Des professeurs de collèges sont présents lors de la sortie du nouveau jeu de société des Archives départementales des Yvelines, Réseaux. Le 25 septembre, au sein du bâtiment des Archives, ces enseignants sont curieux à l’idée d’utiliser ce jeu dans le cadre de leurs cours d’Histoire. Réseaux se déroule pendant la Seconde guerre mondiale. Les joueurs incarnent les chefs de réseaux de la Résistance de l’ancienne Seine-et-Oise (actuels départements des Yvelines, Hauts-de-Seine, Essonne et Val d’Oise, Ndlr). Leur mission est de déstabiliser les troupes d’occupation allemandes en opérant des actes de sabotage, de propagande, d’espionnage et d’attaques, qui s’inspirent de faits réels.
S’inscrivant dans la commémoration de cette période de l’histoire, les Archives des Yvelines ont voulu créer un jeu à la fois ludique et pédagogique, à destination de tous les publics et notamment des collégiens. Il a fallu trouver le bon « équilibre », confie Sophie Blanchard, responsable activités éducatives des Archives départementales. Et « viser les scolaires c’était contraignant », avoue l’auteur du jeu, Aurélien Martin.
Composé d’un grand plateau, de huit tables des opérations, ainsi que de nombreux pions, de cartes de missions et de répressions, le jeu Réseaux compte beaucoup de pièces. Il peut se jouer à entre quatre et huit personnes en solo, ou à entre huit et 12 joueurs en binômes. Sachant qu’une partie dure 40 à 50 minutes. En demi-classe, une partie de jeu est donc envisageable, si les professeurs souhaitent intégrer tous les élèves, comme l’indique Aurélien Martin.
Mais avant d’arriver à ce résultat, le jeu a été testé par une centaine de participants, comme l’association Anim’assos de Montigny-le-Bretonneux, le lycée de la Plaine de Neauphle à Trappes ou encore la ludothèque Flora Tristan à Plaisir. Les Archives souhaitaient que sa création soit participative. Et cela a demandé du temps. Ils ont commencé à réfléchir à sa conception en janvier 2017 et sa production s’est achevée en août 2019.
Et à sa sortie, le jeu est entièrement collaboratif. Les joueurs doivent s’associer pour gagner plus rapidement. Mais ils ne peuvent pas être dans le camp allemand, une volonté de l’auteur pour un soucis d’équité en classe. Cela n’enlève en rien à la difficulté du jeu. « Il est aussi possible que votre réseau disparaisse, indique Aurélien Martin, également enseignant en Histoire. Au début j’avais rendu le recrutement de résistants trop facile, alors que cela ne doit pas l’être. » L’auteur de Réseaux a en effet voulu coller à la réalité des événements, et notamment en attribuant des noms, des prénoms et des professions à tous les résistants.
Et ce sont essentiellement des faits réels provenant des archives yvelinoises, qui apparaissent sur les cartes des différentes missions. Par exemple, une des cartes indique : « Vous volez des centaines de tickets de pain, de matière grasse, de lait et de savon dans les locaux de la mairie de Guyancourt. »
Pour ce faire, « on s’est fait conseiller par des professionnels du game design qui nous ont expliqué l’apprentissage par le jeu et comment adapter des faits historiques au jeu », raconte Sophie Blanchard. Pour aller plus loin, Réseaux contient également une brochure d’une soixantaine de pages pour approfondir cette thématique historique. Le jeu est également évolutif et personnalisable. Il suffit de télécharger les cartes sur internet pour en créer d’autres.
Actuellement 20 boîtes du jeu Réseaux ont été créées. Les Archives réfléchissent encore aux différents lieux de dépôts. « Une bibliothèque en Bretagne est déjà intéressée », confie Sophie Blanchard. En revanche, Réseaux n’est pas destiné à l’achat : il pourra seulement être emprunté.