Pour Nantenin Keita, les Jeux paralympiques de Paris 2024 auront doublement une saveur particulière. En plus d’être à domicile, ce seront les derniers de la para athlète âgée de 39 ans, formée à l’Entente athlétique Saint-Quentin-en-Yvelines (EASQY).

« Du coup, on a envie de ressortir de là en ayant aucun regret », confie celle qui en sera à ses 5es paralympiades. « C’est toujours un plaisir, car c’est énormément de travail une préparation paralympique. Donc ça récompense le travail qui a été fourni », évoque-t-elle rencontrée le 29 juin dernier en marge d’une inauguration à Magny-les-Hameaux.

Nantenin Keita, qui souffre d’albinisme et de déficience visuelle depuis la naissance, sera alignée sur 400 m et peut-être aussi sur 100 m, elle qui a déjà glané quatre médailles paralympiques, dont une en or à Rio en 2016. Et pourquoi pas une autre à Paris ? La para athlète ne semble pas en faire une obsession. Son objectif cet été ? « Sortir des Jeux de Paris sans regret […] en se disant que j’ai fait tout ce que je pouvais faire, que ce soit sur la piste ou en dehors », affirme-t-elle .

Pour rappel, les épreuves de para athlétisme se dérouleront du 30 août au 8 septembre au stade de France. En attendant, Nantenin Keita peaufine sa préparation. « A l’approche des Jeux, on va être sur de la qualité, pas trop sur de la quantité, pour avoir une bonne fraîcheur », précise-t-elle, ajoutant s’entraîner « tous les jours sauf le dimanche, entre 2 et 3 h 30 par jour ».

Des entraînements se déroulant à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), dans le bois de Vincennes. Et non plus à SQY où Nantenin Keita est restée plusieurs décennies, avant de quitter l’EASQY en 2013. « J’ai changé d’entraîneur. Après, j’ai changé de lieu de travail. Du coup, j’ai changé de lieu d’habitation, rappelle-t-elle, assurant garder toujours beaucoup d’attaches avec le territoire et son club local. C’est mon club formateur. […] J’ai noué des amitiés grâce à ce sport, donc ça va au-delà du sport, c’est ma vie de femme qui est passée à travers ce club. »

L’EASQY et plus généralement les Yvelines, où tout a commencé. « J’ai commencé l’athlétisme grâce à une compétition organisée pour déficients visuels, raconte Nantenin Keita. Après, je suis arrivée au lycée à Rambouillet, je me suis inscrite à l’AS (Association sportive, Ndlr). Mon prof d’EPS connaissait Philippe Lefèvre (entraîneur à l’EASQY, Ndlr), me l’a fait rencontrer. Je me suis entraînée avec Philippe Lefèvre, et c’est parti de là. » Elle disputera sa 1re grande compétition en 2002, avant donc de nombreux titres internationaux et notamment donc la consécration paralympique en 2016. Depuis, elle a aussi pris part aux Jeux de Tokyo en 2021, rentrant cette fois bredouille. Elle était d’ailleurs cette année-là candidate pour devenir porte-drapeau de la délégation française paralympique, sans être retenue.

« Ce n’était pas trop une déception en tant que tel, car je savais que je n’allais pas être porte-drapeau, je le sentais. Et puis, les deux porte-drapeau qu’on a eus (la judokate handisport Sandrine Martinet et le joueur de tennis-fauteuil Stéphane Houdet, Ndlr) étaient formidables », relativise la para athlète, de nouveau en lice pour connaître cet honneur à Paris. Et si cette fois était la bonne ? « En tout cas, j’ai dit que je ne ferai pas d’autres Jeux, que c’est maintenant ou jamais », glisse-t-elle. De quoi faire pencher la balance en sa faveur ? Réponse le 12 juillet.