Réforme du bac, Parcoursup, le Service national universel (SNU), les jeunes avaient de quoi montrer leur mécontentement fin 2018. Une escalade de violence avait eu lieu du côté de Mantes-la-Jolie et les policiers étaient intervenus à proximité des lycées mantais Saint-Exupéry et Jean Rostand. Trois membres des forces de l’ordre avaient alors interpellé environ 150 personnes, âgées de 12 à 20 ans, dans des conditions particulières puisqu’ils avaient été agenouillés, dos au mur pour certains, les mains sur la tête, devant l’entrée des Restos du cœur, dans un jardin attenant à l’Agora. La scène avait été filmée et l’auteur de la vidéo l’avait publié accompagnée d’un message digne d’un prix Nobel : « Voilà une classe qui se tient sage ! On pourra montrer ça à leurs profs parce qu’ils n’ont jamais vu ça. »

Cela avait provoqué une vive réaction de la part des professeurs. Ceux du lycée Saint-Exupéry avait d’ailleurs indiqué par communiqué : « On n’éduque pas les élèves par l’humiliation physique et psychologique. […] Comment voulez-vous que ces jeunes aient confiance dans nos institutions avec de tels agissements ? » En face, le préfet des Yvelines de l’époque, Jean-Jacques Brot, leur avait rétorqué sur RTL que « la réponse des forces de l’ordre a été proportionnée ». Il avait trouvé toutefois « lamentable » que la scène ait été filmée et diffusée.

Suite à cet événement, une première enquête avait été menée par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) en février 2019. Mais comme le rappelle Le Parisien, celle-ci avait été classée sans suite cinq mois plus tard. En effet, les examens médicaux des médecins légistes n’avaient pas pu confirmer « les violences aggravées » que dénonçaient certains mineurs. Finalement en 2020, la juge en charge de l’instruction de l’affaire au tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) s’était estimée incompétente, le tribunal de Versailles se voyait donc refiler la patate chaude.

Un mépris pour les uns, une victoire pour les autres

Au moins sept lycéens avaient porté plainte avec constitution de partie civile pour les motifs suivants : atteinte arbitraire à la liberté individuelle et violence par personne dépositaire de l’autorité publique. Une enquête était aussi ouverte contre X pour « torture » ou « acte de barbarie » par une personne dépositaire de l’autorité publique. Les trois policiers étaient quant à eux placés sous le statut de « témoin assisté ».

« Dans de telles circonstances, le maintien des personnes interpellées, à genoux puis assis, dans l’attente du transport (…) poursuivait un but légitime (…) et était nécessaire et proportionné », a estimé le juge dans l’ordonnance de non-lieu consultée par l’AFP. Le juge d’instruction indique également que quatre des plaignants présentent un « retentissement (psychologique) modéré ».

L’avocat des policiers, Me Louis Cailliez, s’est montré plus que satisfait. « Mes clients sont évidemment soulagés que justice leur soit rendue, plus de six ans après les faits », a-t-il indiqué à l’AFP. Dans le camp d’en face, on souhaite déjà faire appel. « Quand on ne fait pas les actes d’enquête nécessaires à la manifestation de la vérité, on aboutit évidemment à un non-lieu » s’est offusqué le représentant des lycéens, Me Arié Alimi, à l’agence d’information globale.

CREDIT PHOTO : DR