C’est une rentrée particulière à l’école de la Marnière, à Maurepas. Les 111 élèves de maternelle et les 165 d’élémentaire, qui ont repris le chemin des classes le 2 septembre, arborent pour la 1re fois cette année une tenue unique. L’établissement maurepasien fait partie des deux écoles yvelinoises volontaires pour l’expérimentation du dispositif. Ce qui valait bien un déplacement d’Aurore Bergé. La ministre démissionnaire en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations (elle était alors encore ministre démissionnaire), par ailleurs députée Renaissance des Yvelines, a ainsi accompagné le maire DVD de Maurepas, Grégory Garestier, lors de sa visite au sein de l’école.
Interrogée par La Gazette, elle salue notamment un travail par la municipalité autour de cette tenue « fait avec énormément d’intelligence » « Ce n’est pas le maire qui s’est réveillé le matin en disant ‘‘Je veux et j’impose’’, poursuit-elle. Ça me paraît malin qu’on aille dans l’expérimentation, par contre on ira que si une majorité de parents et d’enseignants est d’accord […]. C’est important que ça vienne d’une volonté politique, mais que cette volonté politique rencontre aussi une vraie consultation qui a été mise en place. »
« On a eu un groupe de travail avec des parents élus, des représentants enseignants, le directeur du centre de loisirs, et on avait également trois enfants, trois délégués, explique Yannick Kerauffret, directeur éducatif de la ville de Maurepas. Très rapidement, on s’est dit qu’on n’allait pas partir sur un uniforme à l’Anglaise, […] l’idée était qu’il y ait un peu de souplesse ». En effet, l’école a souhaité uniformiser la tenue de ses élèves uniquement pour le haut. La tenue se compose ainsi de tee-shirts gris à manches courtes et à manches longues et de deux sweat-shirts pour les élémentaires, ainsi que d’une blouse pour les activités salissantes pour les élèves de maternelle.
Yannick Kerauffret évoque aussi une concertation sur le logo apparaissant sur les tenues : des crayons, également représentés en statue devant l’école. Cette dernière a été choisie car elle « a été la plus réactive », mais aussi car « c’est une école […] qui joue depuis deux ans avec une mixité plus importante, et comme justement, la tenue vise à favoriser la mixité, d’avoir un climat peut-être plus serein, on s’est dit que c’était une opportunité », justifie le directeur éducatif. Il assure que « près de 70% » des familles étaient favorables au dispositif.
Parmi les parents rencontrés, Fodé, venu accompagner son fils en CM2, et sa fille en petite section de maternelle. « C’est bien pour les enfants qu’ils aient tous les mêmes vêtements, juge-t-il. Quand on vient d’un milieu social un peu différent des autres, on a souvent ce complexe. Quand on est adulte, ce n’est pas un problème, mais quand on est enfant, il y a souvent ça. »
Paul, lui, se montre plus mesuré. « Je trouve ça pas déconnant, estime ce Maurepasien. Après, pour des enfants de maternelle voire de primaire, je trouve que ce n’est pas là qu’on va venir avoir des problèmes d’échanges entre les enfants, c’est plus après, sur le collège, lycée, où ça peut être intéressant. » Son fils, Camille, entre en moyenne section. « On ne lui a pas vraiment expliqué [le port de la tenue] », confie-t-il, ajoutant toutefois que « quand j’ai vu que c’était juste une blouse pour dire ‘’C’est pour les enfants, quand ils font des activités de peinture, de perisco, ce genre de choses, […] je me suis dit ‘‘Cool, comme ça ça fait une chose de moins à expliquer’’. »
Pour Aurore Bergé, la tenue unique « enlève un poids […] social qui existe et qui est fait parfois au détriment des familles ». « Il y a [aussi] une pression sur le pouvoir d’achat , sur les vêtements, l’habillement, les marques, ajoute-t-elle. C’est aussi sympa d’avoir ce sentiment d’appartenance. » Elle rapporte que les impressions des enfants étaient « partagé[es], il y a ceux qui étaient fans de leur tenue, très fiers, ceux qui aimaient moins la couleur … » Elle annonce que « si ça marche […], pourquoi pas le généraliser. Mais pour ça, il faut attendre le résultat de l’expérimentation. »
Une expérimentation dont Maurepas espère des effets positifs, sans pour autant envisager de l’étendre, en raison du coût, d’après Yannick Kerauffret : « La Ville n’a pas les moyens de le faire sur l’ensemble des écoles.[…] Là, on a réussi à le financer car il y a 50% pris par le gouvernement, on en sait pas si ça va se pérenniser. […] Donc c’est plus expérimental, on espérant qu’il y ait vraiment un dispositif d’évaluation, pour savoir si le climat s’est apaisé, si ça a joué sur la scolarité, sur la réussite des élèves. » La tenue unique a coûté 13 000 euros, dont 6 500 euros financés par la Ville.