La ferme périurbaine la Closeraie à Magny-les-Hameaux accueillera bientôt une partie de la filière laine d’Île-de-France. L’association Laine de par ici, composée d’éleveurs et d’artisans lainiers, a pour projet de réunir toute la chaîne de transformation de la laine dans un conteneur de 60 m², juste à côte de la ferme. Appelée unité de travail partagé, il s’agirait d’obtenir quatre machines permettant le lavage de la laine, le cardage (le démêlage), le feutrage (pour faire du tissu) et enfin la teinture (pour colorer la laine).
Ces techniques de transformation sont pour l’instant éparpillées sur tout le territoire national, selon la présidente de l’association, Laurence Renard, tisserande depuis deux ans. « Pour laver la laine, il faut l’envoyer en Haute-Loire et le délai d’attente peut aller jusqu’à un an et demi », déplore-t-elle. Puis, il faut filer la laine (la filature) pour obtenir des pelotes. « Les unités sont en Bretagne et dans la Creuse », ajoute la présidente.
D’où cette volonté de vouloir rassembler toutes ces machines – sauf l’unité de filature, trop coûteuse – au sein d’un même lieu. Cette future unité de travail partagé sera la seule d’Île-de-France. Il en existe déjà une en Bretagne et une autre est en construction dans le Sud de la France, selon la présidente.
À la Closeraie, les artisans lainiers et éleveurs de moutons pourront venir entretenir leur laine avant de la vendre à leurs clients. 12 sont déjà engagés dans l’aventure, comme Élise Jarreau et son conjoint, à l’initiative du projet. Éleveurs, ils font pâturer leurs moutons dans les prairies de Magny-les-Hameaux. Élise Jarreau tient une boutique et compte utiliser l’unité de lavage, de cardage, de feutrage et de teinture.
L’association brebis 77 s’est aussi engagée dans le projet. Elle réalise des couvertures. Elle aura besoin de l’unité de lavage et du feutrage. Également intéressée, Alice Lamarre, artisan à Paris, souhaite utiliser l’unité de cardage pour réaliser ses écheveaux. Les machines pourront être louées à hauteur de 40 euros la journée.
Alors quand cette unité verra-t-elle le jour ? « Dans l’idéal, il faudrait que les travaux commencent au printemps 2020, car la prochaine tonte est au printemps, annonce un peu alarmiste Laurence Renard. On a beaucoup d’inconnues. » Pourtant, ce n’est pas ce que disaient les documents du conseil communautaire de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, datant du 20 septembre 2019, au cours duquel ce point avait été décalé. Dans ces documents, les travaux étaient prévus « pour fin 2019, début 2020 », pour un début d’activité « au printemps 2020 ».
Ce délai semble intenable, au regard des déclarations de la présidente. La totalité du financement n’a pas encore été trouvée. 100 000 euros sont nécessaires à la création de cette unité de travail partagé, selon Laurence Renard. « Nous avons obtenu 60 000 euros au total pour le moment », affirme-t-elle. Sachant que les principaux financeurs sont le Parc naturel régional de la haute vallée de Chevreuse, la mairie de Paris, la ville d’Igny, l’agglomération de SQY ou encore la communauté Paris-Saclay.
Quant à la mairie de Magny-les-Hameaux, elle fournit le matériel pour la construction de l’atelier de transformation, comme le précise la présidente. Le département des Yvelines devrait également débloquer des fonds via le programme européen Leader, porté par Terre et cité, qui vise à valoriser les espaces agricoles et naturels du plateau de Saclay et de ses vallées. Mais il a récemment repoussé sa prise de décision dans l’attente d’avoir des éléments supplémentaires, selon la présidente.
En attendant, l’association Laine de par ici s’est fixée des objectifs ambitieux. Elle espère transformer 1,7 tonne de laine pendant l’année 2020 et prévoit de monter à 3 tonnes en 2023. Sachant qu’en Île-de-France, 23 tonnes de laines sont produites chaque année, selon une étude réalisée par le Parc naturel régional de la haute vallée de Chevreuse.