À l’institut MGEN de La Verrière, regroupant des activités de gériatrie et de santé mentale, la colère gronde chez certains salariés. Ces derniers prévoient, à l’appel d’une intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CGT, Unsa), une grève le 5 novembre prochain (dans le cadre d’un mouvement social national au sein du groupe), pour protester contre le transfert d’activité à venir au groupe VYV3.
« On sait depuis juin 2023 que la MGEN va céder 35 de ses établissements, sur différentes régions, explique, contacté par La Gazette, Gilles Fouache, délégué syndical CFDT au sein de l’établissement de La Verrière. Depuis juin 2024, nous sommes en négociations pour aller vers un accord de transition qui serait plus favorable que la loi le prévoit au niveau de ces transferts d’activité. A l’heure d’aujourd’hui, les avancées sont très restreintes. »
Des avancées « très restreintes »
Il évoque ainsi un risque de perte d’acquis sociaux tels que des primes d’intéressement, le Perco (Plan d’épargne pour la retraite collectif), des jours de carence, des primes de transport, d’ancienneté, le Cesu (Chèque emploi service universel), « et aussi des pertes sur la hauteur des cotisations au niveau de la prévoyance, et concernant également la complémentaire santé ». « Et puis, dans beaucoup de régions, […] il y a la perte des RTT », ajoute-t-il. Et le site de La Verrière, où travaillent environ 500 salariés, est concerné.
Yannick Tanguy, élu CSE (Comité social et économique) au sein de ce syndicat, et brancardier – « l’une des plus basses tranches de rémunération » – sur le site de La Verrière, illustre les conséquences redoutées d’un tel transfert d’activité : « Les prestations sociales, c’est plus de 30% de mes revenus. Ça représente des sommes qui montent entre 3 000 et 4 000 euros de prestations à l’année, tout cumulé. ». « Effectivement, on ne perdra pas de revenu. Moi, mon salaire va monter au contraire, admet-il. Mais je n’aurai plus du tout de chèque vacances, de prime essence, je n’aurai potentiellement plus de RTT, et à l’heure actuelle, le nouvel employeur ne propose pas d’accord satisfaisant […], et les dates avancent. Dans très peu de temps, on n’aura plus la possibilité de négocier. »
Les négociations doivent se terminer le 13 novembre. Si les syndicats n’obtiennent pas d’avancées qu’ils jugent satisfaisantes, ils envisagent une reconduction du mouvement. « Si la MGEN refuse de poursuivre [les négociations] ou si le résultat n’est pas à la hauteur, il y aura une poursuite du mouvement et malheureusement un désinvestissement des professionnels », prévient Gilles Fouache.
De son côté, la MGEN rappelle avoir en 2017 « cofondé le groupe VYV aux côtés de plusieurs acteurs de l’économie sociale et solidaire ». Concernant les conséquences pour les salariés, elle tient à rappeler qu’« il existe des différences de statuts entre les salariés travaillant pour MGEN qui bénéficient d’un statut unique et les salariés des structures régionales VYV 3 qui bénéficient d’un statut social propre à leur structure régionale ».
« Pour garantir un traitement équitable des salariés transférés, une négociation nationale pour un accord de transition est en cours. Alors que ce n’était pas une obligation, MGEN a fait le choix, en concertation avec les employeurs VYV3, de sécuriser au maximum les salariés MGEN qui seront transférés en négociant avec les organisations syndicales en amont du transfert », souligne le groupe mutualiste.
La MGEN tient aussi à rassurer sur le fait que « le transfert des salariés se fait à effectifs constants et une place sera garantie pour tous les collaborateurs MGEN au sein des structures régionales VYV 3 », que « le projet n’entraînera aucun départ contraint pour motif économique au moment du transfert, » et qu’« il n’y aura aucune mobilité géographique contrainte au moment du transfert et la rémunération des salariés est garantie après le transfert ».
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