La réouverture du Musée de la ville de SQY, du moins dans sa partie expositions, ce n’est pas pour tout de suite. L’établissement affiche 3 pôles : ressources, patrimoine, et expositions. C’est ce dernier qui avait dû fermer en mars 2024, lui qui était jusqu’alors implanté dans un bâtiment commun avec la médiathèque du Canal, à Montigny-le-Bretonneux, en raison de la volonté d’extension et d’utilisation de ces locaux par l’École 2 600.

« On a une pépite qu’on a souhaité conserver (l’École 2 600, qui forme des étudiants à la cybersécurité, est une jeune école mais à la notoriété déjà grandissante, Ndlr), le prix en a été le déménagement du musée. On avait vraiment l’espoir d’une fermeture de courte durée […]. Ça n’a pas pu se faire (l’implantation dans les locaux un temps évoqués, Ndlr), mais de toute façon, le projet existe. Ce n’est pas une fermeture déguisée, c’est une étape intermédiaire, affirme, contacté par La Gazette, Eric-Alain Junes, vice-président de SQY à la culture et adjoint à Montigny. L’idée, c’est de rebondir et de trouver des locaux qui lui permettent de réaliser une mission pour laquelle il existe. »

Initialement, le musée aurait dû emménager, depuis septembre dernier déjà, à quelques mètres de son ex-implantation, à l’espace Saint-Quentin, dans des locaux auparavant occupés par le magasin Hema (lire notre édition du 9 avril 2024). Mais nous avons récemment appris auprès du centre commercial que c’est finalement l’enseigne Primaprix qui devrait bientôt s’installer au sein de cette surface. « Il y avait un accord de principe, concède Eric-Alain Junes. Le centre commercial a privilégié une enseigne avec probablement un meilleur intérêt commercial. On peut aussi comprendre les impératifs commerciaux. » Il ajoute que l’Agglomération est toujours « dans une réflexion pour réimplanter ce musée dans de bonnes conditions ».

De bonnes conditions, c’est-à-dire notamment avec une surface plus grande, tandis que les anciens locaux faisaient 400 m². L’établissement aurait besoin de plus, voire beaucoup plus. « Ça va de 500 m² [mais] si on trouvait demain un projet de 3 000 m², on pourrait tout à fait l’occuper et faire une cité européenne du design, on a les collections pour », précise Corinne Meyniel, directrice de la culture à SQY. Pour rappel, le Musée de la ville dispose de plusieurs collections, notamment celle liée au thème « Design et modes de vie », forte de 3 000 objets.

D’où l’enjeu de ne pas s’installer n’importe où. « Ce qu’on ne souhaite vraiment pas, c’est trouver un lieu pour du moyen terme, insiste Corinne Meyniel. On cherche un projet de musée, un vrai, on ne cherche pas un plan B. On cherche le futur Musée de la ville. Et ce n’est pas une réflexion qui se fera en 6 mois. « L’idée n’est pas de réimplanter le musée à tout prix, dans n’importe quelles conditions, mais de lui offrir, par cette nouvelle implantation, une meilleure utilisation du lieu, et d’optimiser ses missions d’accueil du public dans de bonnes conditions, à la fois les visiteurs, mais aussi les classes, les publics scolaires… », abonde Eric-Alain Junes.

Et les exigences ne portent pas que sur la taille des locaux. La place centrale et la desserte sont également recherchées. « Un équipement culturel de 1er plan qui n’est pas facilement accessible en transports en commun crée de l’inégalité sur le territoire, souligne la directrice de la culture. Il faut un lieu grand, accessible, raisonnable en termes de budget, où on accueille énormément de publics scolaires. Si ce n’est pas un endroit facilement accessible […], où un car scolaire ne peut pas se garer …. ». Elle ajoute ne pas voir à SQY beaucoup d’endroits autres que l’Hypercentre de Montigny répondant à ces critères.

« On cherche à la fois à l’espace Saint-Quentin, mais aussi dans d’autres lieux possibles », confie Eric-Alain Junes. On est vraiment dans une réflexion actuellement. » Le vice-président à la culture assure rester « tout à fait confiant » à l’idée d’y parvenir, reconnaissant toutefois que « ce n’est pas évident de trouver des locaux qui répondent à tous les impératifs ».

Corinne Meyniel, elle, semble un peu plus pessimiste. « Avec une année 2025 compliquée budgétairement et 2026 qui sera une année d’élection, c’est très difficile de se projeter maintenant sur des projets [d’une telle surface] qui demandent beaucoup d’investissement », avoue-t-elle. Si le musée a fermé son accueil pour les expositions, ses équipes, composées de 11 salariés, conservent elles leurs bureaux à l’étage. « Au sein de ces bureaux, il y a toujours un centre de documentation qui accueille le public (chercheurs, étudiants, journalistes) », ajoute aussi la directrice de la culture. Elle poursuit en évoquant aussi la mission patrimoine du musée, qui, elle, ne dépend pas des locaux. Elle cite par exemple les ateliers d’histoire locale réalisés avec les habitants de La Verrière, ce « qui a abouti à un livre, qui va sortir dans les semaines qui viennent ».

Sans oublier égelement la programmation hors-les-murs, que le musée va renforcer. « L’activité du musée, qui n’est pas qu’au niveau de son lieu d’exposition, rappelle Eric-Alain Junes. On a commencé à faire, à l’image de ce qu’on a fait pour le théâtre, actuellement en travaux, des expositions hors-les-murs. » Il mentionne entre autres une exposition aux Clayes-sous-Bois qui « a recueilli un vrai succès ». « Apparemment, les communes de l’agglomération sont très favorables à ce que nous poursuivions dans cette voie », affirme-t-il.

« Cette fermeture des locaux à Montigny a été l’occasion de ça, de découvrir qu’il y a peut-être des communes de l’agglomération où on nous connaissait mal, et que là, il y a peut-être l’occasion de se déployer sur le territoire, de construire des nouveaux projets en collaboration avec d’autres équipements, les élus du territoire, les publics », juge Corinne Meyniel.

La directrice de la culture annonce d’ailleurs « un programme 2025 qui est magnifique » sur ce plan. Et ce dès mars, avec le début de « 4 mois d’ouverture à la Commanderie [à Élancourt] sur une grande exposition design et technologie ». À l’automne, place aux 50 ans du quartier de 7 Mares, à Élancourt, qui donneront lieu à « tout un volet d’actions envers les publics dans le cadre de la mission patrimoine, mais également à une grande exposition design, pour essayer, si c’est possible techniquement, de reconstituer un habitat de 1975 avec nos collections design », détaille-t-elle, sans oublier en novembre ou décembre à la mairie de Villepreux, une exposition sur le plastique dans les années pop, ou encore une adaptation de l’exposition Space age pour les étudiants, à la BU, à Guyancourt.

« Donc finalement, cette année, on va se retrouver à monter des expositions qui seront plus grandes que celles qu’on aurait pu faire dans nos locaux, et qui vont nous permettre de sortir des objets de la collection design qu’on pouvait difficilement exposer dans les ex-locaux », résume Corinne Meyniel. Elle annonce aussi « un travail de fond » sur les réserves du musée, alors que la plateforme actuelle de réserves, à Élancourt, est trop petite. « On est en train de prospecter un lieu, à SQY » , glisse-t-elle.


À l’espace Saint-Quentin, des fermetures et des projets

L’espace Saint-Quentin, où espérait s’installer le Musée de la ville pour ses nouveaux locaux, connaît une certaine mutation. L’enseigne Hema a donc fermé et sa cellule, un temps envisagée pour accueillir le musée, devrait bientôt être occupée par une boutique Primaprix, groupe espagnol de magasins discount. « Une enseigne en pleine expansion en France, qui enrichira l’offre du centre », se félicite l’espace Saint-Quentin.

Hema n’est d’ailleurs pas la seule enseigne à baisser définitivement le rideau au sein du centre commercial. Celles-ci se sont multipliées au cours des derniers mois. Contacté, l’espace Saint-Quentin nous confirme ainsi les fermetures de Starbucks et Marionnaud. « Ces fermetures résultent pour la plupart du contexte lié au marché et à la concurrence qui s’est développée très récemment », et s’inscrivent « dans la dynamique naturelle du cycle de vie des centres commerciaux et marquent un nouveau chapitre dans l’évolution de l’espace Saint-Quentin », nous explique le centre commercial, qui annonce donc aussi, à l’inverse, « des projets d’ouverture de nouvelles enseignes », lesquels « sont en cours mais restent pour le moment confidentiels ».

Seul nom d’enseigne dévoilé, donc, Primaprix. Pour le reste, pas de nom, mais une certaine typologie tout de même. Le centre commercial évoque ainsi des « projets structurants visant à diversifier encore davantage l’offre commerciale, tels que l’équipement de la maison, le prêt-à-porter et la chaussure ». « Afin de garantir le succès de ces nouvelles implantations, nous avons développé le programme Tandem, un accompagnement sur mesure qui soutient les enseignes à chaque étape de leur installation jusqu’à l’exploitation de leur commerce, ajoute l’espace Saint-Quentin. Ces initiatives s’inscrivent dans notre ambition de répondre aux attentes des consommateurs et des enseignes tout en dynamisant l’attractivité du site. »

Autre nouveauté, mais qui est davantage une évolution, l’agrandissement de la pharmacie. Il s’agit même de « la 1re étape concrète » de la transformation du centre. La pharmacie deviendra alors « la 2e plus grande officine des Yvelines » et viendra « renforcer le positionnement du centre sur les services essentiels », avance l’espace Saint-Quentin. Autre marqueur de transformation, le centre commercial entend « bientôt démarrer un projet de modernisation du parcours clients, preuve de notre engagement envers ce site et de notre confiance dans son potentiel à continuer d’attirer et de fidéliser les enseignes ainsi qu’une clientèle variée ».


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