Voilà, c’est fini, comme le dit la chanson. Si les Jeux paralympiques ne sont pas encore terminés, ils le sont à SQY. De nouveau concerné par ces 1ers Jeux paralympiques d’été en France, le territoire saint-quentinois l’était cette fois uniquement pour le Vélodrome national, qui accueillait les épreuves de para cyclisme sur piste. Quatre jours qui ont, entre l’ambiance et les bons résultats de la délégation tricolore, procuré d’intenses émotions.
Bilan « exceptionnel, tant dans la fréquentation, dans l’ambiance, que sur le nombre de médailles »
Tout a commencé le 29 août, au lendemain de la cérémonie d’ouverture. Deux jours après le passage de la flamme dans ce même Vélodrome (lire notre article page 6), étaient donnés les 1ers coups de pédale et décernées les 1res breloques, et ce jusqu’au 1er septembre donc. La France en aura remporté sept au total – trois en or, deux en argent et deux en bronze – , terminant 3e nation dans la discipline derrière la Grande-Bretagne et la Chine. Un bien meilleur bilan qu’aux JO où seul le titre olympique de Benjamin Thomas avait sauvé l’honneur français en cyclisme sur piste. Le para cyclisme sur piste a lui vu chaque jour le drapeau bleu-blanc-rouge être hissé sur le podium. Et donc même à trois reprises sur la plus haute marche.
Parmi les para pistards tricolores ayant marqué ces Jeux, Marie Patouillet aura ouvert et fermé le compteur français. Pour son dernier tour de piste, la coureuse de 36 ans, victime d’une malformation du pied gauche à la naissance, a d’abord remporté l’argent sur le contre-la-montre 500 m, avant trois jours plus tard de s’adjuger une finale 100 % française face à Heïdi Gaugain, pourtant favorite. Cette dernière devra se contenter de l’argent, très déçue sur un podium marqué par le malaise de Marie Patouillet.
« Dans les coursives, je n’étais déjà pas bien, a raconté en zone mixte, après avoir repris un peu de forces, celle qui avait déjà décroché deux fois le bronze à Tokyo. Je me suis dit ‘‘C’est ce que j’ai ressenti sur les podiums de Tokyo, mais à Tokyo, j’avais des fourmillements, ça a tenu, ça va tenir’’. Il n’y a rien du tout qui a tenu, je me suis juste dit ‘‘Il faut que je le dise’’, sinon ça allait finir en malaise et il me reste quand même la route à faire (les épreuves de para cyclisme sur route se tiennent du 4 au 7 septembre, Ndlr), et ce serait bête de faire un sur-accident sur un malaise. […] On aura vécu je pense une Marseillaise contre le protocole. […] Je pense qu’il y a la chaleur, les émotions, l’effort physique, quand on fait une finale on y va avec ses tripes, avec tout ce qu’on a, voire même plus, c’est-à-dire avec le public, et là, je crois que le public m’a emmenée au-delà de ce que moi je pouvais faire. »
Difficile donc de savourer pleinement le 1er titre paralympique de sa carrière. « Je ne réalise pas, déjà car il y a eu ce malaise post finale, et car dans ma tête, Heïdi était favorite. Elle avait fait un chrono tellement énorme ce matin que moi, je m’étais dit ‘‘Fais ce que tu sais faire, aucun regret, c’est tes derniers tours de piste, il faut qu’ils soient magiques, il ne faut pas que ce soit à demi-teinte ou que tu baisses les bras avant la fin, juste ‘‘Appuie, appuie, appuie’’, et c’est ce que j’ai fait. »
À SQY, Marie Patouillet est aussi entrée dans l’histoire en devenant la 1re femme française médaillée d’or paralympique en para cyclisme. « Oui, je sais, et j’avais râlé après Tokyo, a-t-elle répondu aux médias. Je pense qu’il y a des stéréotypes qui sont là,bien ancrés et qu’il y a tout un travail de déconstruction à faire. […] Mais tant qu’avec espoir et un esprit positif, on essaie de faire bouger tout ça, on les aura les médailles d’or. »
Autre Français star de sa discipline et ayant répondu aux attentes, Alexandre Léauté a été titré en poursuite et médaillé de bronze sur le kilomètre. « C’est magique, a-t-il réagi après son sacre au micro de France télévisions. C’était tellement dur, j’en ai tellement bavé pour arriver là que cette médaille, c’est tout, c’est moi, l’encadrement … Il y a tellement de gens qui me soutiennent et qui m’accompagnent et ils ne vont pas être sur le podium, que j’aurai une grande pensée pour eux et pour tout le collectif para cycliste qui est venu me soutenir en bord de piste. » Celui qui est handicapé à 95 % du côté droit de son corps suite à un AVC à la naissance n’a pas non plus manqué de saluer lui aussi le public incandescent de SQY : « S’ils n’avaient pas été là, je ne suis pas sûr que j’aurais tenu jusqu’au bout. »
Au lendemain du 2e titre paralympique de sa carrière après Tokyo, Alexandre Léauté a été imité par Dorian Foulon, lui aussi en or sur la poursuite, dans une autre catégorie. « Le dernier tour, c’était très dur, l’Ukrainien était très fort, je n’avais même plus les temps […]. Ça s’est joué dans la tête, et avec le public, je ne faisais que de tendre les deux oreilles pour que ça me pousse », a déclaré sur France télévisions après la finale le coureur de 26 ans, né avec un pied bot.
Tous, auquel on peut ajouter Gatien Le Rousseau, médaillé de bronze en poursuite, évoquent le soutien du public. Ce dernier a mis le feu, hurlant ses encouragements à chaque épreuve mettant en lice un ou des Français. Parmi les supporters tricolores rencontrés par La Gazette au Vélodrome, Emmanuel, venu seul profiter de la dernière journée au sein du site saint-quentinois. « C’est très bien je me régale, se réjouissait-t-il quelques quelques minutes avant le début des finales du jour, lui qui était aussi allé voir d’autres épreuves olympiques mais aussi paralympiques. Je trouve que c’est tout aussi bien que les JO, vous avez des performances remarquables. »
Rosalie et Léo (frères et sœurs, ils ont aussi été bénévoles sur d’autres sports durant les JO et les paralympiques), accompagnés de Victor, sont tout autant ravis. « Il y a de l’ambiance partout, à chaque fois qu’il y a un Français qui passe, ça fait comme une ola avec la voix », affirme la 1re citée.
Les spectateurs Français ont donné de la voix, mais pas que. Des drapeaux Italiens, Irlandais, Britanniques, Allemands, Japonais ou encore Danois ont été aperçus dans les travées du Vélodrome. Parfois, il s’agissait de famille des coureurs, comme Matteo, Sofia, Anna-Lou, Mathilde, Alessandra et Laura, venus encourager l’Italienne Claudia Cretti, qui perdra la finale pour le bronze quelques minutes plus tard en poursuite. « C’est très excitant », juge le 1er cité. « On ne vit pas tous les jours une ambiance de ce genre, c’est très beau de voir toutes les personnes impliquées, qui supportent leur équipe. C’est unique car tout le monde n’a pas la possibilité de venir là », poursuit la 2e.
Un public chaud bouillant dans des tribunes pas loin d’être pleines. Rien à voir donc avec les tribunes qui sonnaient creux lors des Mondiaux de para cyclisme sur piste ici-même il y a deux ans. « Le bilan est exceptionnel, tant dans la fréquentation, dans l’ambiance, que sur le nombre de médailles. Côté organisation, tout s’est très bien passé, on a vraiment des très bons retours de toutes les délégations, résume Tony Estanguet, le président du comité d’organisation de Paris 2024 à propos de ces quatre jours de paralympiades à SQY, ajoutant que le Vélodrome était « à guichets fermés. Il a pu y avoir ici ou là quelques chaises vides, car parfois les gens ne viennent pas sur la totalité de la session, ils viennent pour encourager un ou une athlète, donc ils ne sont pas forcément là sur toute la durée de session, mais en termes de billetterie, ça a été un énorme succès. »