Le rêve est en marche, et Plaisir y croit dur comme fer. Le Plaisir rugby club s’est offert le droit de revenir en 8es de finale de Fédérale 2 et donc de jouer sa montée en Fédérale 1 (pour rappel, toutes les équipes qualifiées pour les quarts sont promues à l’étage supérieur), après le cruel dénouement de la saison dernière qui avait joué en sa défaveur (lire notre édition du 4 juin 2024). Mais dimanche 18 mai, sur la pelouse du Creusot, en Bourgogne, c’est un autre dénouement complètement fou qui a cette fois souri aux Plaisirois, avec un essai à la dernière minute permettant d’arracher la qualification. Certes, Plaisir a été battu par Le Creusot (20-13) lors de son 16e de finale retour, mais, vainqueur à domicile 25-18 à l’aller, le PRC se qualifie au nombre d’essais marqués sur la double confrontation (5, contre 4 pour son adversaire).
« Comme la finalité a tourné pour nous, et par rapport à tout ce qu’on a vécu les 2 dernières saisons en phase finale, c’est une grande joie, une grande libération, surtout qu’à la fin, on marque cet essai libérateur qui nous permet d’être qualifiés sur les 2 matchs, se réjouit l’entraîneur plaisirois, Sébastien Roncalli, joint par La Gazette au lendemain du match. C’est sûr qu’on aurait préféré se qualifier sur les points terrain, mais au final, ça passe comme ça, et je pense que sur les 2 matchs, c’est mérité. »
Mérité, mais compliqué lors de ce match retour, face à un adversaire ayant fini 2e de sa poule lors de la phase régulière. Après 12 minutes, les locaux inscrivaient le 1er essai et se mettaient sur le chemin de la remontada. D’autant que l’essai était transformé et que les 7 points d’avance acquis par Plaisir à l’aller étaient donc déjà effacés. Heureusement, les Plaisirois répondaient par un essai du 3e ligne Martin Gourdon 5 minutes plus tard, puis passaient devant grâce à une pénalité du demi de mêlée Bastien Cheval. Mais un essai transformé à la demi-heure permettait au Creusot de refaire la course en tête de 6 points à la pause (et de revenir à un point sur l’ensemble de la double confrontation).
Le club bourguignon devenait virtuellement qualifié après une pénalité à la 55e minute. Une nouvelle pénalité à 4 minutes de la fin mettait un peu plus la tête sous l’eau des Plaisirois. Mais ces derniers n’avaient pas dit leur dernier mot, et inscrivaient donc l’essai décisif dans les derniers instants grâce à l’ailier Flavien Scherrens, le remplaçant entré en jeu en début de match à la place de Yacoub Beugre, blessé (et incertain pour la suite de la compétition), qui se muait en héros.
Sébastien Roncalli loue d’ailleurs l’état d’esprit de ses troupes. « Mes joueurs ont montré que, encore une fois, ils ont une grande force de caractère, et malgré une rotation dans l’équipe, due à certaines absences, [car] j’ai mon numéro 2 ou mon numéro 10 (Corentin Queau et Thibaud Fautrier, Ndlr) qui attendent des heureux événements, et sur des déplacements comme ça, ils ne peuvent pas le faire. Donc on a rentré des joueurs qui ont vécu cette expérience pour la 1re fois à ce niveau-là. Ils ont su relever le défi, et aller chercher cette qualification en fin de match, ça montre encore une fois la grosse force de caractère de mes joueurs. »
Sans ce sursaut d’orgueil, Plaisir aurait pu le regretter, après avoir manqué les transformations de ses 2 essais, et « en 2e mi-temps, on a quand même eu pas mal d’occasions dans leurs 22 m ou à 5 m de leur ligne, et on a manqué de réalisme et de maîtrise pour finir nos actions », concède Sébastien Roncalli, déplorant aussi « une conquête un peu défaillante au niveau de la touche ».
Mais qu’importe, dira-t-on. À la fin, c’est Plaisir qui peut célébrer sa qualification. Festoyer, mais vite se focaliser sur la suite, d’autant c’est Tours qui se dressera sur la route des Plaisirois en 8es de finale. Un adversaire que Plaisir connaît bien, puisque les 2 équipes étaient dans la même poule, largement survolée par les Tourangeaux. « On les connaît, on les a joués 2 fois, on a perdu 2 fois (31-24 à l’aller à Plaisir, et 18-13 au retour à l’extérieur, Ndlr), de peu mais on a perdu, donc ils partent quand même avec un avantage, reconnaît Sébastien Roncalli. Maintenant, c’est une phase finale, tout peut arriver, et nous, on va jouer notre chance à fond. » L’aller se jouera le 25 mai à Plaisir, au stade Barran (coup d’envoi 15 h), et le retour le 1er juin à Tours. Avec au bout, peut-être, un exploit plaisirois. C’est le prix à payer pour monter en Fédérale 1, après avoir touché cet objectif du doigt la saison dernière.
« On est déjà très satisfaits de pouvoir vivre ce match de montée, qui n’était pas assuré par rapport à l’année dernière, estime Sébastien Roncalli. On était plus dans la difficulté avec pas mal de blessures sur l’année, et des joueurs qui ne vont reprendre que l’année prochaine car ils ont de grosses blessures. Le point positif, c’est que ça a aguerri d’autres joueurs, ça a permis à d’autres joueurs de grandir. » En tout cas, il n’y aura pas de sentiment de revanche par rapport à l’année dernière, selon l’entraîneur : « Je ne dirais pas ça. Les joueurs avaient déjà bien évacué cette déception, car c’est quand même une très belle saison, et le fait de gagner sur un scénario comme ça [au Creusot], ça inverse un peu les choses, et du coup, ça nous met quand même en confiance et dans le bon axe de travail pour recevoir Tours dimanche. »
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