Le 1er octobre, le Premier ministre, Michel Barnier, demandait notamment lors de sa déclaration de politique générale, un effort supplémentaire aux collectivités territoriales. 5  milliards d’euros d’économies, dans le but de contribuer à faire passer le déficit public de la France de 6,1 à 5 % en 2025. Ce qui passe mal auprès de nombreux élus locaux, qui se disaient déjà mis à mal par plusieurs décisions de l’État ces dernières années (baisse de la dotation globale de fonctionnement , suppression de la taxe d’habitation …). Le maire Génération.s de Trappes, Ali Rabeh, a interpellé le locataire de Matignon en lui adressant un courrier. « Votre décision de faire porter 5 mil-liards d’euros d’économies sur les collectivités locales achève, Monsieur le Premier ministre, de me mettre en colère, écrit notamment l’édile trappiste dans cette lettre datée du 8 octobre. Non seulement parce qu’elle rendra l’exercice plus difficile, mais surtout parce qu’elle adresse à nos concitoyens un message exécrable sur leurs élus et les services publics locaux. »

«  Si notre pays a tant tenu pendant le Covid alors que les services de soins avaient été considérablement fragilisés, c’est grâce à l’action de proximité des collectivités locales pour prendre soin des plus fragiles, jusqu’à organiser parfois les campagnes de vaccination, poursuit l’élu dans sa missive. Si notre pays a tenu lors des révoltes urbaines de 2023, c’est parce que des maires, des médiateurs municipaux, des agents techniques, ont assuré une écoute et une réparation permettant aux villes de se reconstruire matériellement et psychologiquement. Si notre pays tient encore alors que l’école s’affaiblit, que les transports s’éloignent, que la Poste ferme ses bureaux, que la température devient insoutenable dans les bâtiments vieillissants, c’est parce que des acteurs de terrain continuent de compenser la désertion de l’État par des politiques locales de solidarité, d’investissement écologique, de proximité. »

Selon le maire de Trappes, ce « coup de rabot qui pourrait être celui de trop », risque de se faire au détriment d’un certain nombre de services municipaux dans différents domaines.
«  Comment devrai-je, Monsieur le Premier ministre, aller chercher ces économies, interroge ainsi Ali Rabeh. En supprimant le soutien scolaire municipal, qui vient remettre un peu d’égalité dans une École incapable de mettre un enseignant en face de chaque classe ? En supprimant les patrouilles nocturnes de notre nouvelle brigade de police municipale, qui compensent la présence insuffisante de la police nationale ? En augmentant les tarifs des repas à la cantine, au centre de loisirs, aux activités pour les seniors, pour des habitants précaires qui sont à l’euro près ? »

Pour trouver 5 milliards d’euros, l’élu suggère au Premier ministre de mettre en place des mesures comme le rétablissement de l’ISF, « dont la suppression équivaut à ce montant » ou encore de revenir sur le CICE. « Il est facile de louer le dévouement des élus locaux […]. Il l’est manifestement tout autant, pour vous, de leur enfoncer un peu plus la tête sous l’eau, alors que les démissions de maires se multiplient face à l’ampleur de la tâche et que les communes, soumises à la règle d’or budgétaire, sont pour-tant loin d’être la cause du déficit de la France », estime Ali Rabeh.

Pour rappel, Michel Barnier avait aussi précisé que les communes les plus fragiles seraient préservées. Sont concernées par les décisions du Premier ministre seulement celles avec un budget de fonctionnement de plus de 40 millions d’euros. Mais Trappes en fait partie.


Les associations d’élus locaux s’inquiètent aussi

Le nouvel effort financier demandé par Michel Barnier aux collectivités inquiète les élus locaux. L’Association des maires d’Île de France (Amif) et l’Association des petites Villes de France (APVF) ont réagi dans un communi-qué au projet de loi de finances 2025 évoqué par la Premier ministre. D’autant qu’elles chiffrent la contribution nécessaire à 6,5 milliards d’euros plutôt que les 5 milliards annoncés. Réunie le 9 octobre à l’initiative de son co-référent dans les Yvelines, Jean-Baptiste Hamonic (MoDem), également maire de Vil-lepreux, l’APVF estime que s’il est « absolument nécessaire de redresser les comptes de la nation », l’ effort demandé aux collectivités « est disproportionné » et ne doit pas se faire au détriment de leurs investissements. « Ces coupes budgétaires drastiques et de court-terme vont mettre à l’arrêt de nombreux projets permettant pourtant de réduire les fractures sociales, d’adapter les territoires au changement cli-matique et de préserver la qualité des services publics locaux », résume de son côté l’Amif, demandant, comme l’APVF, au gouvernement de « revoir sa copie ».


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