Un changement dans le mode de gestion de l’eau à SQY ? Ce n’est pas pour tout de suite, puisque l’Agglomération, qui en a la compétence, a délégué l’achemine-ment et la distribution d’eau potable (géré par Aquavesc, qui lui-même délègue à la Seop, filiale de Suez), ainsi que son assainissement (délé-gué par Hydreaulys par la Sevesc, autre filiale de Suez), dans le cadre d’une Délégation de service public (DSP). Or, la DSP avec Aquavesc et Hydreaulys s’achève pour l’une en 2026 et l’autre en 2029. Mais plusieurs élus saint-quentinois militent pour un changement du mode de gestion et un passage en régie publique.
Des élus de communes de SQY principalement classés à gauche de l’échiquier politique, mais « on a un phénomène relativement récent sur ces 10 dernières années, qui est que les col-lectivités qui avaient massivement fait le choix de la DSP, sont en train de revenir en arrière et d’aller de plus en plus vers la régie publique. 70 % des syndicats de l’eau sont revenus à une gestion publique de l’eau, et cela quelles que soient les sensibilités politiques des collectivités », assure François Morton, maire DVG de Guyancourt, qui mène ce combat à SQY, citant des collectivités ailleurs en France classées à droite de l’échiquier politique mais ayant fait le choix de la régie publique, comme Nice, Troyes, Aubagne, Toulouse, ou encore Aix-en-Provence.
Une baisse de 25 % en moyenne sur les factures en régie publique ?
À SQY, François Morton affirme être soutenu par ses collègues maires de gauche – Didier Fischer, maire DVG de Coignières, Ali Rabeh, maire Génération.s de Trappes, et Bertrand Houillon, maire Génération.s de Magny-les-Hameaux– ainsi que par les « élus communautaires du groupe minoritaire à l’Agglo ». « Lorsque le groupe minoritaire à l’Agglo demande une étude ou a une volonté d’aller vers une gestion publique de l’eau, très souvent, on nous rétorque que c’est un positionnement idéologique, déplore d’ailleurs l’édile guyancourtois. D’abord, ça ne tient pas car encore une fois, je ne cesse de rappeler que je ne suis pas très proche politiquement À SQY, François Morton affirme être soutenu par ses collègues maires de gauche – Didier Fischer, maire DVG de Coignières, Ali Rabeh, maire Génération.s de Trappes, et Bertrand Houillon, maire Génération.s de Magny-les-Hameaux– ainsi que par les « élus communautaires du groupe minoritaire à l’Agglo ». « Lorsque le groupe minoritaire à l’Agglo demande une étude ou a une volonté d’aller vers une gestion publique de l’eau, très souvent, on nous rétorque que c’est un positionnement idéologique, déplore d’ailleurs l’édile guyancourtois. D’abord, ça ne tient pas car encore une fois, je ne cesse de rappeler que je ne suis pas très proche politiquement c’est-à-dire entre le moment où on pompe l’eau et le moment où elle arrive. Et qui paie ? Le consommateur sur sa facture, car c’est facturé au m³. »
Des factures qui, au contraire, pour-raient baisser grâce à une gestion en régie publique. « Ce sont les études qui le montrent, que ça a un impact concret et immédiat sur les factures », d’après François Morton, évoquant une baisse de 25 % en moyenne.
Il affirme avoir commencé à demander un changement de mode de gestion depuis « le début du mandat ». « On a interpellé le président des syndicats Aquavesc et Hydreaulys, le président de l’Agglomération Jean-Michel Fourgous, Eva Roussel, l’élue communautaire en charge du dossier, on a fait notre travail d’élus locaux à Guyancourt, puisqu’on a voté des vœux, des déclarations en conseil municipal à plusieurs reprises », rappelle-t-il.
Le maire de Guyancourt admet avoir « obtenu une chose : que se tiennent des groupes de travail au sein d’Hydreaulys pour étudier cette possibilité ». « On avait demandé à ce que des usagers puissent y participer, ça a été refusé par le syndicat, regrette-t-il néanmoins. Mais on a quand même pu faire tenir des groupes de travail, en présence notamment d’élus à Guyancourt, notamment Christian Grande (conseiller municipal), qui a assisté à l’intégralité de ces groupes de travail. En janvier dernier, on a eu les conclusions de ces groupes de travail. Il s’avère qu’il n’y avait rien de flagrant, dans les études faites, à aller vers la DSP, mais que ça a voté, et que la décision de la DSP a quand même été décidée, sans élément objectif d’argumentation qui allait très clairement vers le bénéfice de ce mode de gestion. De l’autre côté, avec Aquavesc, il y a eu en septembre dernier également le vote, et de la même manière et sans surprise, c’est de nouveau la DSP qui a été décidée. »
Nous avons sollicité l’agglomération de SQY, qui nous a fait savoir que personne n’était disponible pour nous répondre sur ce sujet. Selon François Morton, concernant les réponses qu’il a obtenues de la majorité à l’Agglomération, ainsi que des syndicats concernant cette question du mode de gestion de l’eau, « on est sur du déclara-tif ». Et l’élu de rapporter certaines de ces réponses : « ‘‘La régie publique va coûter plus cher’’. On ne sait pas pourquoi, on ne sait pas d’où ça sort. ‘‘On n’a pas les moyens’’. ‘‘Ça va être compliqué car il y a trop d’acteurs’’. Excusez-moi, mais les élus ne sont pas élus que pour s’occuper de choses simples, on est là pour régler les problèmes compliqués. »
« On n’est pas sur la gestion d’une marchandise comme les autres »
Et le maire de Guyancourt d’ajouter : « Il faut essayer de se projeter un peu, car au fond, on n’est pas sur la gestion d’une marchandise comme les autres. […] C’est une problématique planétaire, on sait très bien que c’est probablement le grand chantier après tout ce qui est énergie. L’eau, c’est la prochaine problématique, à Guyancourt comme partout sur la terre, il n’y en a pas pour tout le monde. Donc on doit y réfléchir. »
Malgré les votes de nouvelles DSP, il garde espoir : « On s’est battu, on ne baisse pas les bras. On n’est pas à l’abri de réussir à convaincre nos collègues d’abandonner une posture politique et d’aller vers le bon sens de cette gestion. »
Car François Morton et certains de ses collègues à SQY estiment « tout le monde aurait intérêt à ce qu’on revoie le système », affirme le maire de Guyancourt. « C’est pour ça qu’on a un gros travail de convaincre nos collègues, poursuit-il. Tout montre, dans tout ce qu’ont fait nos collègues en France, que ça ne coûte pas plus cher de passer en régie publique. […] Ça coûte même moins cher pour le consommateur. On est capable de se mettre d’accord à SQY, on a eu l’occasion de le faire sur plein de sujets. »
Vers une tarification sociale de l’eau ?
Au-delà d’une gestion en régie publique, François Morton, le maire DVG de Guyancourt, réclame une tarification sociale de l’eau. « L’objectif, c’est de réduire la facture, et notamment des plus petits revenus, car c’est souvent ces mêmes plus petits revenus qui subissent de plein fouet l’inflation, surtout des produits de 1re nécessité, les fluides et donc l’eau », rappelle-t-il, interrogé par La Gazette. L’élu poursuit en expliquant comment il souhaiterait mettre en œuvre cette mesure, s’appuyant notamment sur le fait que ce sont « les principaux consommateurs qui doivent financer pour ceux qui consomment le moins’’, mesure évidente de solidarité » et sur une tarification des premiers m³ à un prix symbolique « par exemple pour les 15 ou 20 premiers m³ ».
Il s’appuie sur l’exemple de Guyancourt, où les logements locatifs sociaux possèdent des compteurs uniques plutôt que des compteurs individuels. « Et puisqu’ils sont au-delà des seuils, ce sont les résidents du parc social qui paient l’eau le plus cher à Guyancourt. Donc on est dans un système aberrant, peste-t-il. Si par exemple, vous avez dans un immeuble une consommation à 3 000 m³ par an avec 150 logements, une division vous amènerait à des chiffres tout à fait raisonnables. Ça n’est pas fait, donc on l’a demandé. »
Et les réponses d’Hydreaulys et du cabinet d’études l’ayant accompagné ne sont pas allées dans ce sens, rapporte François Morton : « Ce cabinet avait répondu que c’est interdit. Il s’avère qu’après des recherches, ce n’est pas interdit. Mais maintenant, on a ‘‘C’est très compliqué’’, car il y a tout un tas d’acteurs, d’autres syndicats à SQY, il faudrait que tout le monde se mette d’accord pour le faire … On a dit ‘‘Allons-y, mettons-nous d’accord’’. Personne n’y comprend rien à ses factures d’eau, on subit et on se contente de payer. » Et le maire de Guyancourt de conclure : « On a réactivé ces demandes, et pour l’instant on n’a pas eu de réponse. »