Depuis qu’a été présenté en 2017 le programme de 81 logements dans le bâtiment et sur le terrain de l’ancienne gendarmerie de Plaisir, à l’angle des rues René Bazin et Marc Laurent, certains riverains s’insurgent contre ce projet pour lequel la population « a été invitée à un simulacre de concertation », selon les termes employés dans un communiqué transmis à La Gazette.

Parmi les éléments dénoncés, le trottoir situé le long du mur de l’ex-gendarmerie, très étroit et sur lequel se situent des plots, ce qui le rend difficilement praticable. Les habitants regrettent que l’élargissement de ce trottoir « large de 50 cm » soit freiné par « les règles d’urbanisme de la ville » qui « interdisent actuellement de démolir le mur en meulière bordant ce terrain ».

Jean-Claude Nézondé, l’un des membres du collectif, cite l’exemple de la rue de la gare, où « le promoteur a reculé ses immeubles de 10 m de la chaussée pour pouvoir élargir le trottoir et faire une devanture de son immeuble », alors qu’ «ici, rien n’a été demandé ». Et d’évoquer les risques sécuritaires pour les élèves du collège Apollinaire, situé à proximité.

Autre élément qui inquiète les riverains : les nuisances sonores et visuelles. Selon le collectif, les parkings extérieurs et l’espace de regroupement des poubelles – qu’ils jugent par ailleurs plus petit que ce qui était initialement demandé – se situeront trop près de certaines fenêtres. « Bien évidemment il s’agit des fenêtres des logements sociaux, les accédants à la propriété auront un jardin devant chez eux ! », peut-on lire sur le communiqué. Les jardins sont d’ailleurs un autre sujet de discorde. Pour Jean-Claude Nézondé, « ce sont des espaces verts plus ou moins privatifs, pas communs. Ils sont devant les fenêtres des gens. »

Ce Plaisirois estime que tout a été conçu uniquement pour répondre à l’intérêt du promoteur. « L’État (qui a cédé le terrain au promoteur, Ndlr) a vendu […] en imposant le fait qu’à partir de 3 310 m² de constructions, le prix du m² de constructions serait baissé de moitié par rapport au prix original, s’insurge-t-il. Le prix du m² était de 570 euros, il se retrouve à 280 euros. Donc le promoteur avait intérêt à bourrer à fond, et il a construit à 100 % de ses possibilités. La maire aurait peut-être pu contraindre à moins densifier. »

Il réclame que la municipalité « recule ce fameux mur et fasse un trottoir » et « qu’elle étudie la résidence, qu’elle en fasse une résidence humaine à vivre et non pas une résidence pour un promoteur ». Lui et les autres riverains du collectif semblent en tout cas prêts à aller jusqu’au bout, en témoigne le recours déposé le 23 juillet 2018 devant le tribunal administratif. « Le tribunal a dit qu’il y avait une gêne visuelle et sonore, mais sur tous les autres points, on a perdu, relate Jean-Claude Nézondé. Donc on va sûrement aller au Conseil d’État. »

Contactée par La Gazette, Joséphine Kollmannsberger, maire LR de Plaisir, confirme que le projet « est en stand-by », retardé par les recours juridiques. Dans un article publié il y a deux ans et demi, Le Parisien évoquait un début des travaux au premier semestre 2018 et une livraison en 2020.

« On avait fortement travaillé avec le promoteur pour sauver l’ancienne gendarmerie (qui a accueilli la brigade de 1915 à 2004 et est inoccupée depuis, Ndlr) qui a pour nous une valeur patrimoniale importante », soupire-t-elle, souhaitant « que la gendarmerie reste dans son apparence extérieure avec amélioration de tous les intérieurs pour [y] faire des logements », en plus des logements prévus sur le terrain.

L’édile ne ferme cependant pas la porte à un déplacement du mur. « C’est dans les réflexions de l’amélioration », assure-t-elle, rappelant également que, hormis les parkings extérieurs pour les visiteurs, tous les parkings du bâtiment seront souterrains, « donc ce n’est pas cela qui va créer de la nuisance ». Concernant les espaces verts, elle argue que « l’espace prévu à l’arrière du bâtiment est plutôt assez important ».

« Dès que l’on construit quelque chose de nouveau, il y a forcément une interrogation des habitants et du voisinage car on change leur environnement », résume l’élue plaisiroise au sujet des critiques formulées contre le projet. Et de souligner que d’autres projets immobiliers dans la ville avaient soulevé beaucoup de réticences à leurs débuts, avant de finalement convaincre, dont celui de la rue Jules Verne, « où tout le monde se plaignait en disant qu’il allait y avoir des bouchons partout, [or] il n’en est absolument rien ».

La maire tient à insister sur le fait que « toutes les réflexions ont été mises sur la table » et que l’ « on a essayé, dans la mesure du possible, de mettre les promoteurs en face de leurs responsabilités pour répondre aux attentes et aux inquiétudes des habitants », avançant que « dans toutes les constructions que nous avons eues, plus de 60 % des acheteurs sont des Plaisirois ».

S’inscrivant plus largement dans le cadre d’une rénovation du centre-bourg, ce futur ensemble permettrait aussi d’accompagner « une population excessivement jeune qui a besoin d’un parcours d’habitation », d’après l’édile. Parmi les 81 logements, 30 % seront des logements sociaux, fait savoir la maire, qui pense que «  ça aussi, ça doit déranger les voisins ». Elle espère que le recours bloquant le projet « sera levé bientôt et que l’on pourra redémarrer ».