Le cauchemar sur tous les plans. L’Étoile sportive des cheminots de Trappes-Saint-Quentin-en-Yvelines (ESCTSQY). En plus d’un conflit ouvert avec le maire de Trappes, Ali Rabeh (Génération.s), qui se poursuit, notamment sur le plan judiciaire (avec notamment une nouvelle plainte qui va être déposée par le club contre le maire), le club de basket vit un début de saison chaotique sur le plan sportif dans son championnat de N3 masculine. Les matchs se suivent et se ressemblent pour les Trappistes avec des défaites aux allures de correction, la dernière en date le 26 octobre à domicile face à Bihorel (106-46), 2e au classement. Avec 6 revers en autant de rencontres, Trappes est dernier de sa poule de 14 équipes.
Interrogé la semaine dernière, le président du club, Jacques Michelet, a reconnu que le climat ambiant rejaillissait « totalement » sur l’ensemble de l’équipe. « Par exemple, Monsieur Rabeh nous a interdit d’entraînement, les équipes n’ont pas pu s’entraîner pendant très longtemps, et le mois d’août n’a pas pu être utilisé pour la préparation », poursuit-il.
Il avoue aussi que dans une telle situation, les joueurs ont pu faire preuve d’une certaine démobilisation : « Aujourd’hui, les joueurs, dont quelques uns sont nouveaux, sont extrêmement inquiets et se posent des questions sur le capacité de tenir le championnat. C’est normal. Nos affirmations, ils les entendent, bien sûr, mais il est raisonnable de leur part de nous faire une confiance relative, je comprends totalement ça, car nous-mêmes, nous avons des choses engagées, mais tant qu’elles ne sont pas confirmées par les signatures et par des actes, elles ne restent que des engagements et pas des réalités. Donc il est évident que notre équipe est complètement démobilisée. Les résultats ne reflètent pas du tout la valeur intrinsèque de ce groupe. Je pense vraiment que la résolution des problèmes de fonds, autrement dit la tranquillité sportive retrouvée, les résultats vont également s’inverser ».
D’autant que l’équipe a aussi dû, dans ce contexte, faire face à l’intersaison au départ de Steeve Essart, qui entraînait le club depuis 2022. « [Il] était prévu pour cette saison. Quand il a vu la situation dans laquelle nous étions, et compte tenu de la réputation qu’il a acquise par le travail réalisé dans le club de Trappes, il a eu des propositions, auxquelles nous lui avons dit ‘‘Tu y réponds, on ne peut pas t’assurer une régularité de revenu actuellement, ce n’est pas possible’’ », évoque Jacques Michelet. C’est donc Nacer Belgacem, le directeur sportif, qui a repris en main l’équipe fanion, « et nous sommes en discussions pour recruter un nouvel entraîneur », annonce le président.
Orphelin de son coach, le club l’a aussi été de gymnase lors de la 2e journée de championnat, le 21 septembre dernier. Le match prévu face a Beauvais a été annulé en raison d’une fermeture du gymnase Mahier par la municipalité « suite à un gros problème technique » et à l’impossibilité de mettre a disposition le gymnase Broustal « car il doit s’y dérouler une compétition d’escrime », évoquait le club sur Facebook. L’ESCTSQY affirme avoir été prévenue au dernier moment de cette annulation et a déposé une réclamation suite à la décision de la Fédération française de basketball (FFBB), qui lui avait donné match perdu sur tapis vert. « Vous mentionnez à tort qu’aucun justificatif n’a été demandé à la municipalité concernant ce problème technique », proteste le club dans un courrier adressé à la Fédération, ajoutant que la correspondante de l’ESCTSQY a reçu « le vendredi soir à 22 h 04 (le match devait se dérouler le lendemain soir, Ndlr) l’information que le gymnase serait fermé. »
Privé de gymnase, le club l’a aussi été pour ses entraînements, en tout cas concernant son équipe 1re, mais a trouvé refuge dans la commune voisine de La Verrière pour ses séances. La Verrière, l’ESCTSQY y était aussi pour le forum des associations, le 14 septembre, alors qu’à celui de Trappes, la municipalité ne lui a pas accordé de stand.
Un 2e club de basket à Trappes ?
Les autres équipes du club continuent elles de s’entraîner à Trappes, « mais avec difficulté, car il y a diminution des créneaux d’entraînement, ce qui fait que l’on doit faire des choix, et c’est la 1re fois que nous limitons nos effectifs de façon à pouvoir entraîner tout le monde », souligne Jacques Michelet. Le président laisse aussi entendre, en prenant des pincettes, que le maire aurait poussé pour obtenir la création d’un 2e club de basket dans la ville : « Depuis l’ouverture de la saison, il a créé apparemment, car ce n’est pas quelque chose d’affirmé, un 2e club avec nos anciens, qui se sont laissés impressionner par le discours du maire. Mais on ne sait même pas dans quel championnat ils sont. Toujours est-il que ça leur a permis de nous retirer des créneaux d’entraînement. »
Dans ce contexte chahuté en dehors du terrain et malgré une saison sportive compromise, le club tente de voir l’avenir sereinement. « C’est une situation très transitoire. Nous avons pris les dispositions qui vont nous permettre de rebondir. Cela est maintenant acquis, assure même Jacques Michelet, évoquant notamment des contrats avec « non seulement des financeurs, mais également pour avoir les moyens matériels, des salles d’entraînement et de match ». « Je suis vraiment confiant, martèle le président. Nous avons répondu à chacune des décisions qui devaient se traduire par notre dépôt de bilan, par l’arrêt de l’association. Ce n’est pas maintenant que nous avons résolu tous ces problèmes, que nous allons céder. Et nous avons déjà rassemblé des moyens pour assumer cette crise. »
En attendant, à défaut de compter sur une subvention municipale, le club a pu en toucher une de la part de SQY. Un soutien de 18 000 euros voté lors du dernier conseil communautaire, le 26 septembre, suite à des débats une nouvelle fois houleux entre majorité et opposition, ayant débouché sur un vote à bulletins secrets lors duquel l’aide au club de basket a été approuvée de justesse, avec 32 voix pour, 29 contre, 8 abstentions et un « Ne prend pas part au vote ».
Le club, lui, doit encore poursuivre sa saison et tenter d’obtenir sa 1re victoire le plus vite possible. Pourquoi pas dès le prochain match, ce samedi 2 novembre sur le parquet de Gravelines Grand Fort, une équipe elle aussi du bas de classement.
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