Versailles-Orly en une demi-heure en transport en commun. Ce sera possible grâce à la future ligne 18 du métro du Grand paris Express. Une ligne qui s’arrêtera à Guyancourt et dont les travaux avancent. Une visite de chantier, ouverte au public, s’est tenue le 8 juillet dernier à Guyancourt. « L’objectif, c’est de désacraliser un peu les travaux, montrer aux gens ce qu’on fait, comprendre un peu ce qu’il y a derrière les palissades, car c’est important de savoir, d’échanger, d’écouter les questions, de répondre aux attentes des riverains », explique Laurent Descottes, directeur de projet adjoint à la Société des grands projets (SGP), le maître d’ouvrage.

Cette visite a aussi et surtout permis de constater les évolutions du chantier, notamment depuis le début de creusement par le tunnelier Awa sur la portion située entre Guyancourt et Versailles Chantiers. Parti de Guyancourt en juin 2024 (lire notre dossier du 4 juin 2024), celui-ci est arrivé à Satory le 13 juin dernier. Il a donc déjà creusé 3,8 des 6,8 km de tunnel séparant Guyancourt de Versailles Chantiers et avance à un rythme moyen d’une vingtaine de mètres par jour, selon Laurent Descottes.

Pour le reste, les travaux, lancés officiellement en janvier 2023, en sont, concernant la partie de la ligne située à SQY, « à la fin du génie civil », indique Mélanie Armand, cheffe de projet secteur pour la partie mise au sol et Guyancourt au sein de la SGP. « On a construit l’ouvrage souterrain, donc les prochaines étapes, ce sera de passer sur la partie bâtimentaire, à SQY », précise-t-elle.

« Globalement, tous les travaux sont lancés en génie civil, on a fait à peu près un tiers de la partie mise au sol entre Saclay et [Guyancourt], avec un ouvrage qui est terminé, et en tunnels, on a tous nos sites qui sont en travaux », complète Laurent Descottes. Désormais, « pendant encore une petite année, on va finir le génie civil et on a toute le gestion des matériaux issus du tunnelier qui va rester sur le site et partira dans un an, poursuit-il. Après, on va avoir l’entreprise d’aménagement, qui vient faire les super structures, il y en a 2 ici (sur la future gare de Guyancourt, Ndlr) de part en d’autre de la gare souterraine. Elle va creuser et faire la partie bâtimentaire. »

« Une fois qu’il auront bien avancés, il y aura nos collègues des marchés des systèmes lignes et des systèmes locaux : la plomberie, la ventilation, toute l’électricité … Ils vont aussi venir en interface avec le projet d’aménagement, et ça jusqu’à 2028, continue le directeur de projet adjoint. Ce ne sera pas fini en 2028, mais on va commencer en 2028 des essais pour vérifier que nos équipements fonctionnent, que ça va. Ça fonctionne tout seul, en interaction avec les uns les autres, car nous sommes quand même sur une ligne automatique, il y a quand même des essais en interne sur la gare et après avec le métro, et donc, à l’horizon du 1er semestre 2030, on va avoir des trains qui vont commencer à venir circuler, pour qu’on voie si tout fonctionne en interaction, tous les systèmes, l’arrivée des trains, l’ouverture des façades des quais, tous les systèmes de sécurité. »

Ces 1res circulations s’effectueront sans voyageurs. Une « marche à blanc » qui sera réalisée « 3 mois avant la mise en service, donc au dernier trimestre 2030, fait savoir Laurent Descottes. « L’opérateur va venir tester en vraie grandeur, comme s’il y avait des gens, la totalité du système piloté par notre poste de commande centralisée, qui est à Palaiseau. Là, ils vont vérifier que toute la ligne fonctionne, jusqu’au bout, et une fois que tout ça sera OK et que la marche à blanc aura donné satisfaction, – ça va permettre aussi au personnel de s’habituer à l’exploitation -, il y aura la mise en service, fin 2030 », ajoute-t-il. Les voies ferrées doivent arriver à l’horizon de 2027-2028, « et, autre étape importante, on a un autre bout de tunnel de l’autre côté, qui va arriver fin 2026, début 2027 », tient aussi à souligner Laurent Descottes.

À Guyancourt, le chantier de la construction de la future gare du métro, qui descendra à 17 m de profondeur, en est encore pendant un an en phase de génie civil.

À noter que ce calendrier concerne le tronçon entre Guyancourt et Versailles. Sur l’autre partie de la ligne, plus à l’est, la 1re rame a été livrée en juin dernier au centre d’exploitation de Palaiseau, et les 1ers roulages d’essai sont attendus dès fin 2025, toujours à Palaiseau, tandis que la mise en service est attendus pour fin 2026 entre Massy – Palaiseau et Christ de Saclay. Suivra la mise en service entre Massy – Palaiseau et l’aéroport d’Orly, en 2027, avant donc celle du tronçon entre Christ de Saclay et Versailles-Chantiers.

C’est bien ce dernier tronçon qui passera par Guyancourt, avec la future gare Guyancourt-SQY, qui descendra à une profondeur de 17 m. Un chiffre assez faible car depuis l’Est en direction de Versailles, le métro arrivera sur le territoire saint-quentinois par une tranchée couverte et non totalement en souterrain : au départ d’Orly, la voie souterraine sera empruntée jusqu’à Palaiseau, d’où les rames circuleront ensuite sur un viaduc jusqu’au Christ de Saclay, avant de passer au sol, en tranchée ouverte puis couverte, et de finir en souterrain entre Guyancourt et Versailles.

Ainsi, le métro replongera en prenant la direction de la Cité Royale. Une descente due notamment à la présence des étangs de la Minière sur le trajet. « Comme les étangs de la Minière sont dans un creux, on est passé 15 m en-dessous, donc on est descendu très fortement, et remonté, mais on remonte à une pente inférieure à 5 %, sinon on ne remonte pas avec des rails, explique Laurent Descottes. On est à plus de 35 m à Satory, et au pied, donc on est à plus de 40 m au fond de la gare. »

Jusqu’à 43 m de profondeur exactement pour la future gare de Satory, tandis qu’à Versailles Chantiers, le métro arrivera à 45 m. Concernant les 3 futures stations du tronçon ouest de la ligne (Guyancourt, Satory et Versailles Chantiers), « les structures des gares sont réalisées en paroi moulée ou en paroi parisienne en fonction de leur profondeur. Sur les 8 ouvrages annexes, 4 puits ont été forés dans de grandes profondeurs allant de 50 à 75 m du fait du relief accidenté de la vallée de la Bièvre », évoque la SGP dans un communiqué.

Une petite vingtaine d’entreprises sont mobilisées pour mener à bien le projet sur la ligne. Un projet colossal au coût bien sûr très important. « Le marché du génie civil, qui commence [à Guyancourt] et va jusqu’à Versailles Chantiers, c’est plus de 400 millions, d’après Laurent Descottes. Mais ce n’est que le génie civil, après il y a tous les aménagements, et c’est beaucoup de corps d’état. »

La future gare de Guyancourt-SQY, proche notamment du Technocentre et du futur quartier des Savoirs, devrait être fréquentée par 30 000 personnes par jour. Au total, ce sont 110 000 voyageurs qui devraient emprunter quotidiennement l’ensemble de la ligne 18, qui sera composée de 10 gares (aéroport d’Orly, Antonypole-Wissous centre, Massy opéra, Massy-Palaiseau, Polytechnique, université Paris-Saclay, Christ de Saclay, Guyancourt, Satory, Versailles-Chantiers). Une ligne qui devrait révolutionner les transports en Île-de-France et à SQY et changer la vie de nombreux voyageurs du territoire.

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Toujours opposés à la fermeture du mini-tunnel de la RD 91, les élus de Voisins lancent une pétition

En lien avec la construction de la ligne 18 et dans le cadre de l’aménagement du futur quartier des Savoirs, à Guyancourt, les élus de Voisins-le-Bretonneux n’en démordent pas sur la question du mini-tunnel de la RD 91 reliant Guyancourt à leur commune. S’ils sont favorables à l’arrivée du futur métro, « une chance formidable pour notre territoire », ils s’opposent à la fermeture programmée du mini-tunnel, car celui-ci « fluidifie chaque jour le trafic pour des milliers d’usagers, notamment entre les bassins d’habitat du sud Yvelines, et notamment de la Vallée de Chevreuse, vers les bassins d’emplois du sud et de l’ouest parisien », peut-on lire sur la pétition lancée le 27 juin dernier et mise en ligne sur le site internet de la mairie de Voisins. « Sa suppression provoquera inévitablement une asphyxie routière. Sans oublier qu’aux utilisateurs initiaux s’ajouteront ceux qui se rendront en voiture vers… la nouvelle gare », ajoutent-ils. « Cette avancée majeure et indéniable [que constitue la ligne 18] ne doit pas se faire au prix d’une dégradation de la qualité de vie », résume la municipalité vicinoise, mobilisée depuis plusieurs années sur le sujet (une lettre avait déjà été envoyée et une motion votée en conseil municipal).

Contacté, l’Établissement public d’aménagement Paris-Saclay (EPAPS), aménageur du futur quartier, rappelle que la gare du métro « est positionnée à l’endroit du mini-tunnel » et qu’il est « impossible de faire autrement ». « Cette suppression est donc indispensable. Elle a été décidée depuis plusieurs années, affirme l’EPAPS. Cette gare est le fruit d’une bataille des élus pour l’avoir car le tracé historique ne prévoyait pas d’escale à SQY. Le bénéfice de ce métro est pour toute la région et il contribuera à la diminution de la circulation grâce au gain de temps de cette nouvelle mobilité. »

Mais pour les pétitionnaires vicinois, « le pari d’une baisse importante du flux de véhicules à l’horizon de l’aménagement du futur quartier est un leurre. La réalité, c’est que la fermeture du tunnel entraînera indubitablement des congestions importantes de voitures à Guyancourt et à Voisins avec un trafic de report insupportable dans nos rues et nos quartiers ». Voisins réclame « une expérimentation temporaire grandeur nature de la fermeture du mini-tunnel afin d’en démontrer les effets réels ».