de convivialité, où se conjuguent finalement des techniques de construction les plus modernes, avec le respect de la philosophie de ses audacieux fondateurs (le psychiatre Paul Sivadon et le premier président de l’histoire de la MGEN, Marcel Rivière, Ndlr). « Ici, […] l’architecture demeure au service du soin, et en accord avec son histoire et en se projetant vers l’avenir, un avenir plein de défis pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes, a-t-elle poursuivi. Le gouvernement dont je fais partie a fait dès son arrivée de la question de la dépendance une priorité. » Et d’ajouter : « La vision de notre modèle social inclut bien évidemment le traitement de la santé mentale, qui figure parmi nos préoccupations de premier plan, et dont l’institut de La Verrière est un modèle national. »