La démarche TACCT (Trajectoires d’adaptation au changement climatique des territoires) « permet d’élaborer une politique d’adaptation au changement climatique de A à Z, du diagnostic de vulnérabilité jusqu’au suivi des mesures et à l’évaluation de la stratégie », indique l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui a, en 2023 et 2024, sélectionné 14 collectivités franciliennes suite à un appel à manifestation d’intérêt. Parmi elles, SQY.
L’Agglomération organisait ainsi, le 11 juin à la Maison des sports de Plaisir, une réunion pour marquer le lancement de cette démarche et diagnostiquer les impacts du changement climatique, en présence de services de SQY mais aussi de partenaires (communauté scientifique, professionnels de la forêt, des milieux naturels et des écosystèmes, représentants du secteur des loisirs et du tourisme, de la santé, syndicats d’énergies, de rivières, acteurs institutionnels, monde économique, enseignement supérieur, bureaux d’études en aménagement urbain et développement durable, associations locales).
« Aujourd’hui, on n’a plus besoin d’expliquer ou d’exprimer les difficultés qui se présentent à nous dans les années à venir pour rapport au réchauffement climatique, on le vit au quotidien, a déclaré en préambule Joséphine Kollmannsberger (LR), maire de Plaisir mais aussi vice-présidente de SQY, chargée de l’environnement et de la transition écologique. C’est quelque chose qui est ancré dans nos politiques publiques, et c’est tant mieux. On s’aperçoit aussi que, au niveau de SQY, c’est une politique transversale et pas uniquement portée par la direction de l’environnement et de la transition écologique, tout le monde s’y met, et c’est tant mieux car on ne pourrait pas de toute façon travailler tout seul, sinon ça resterait quelque chose d’un peu évanescent. »
« On se doit tous de travailler sur ces enjeux, à notre niveau, dans nos domaines de compétences, et c’est cette transversalité qui en fera le succès, a quant à lui martelé Pascal Cazals directeur général adjoint de l’aménagement du territoire à SQY. C’est un travail au long cours, on est en train de lancer ça. Les vulnérabilités, elles sont physiques, sanitaires, sociales, économiques, elles nous concernent tous dans notre domaine de compétence. » En matière d’aménagement du territoire, SQY travaille notamment « sur les centre-villes, les centre-bourgs, car ils sont très minéralisés », soulignera-t-il plus tard lors de la réunion, avant de mettre en avant l’horizon 2050 du TACCT : « Pour le commun des mortels, 2050, c’est très loin, sur un planning électoral c’est encore plus loin […]. Par contre, en matière d’aménagement, c’est demain. Quand on fait un quartier, on le fait à l’horizon 2050. »
Une démarche à l’horizon 2050
Christine Haccard-Mari, chargée de mission développement durable à SQY, en charge du plan climat, a elle aussi relevé la distinction entre atténuation des effets du réchauffement climatique, et adaptation à ce dernier. La 1re consiste à « réduire les courbes d’émission de CO2, donc éviter l’ingérable », tandis que dans le 2d cas, il s’agit de « réduire les impact, trouver des solutions, s’adapter aux conséquences de ce changement climatique, gérer l’inévitable, faire face aux nouveaux impacts de ce changement climatique que sont l’érosion côtière, les sécheresses, les canicules ou les inondations, rendre les infrastructures, les entreprises et les populations plus résilientes, de façon à ce qu’elles puissent anticiper pour pouvoir faire face dans un proche et lointain avenir », explique-t-elle.
Et de continuer : « Ce qui est important également de dire, c’est que c’est là maintenant, tout de suite, qu’il faut commencer à travailler sur l’adaptation au changement climatique […] puisque les conséquences de ce changement climatique sont déjà visibles, et les populations, que ce soit au niveau mondial ou local, en subissent les conséquences. Elle ajoute que cette démarche d’adaptation au changement climatique ne s’effectue pas qu’à l’échelle de l’Agglomération : « L’État a adopté un Plan national d’adaptation au changement climatique en mars 2025, la région Île-de-France a publié son Plan régional d’adaptation au changement climatique en septembre 2022, et la démarche dans laquelle nous nous engageons aujourd’hui s’inscrit très directement dans l’animation du Plan climat-air-énergie territorial (PCAET), que SQY avait voté en mai 2021, et qui sera révisé en mai 2027. »
Pour ce TACCT, SQY s’est notamment rapprochée de BL Evolution, société coopérative de conseil, travaillant à ses côtés pour l’intégration de cet enjeu du dérèglement climatique et sur l’adaptation à ses impacts. Alexandra Watier, consultante transition écologique des territoires chez BL Evolution, a livré quelques données intéressantes relevant l’impact du changement climatique à SQY. Elle a d’abord recueilli des témoignages de participants à la réunion sur des phénomènes qui selon eux, ont bien caractérisé le réchauffement climatique à SQY ces dernières années.
Crues (comme récemment le bassin du Buisson à Magny-les-Hameaux, en octobre dernier), grêle (exemple récent avec, le 3 mai dernier, un épisode de grêle bref mais assez assez fort ayant notamment touché les communes de Plaisir, Les Clayes-sous-Bois et Villepreux, lire notre édition du 13 mai), pluies, sécheresse, ou encore dégradation de bâtiments, ont notamment été mentionnés. Des phénomènes pouvant bien sûr se retrouver sur d’autres territoires.
« On a des conséquences physiques, d’une part – la chaleur, la pluie …–, d’autre part ça touche à nos ressources, notre environnement, notre bâti par exemple, ça touche aussi aux infrastructures – il y a eu des ralentissements de la ligne N dus aux chaleurs estivales par exemple –, les infrastructures ne sont plus accessible quand elles sont sous l’eau donc ça touche aussi aux activités économiques, résume Alexandra Watier. Donc finalement, il va falloir prendre des dispositions pour moins subir ces impacts, et du coup ça prend différentes formes, et on n’a pas une solution magique puisque ça n’est pas un problème qui revêt une seule forme. »
Elle a aussi mis en place des quiz permettant de révéler ou rappeler certains chiffres marquants du développement durable. Elle rappelle ainsi qu’à SQY, depuis les années 50, les températures ont en moyenne augmenté de 2°C. À l’échelle de la planète, l’augmentation est plutôt de 1,2°C. On apprend par ailleurs que le nombre annuel de journées chaudes (température supérieure à 25°C) a doublé des années 50 à nos jours, passant de 25 à 50. La facture liée aux sinistres climatiques a, elle, triplé entre les années 80 et 2020 (source secteur assurantiel).
Et le climat va continuer de se dérégler, engendrant un risque d’augmentation de ce type de phénomène et des coûts qui y sont liés. « Mais le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) nous rappelle […] qu’il faut quand même poursuivre tous les efforts car un monde à +2°C est bien plus vivable qu’un monde à +3°C ou à +4°C », a tenu à souligner Alexandra Watier.
À SQY, le nombre de jours où la température maximale dépasse 25°C s’élève en moyenne à 31 par an. À l’horizon 2050, ce chiffre va quasiment doubler. Entre 1982 et 2024, 145 arrêtés de catastrophes naturelles ont été pris dans l’agglomération (avec en 1er lieu la sécheresse, avec 94 arrêtés). Sur le territoire saint-quentinois, on dénombre 120 décès liés à la canicule entre 2014 et 2022, selon Santé publique France.
« On parle de vies humaines, d’euros, de millions, de milliards d’euros, mais aussi de notre environnement, de loisirs », glisse Alexandra Watier, insistant sur le fait qu’il est urgent d’agir dès maintenant. « Il n’y a pas de baguette magique, mais plus on attend, plus ce sera grave », affirme-t-elle, ajoutant que « ne pas agir coûte 5 à 20 fois plus cher » au niveau mondial. La consultante transition écologique des territoires termine sur « des éléments plus positifs » concernant l’adaptation au changement climatique. Elle assure qu’il y a « des co-bénéfices assez nombreux », comme « un meilleur confort thermique dans son logement, un accès à des espaces verts plus proche de chez soi », une contribution à la baisse des inégalités « si on a des actions fléchées vers des quartiers plus prioritaires en termes de précarité », « des baisses de charges directes », mais aussi de l’innovation car « il y a besoin de réinventer plein de choses ».
Dans le cadre de ce TACCT, SQY bénéficie aussi de l’accompagnement d’un coach, Yohan Gaillard, chef de projet énergie & climat chez Auxilia conseil, association accompagnant à la transition écologique. « L’idée du coach, c’est d’apporter une expertise supplémentaire, challenger le regard sur toutes ces thématiques », avance-t-il.
Prochains rendez-vous liés au TACCT pour l’Agglomération : une conférence le 18 septembre sur le thème « Dérèglement climatique : la science derrière les faits », proposée par le GREC (Groupe régional d’expertise sur le changement climatique et la transition écologique) francilien, et le 2 octobre, une conférence animée par le GREC, sur le thème « Climat et biodiversité ». Suivront 2 ateliers, le 16 octobre sur la sensibilité du territoire de SQY, et le 27 novembre pour la finalisation du diagnostic du territoire. Tous ces rendez-vous se tiendront à l’hôtel d’agglomération de SQY. Et Pascal Cazals de conclure : « Nos efforts ne sont pas vains […] Bien sûr ça ne va pas s’arrêter (le changement climatique, Ndlr), mais notre action peut amener des résultats, et 2050 c’est demain. »