Dans la nuit du 28 au 29 juin 2023, à La Verrière, l’école élémentaire du Bois de l’étang et l’école maternelle des Noës partaient en fumée. Cet incendie criminel, survenu dans un contexte de violences urbaines liées à la mort de Nahel (même si l’incendie des écoles en question n’a rien à voir mais est lié à un désir de vengeance personnelle des malfaiteurs, lire notre édition du 28 novembre 2023), a incité la municipalité à enclencher un projet de reconstruction d’un nouveau groupe scolaire dans le quartier du Bois de l’étang, dont elle a délégué la maîtrise d’ouvrage au Département. Un projet qui est entré dans une nouvelle étape à la fin du mois dernier avec le vote, à l’unanimité lors du conseil municipal du 29 septembre, de l’approbation du lauréat du jury de concours pour la conception réalisation dans le cadre de la reconstruction du groupe scolaire.

Le maire, Nicolas Dainville (LR), en a d’ailleurs profité pour rappeler les procédures avant le début du chantier : « Le jury de concours [composé d’élus de La Verrière, du Département, d’architectes, et de représentants de la préfecture et de l’Éducation nationale] suggère un lauréat, qui doit être approuvé en CAO (Commission d’appel d’offres, Ndlr). La CAO a eu lieu, et après, il y avait un temps de recours. Donc on n’avait absolument rien le droit de dire. […] Il y a quand même eu tout un travail avec les parents d’élèves lors des concertations du Bois de l’étang, un travail avec l’Éducation nationale, puisqu’on les a rencontrés. »

Le futur groupe scolaire du Bois de l’étang accueillera 15 classes. Les maternelles seront au rez-de-chaussée et les élémentaires à l’étage.

Ils étaient au départ une quinzaine de candidats pour porter le projet. Le jury de concours en a retenu 5, puis, le 11 juillet dernier, en a préconisé un. Et les violons étaient visiblement accordés à leur choix. « L’Éducation nationale était représentée lors du jury de concours, et ils ont eu le même choix que nous, comme d’ailleurs le choix de l’État, qui est conforme à celui de l’ensemble des élus de la Ville », selon le maire.

Parmi les élus verriérois ayant pris part au jury de concours, certains étaient membres de l’opposition. Mais ils ont aussi approuvé le projet, à l’image de Christian Bourgoin, du groupe La Verrière en commun (celui de l’ex-maire communiste Nelly Dutu). « J’ai participé au jury et à la CAO. C’était le projet qui nous a semblé le plus adapté, a-t-il déclaré lors du conseil municipal. Il y avait 5 projets retenus, et sur les 5, il y en avait déjà 3 qui avaient les classes de maternelle à l’étage, et ça, ce n’est pas tellement viable, y compris pour les gamins et le personnel. Et celui-là (le projet lauréat, Ndlr), il rentrait aussi dans les clous financiers. Donc il avait tous les avantages. Et c’était le seul qui ne ressemblait pas à une usine. »

Ainsi, dans le projet sélectionné, les maternelles seront au rez-de-chaussée, et les élémentaires à l’étage. Il y aura 15 classes au total. Un aspect important, qui a pu conduire à opter pour ce projet et à en exclure d’autres.

« Il y avait des projets qui ne nous correspondaient pas, soit d’un point de vue architectural car ils étaient extrêmement massifs, soit car ils n’avaient rien à voir avec une école […], soit car ils étaient trop chers […], et car même si ce n’est pas mentionné clairement dans le cahier des charges, cette école cochait énormément de cases », explique Nicolas Dainville.

Et de poursuivre : « Le fait que les maternelles soient toutes en rez-de-chaussée, ça a été pour nous important, [et aussi] le fait que d’un point de vue architectural, on marque vraiment l’édifice comme une école. Je rappelle que l’école [du Bois de l’étang] a été brûlée comme une vulgaire poubelle. » L’édile met ainsi en avant l’importance « de sanctuariser l’école, avec un peu un style Jules Ferry, un style d’école républicaine, qu’on remet au milieu de notre quartier pour diffuser l’excellence, pour diffuser le savoir, avec l’Éducation nationale qui va faire de ce lieu une école d’excellence aussi sur la thématique des sciences, il y a tout un projet d’excellence académique en lien avec cette excellence architecturale ».

Il mentionne notamment la façade avant de l’école, avec une cour d’honneur permettant « d’accueillir des enfants, des parents, qui fait référence aussi un peu à Henri IV ». « L’excellence parisienne, pourquoi ne l’avoir qu’à Paris ? Pourquoi pas chez nous à La Verrière ? Et je ne voulais surtout pas d’une école stéréotypée banlieue, car beaucoup disaient qu’il faut une architecture ‘‘de quartier’’, pour avoir une école très colorée, rectiligne, carrée, pour correspondre un peu aux tours, affirme-t-il. On a fait le choix de se dire qu’en matière d’éducation nationale, de rappeler ces belles écoles qu’on peut avoir dans des belles villes aux alentours, de l’avoir chez nous, c’est important et ce n’est pas du tout du pastiche. »

Une architecture se voulant esthétique, mais aussi pratique, « avec un aspect très végétalisé et des corridors couverts qui permettent aux parents d’accompagner les enfants sans prendre la pluie, de pouvoir stationner un peu devant, expose Adélaïde Lopes, adjointe à l’éducation. Visuellement, [on aura] un fronton qui parle, c’est une école qui en impose mais sans être massive, mais on a un lien avec le fait que c’est une école de la République. »

Ces éléments semblent satisfaire Jean-Yves Blée (DVG), élu d’opposition, du groupe Ensemble La Verrière citoyenne : « Ça va donner quelque chose d’important pour notre ville. C’est important que l’école soit représentative de la République, de ce qui se fait ailleurs. Il n’y a pas qu’à Versailles qu’on peut avoir de jolies choses, c’est bien de l’avoir aussi à La Verrière, et je pense que pour les habitants de La Verrière, et de ce quartier, ce sera très valorisant. »

« Après, la question des matériaux va se poser, il faut que ce soit des matériaux nobles », poursuit-il toutefois. Sur ce point, Nicolas Dainvile évoque de la tuile, du zinc, ainsi qu’une « ossature bois (à l’instar de ce qui se fait dans d’autres communes comme Plaisir avec le groupe scolaire Saint-Exupéry lire notre édition du 1er octobre, Ndlr), c’est extrêmement innovant, avec des structures qui sont parfois préfabriquées, à assembler, et qui permettent de réduire au maximum les délais ». L’école sera aussi pensée pour être exemplaire d’un point de vue environnemental et en termes de consommation énergétique, assure le maire, listant des éléments comme des îlots de fraîcheur, ou encore une cour oasis.

Pierre Gerboin, conseil municipal d’opposition du groupe La Verrière en commun, a lui semblé sceptique concernant notamment les cours de récréation : « J’ai le sentiment que l’espace total de cour, rapporté à la surface totale, est très faible. Et il est bien moindre par rapport à ce qui existait jusqu’à présent, puisqu’on avait deux écoles. Il est bien moindre que ce qui existe aujourd’hui à Orly parc. »

« Les aspects extérieurs vous paraissent peut-être un peu petits, mais pas du tout, car ils sont sur plusieurs articulations, répond Adélaïde Lopes. Ils sont séparés en plusieurs endroits, avec des endroits spécifiques pour faire des jardins pédagogiques, […] un jardin pédagogique pour la maternelle, un jardin pédagogique pour l’élémentaire, et tout l’espace central qui s’articule autour du centre de loisirs, qui n’est pas un espace de récréation ou de pause, mais vraiment un espace à investir pour faire du travail autour de la terre. […] Elles ne sont pas petites [les cours], on ne se rend pas bien compte de la superficie, mais sont avec des espaces dédiés qui vont permettre de mettre, si l’Éducation nationale a envie, des endroits pour le banc de l’amitié, un endroit pour le banc calme , un endroit pour le banc papotages et bavardages, ça va permettre vraiment d’investir les cours de récréation. »

« Les cours, c’est dans la moyenne de ce qui se fait pour les maternelles ou l’élémentaire, abonde Fouzi Moussa, adjoint aux travaux et à l’urbanisme. Il y a un espace de jeux, le city stade, qui est [à proximité du futur établissement] et qui pourrait être exploité par l’école. […] Là, ce dont on est en train de discuter, c’est des petits ajustements pour se raccrocher avec le gymnase, par exemple, comment accéder au gymnase sans avoir à sortir de l’école. »

« Cette école, c’est une nouvelle école, on ne la reconstruit pas à l’identique, on construit différemment, résume Adélaïde Lopes. On redémarre vraiment sur une nouvelle école, un nouveau dynamisme, et on sait que l’Éducation nationale est pleinement engagée, en lien avec la préfecture, pour repartir vraiment d’une page blanche […], et on vous offre une magnifique école avec tout un projet, un investissement pour l’Éducation nationale et tous les professeurs, pour vous offrir le meilleur de ce qu’on peut offrir. Donc c’est vraiment un beau projet. »

Un projet dont le coût avoisine les 25 millions d’euros, comme nous l’évoquions dans un précédent article. La livraison est prévue pour septembre 2026. « C’est à marche forcée, jamais le Département n’a signé de contrat aussi rapidement », souligne Nicolas Dainville. « L’école sera sortie pour la rentrée 2026, mais tout ne sera pas fini, précise toutefois l’édile. Il y aura la maison du gardien qui sera devant, et qu’il faudra démolir, mais le gardien aura son nouvel appartement accessible. Il y aura également la maternelle actuelle, […] qui devra aussi être démolie. »

CREDIT PHOTOS : A5A Architectes