Ni majorité absolue, ni opposition, ni disparition. Malgré ce cas de figure inédit dans la Ve République, les Français ont choisi de ne pas laisser la France aux mains du Rassemblement national. Ils ont même créé un précédent en ne confirmant pas les résultats d’un 1er tour qui laissait craindre le pire. Ainsi, le Nouveau front populaire (NFP) est arrivé en tête dans le pays avec des projections à 180 sièges, suivi d’Ensemble pour la République (le camp présidentiel, qui résiste alors qu’une déroute lui était annoncée) avec environ 160 sièges, et du RN et ses alliés (3e avec autour des 143 sièges, soit tout de même 54 de plus qu’en 2022, mais moins que les 200 sièges annoncés dans les derniers sondages).

En revanche, si les 577 députés ont bien été élus, que l’Assemblée nationale siégera quoi qu’il en soit, qu’un gouvernement existera, la France pourrait bien être difficilement gouvernable dans les mois qui viennent, faute de majorité absolue pour un des blocs. Et les tractations ont d’ores et déjà commencé. Une chose est sûre, les Français attendent désormais des résultats de leurs représentants politiques. Personne ne sort véritablement vainqueur de cette élection et la clarification souhaitée avec cette dissolution a créé plus de confusion encore.

À SQY, concernée pour rappel par six circonscriptions (1re, 2e, 3e, 10e, 11e et 12e), on comptait au départ tout autant de triangulaires au soir du 1er tour. Finalement, ce sont trois triangulaires qui ont eu lieu dimanche soir. Et les territoires saint-quentinois ont marqué leur rejet des extrêmes quels qu’ils soient. Ce qui a notamment profité aux députés sortants macronistes, réélus dans les cinq circonscriptions « saint-quentinoises » où ils étaient candidats.

Dans la 1re circonscription, Charles Rodwell (Renaissance) conserve son siège malgré une triangulaire. « Je voulais […] d’abord […] remercier les Guyancourtois, les Ignymontains et les Versaillais, vous tous, de nous avoir renouvelé votre confiance ce soir deux ans après notre élection avec Laurence Boularan (sa suppléante, Ndlr) en juin 2022. Merci du fond du cœur pour notre élection ce soir et le renouvellement de votre confiance, a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur son compte X.  Notre résultat de ce soir ne peut occulter le résultat national, qui à bien des égards, est un résultat que je considère comme extrêmement difficile pour notre pays. Pour la 1re fois de notre histoire, le RN dépasse les 100 députés, et la gauche, notamment l’extrême-gauche, est en tête dans notre Assemblée nationale. »

Face à cela, Charles Rodwell, affirme vouloir prendre trois engagements. « Le 1er, c’est que nous serons votre binôme de notre circonscription. Nous avons travaillé avec vous jour, nuit, semaine, week-end pour le bien de notre circonscription, de nos associations, de nos élus, de nos entreprises. Nous continuerons […], poursuit-il dans une autre vidéo. Le 2e engagement, c’est que nous serons un binôme parlementaire, et je serai un député fidèle à mes convictions, en conscience. Nous l’avons été sur ces deux dernières années, sur des textes difficiles à l’Assemblée nationale. Je continuerai à être un député indépendant dans mes convictions, vis-à-vis notamment de mes engagements […]. Et le 3e engagement : notre combat contre le RN ne peut justifier aucune compromission avec le communautarisme violent de LFI et de l’extrême-gauche. […] Je ne prendrai part à aucune coalition avec l’extrême-gauche dans notre pays. »

Idem dans la 2e circonscription, où Jean-Noël Barrot (MoDem) a été largement plébiscité au regard du résultat sans appel en sa faveur, face au candidat RN Gaëtan Brault, dans une circonscription où la représentante du NFP, Maïté Carrive-Bedouani, arrivée 2e au 1er tour, s’était désistée pour faire barrage à l’extrême-droite. « Merci aux électeurs de la 2e circonscription des Yvelines qui nous ont renouvelé leur confiance avec 73 % des voix. Nous poursuivrons notre engagement à l’Assemblée nationale dans cette période qui oblige à sortir des habitudes afin de servir le pays », a indiqué Jean-Noël Barrot sur sa page Facebook le 7 juillet au soir.

Bénéficiant elle aussi du désistement du candidat Nouveau front populaire, Béatrice Piron (MoDem) a également été largement réélue dans la 3e circonscription. « Merci aux Yvelinois de la 3e circonscription de m’avoir renouvelé leur confiance. Ce vote m’engage, je continuerai de vous représenter et de vous défendre avec force à l’Assemblée nationale », a-t-elle déclaré le soir des résultats sur son compte X.

Dans la 10e circonscription, Aurore Bergé (Renaissance), ministre sortante (elle avait laissé son siège de députée à son suppléant Philippe Emmanuel suite à sa nomination au gouvernement à l’été 2023), devait, elle aussi, faire face à une triangulaire. Elle a finalement tiré son épingle du jeu contre le RN et le NFP. « On nous prédisait la disparition […] d’Ensemble pour la République. […] Nos idées ont résisté à une dynamique qu’on disait irrépressible, et à l’extrême-gauche, et à l’extrême-droite, a-t-elle réagi sur LCI. Il y a d’immenses inconnues, notamment qui sera en capacité de compter jusqu’à 289 députés, vraisemblablement personne seul. Ça veut dire des alliances, des compromis qui ne doivent jamais être des compromissions. Depuis deux ans, le pouvoir était revenu au Parlement, plus que jamais le pouvoir est au Parlement. »

Dans la 11e circonscription, c’est Laurent Mazaury (UDI) qui a créé la surprise à l’issue d’un scrutin extrêmement serré (140 voix d’écart au 2d tour) et fait basculer la 11e circonscription à droite malgré l’excellent score du sortant William Martinet (NFP) au 1er tour. Le candidat de la droite et du centre a pu bénéficier des soutiens de tous les poids-lourds politiques du département. « Je suis bien sûr très heureux, d’abord car je pense que ça a été un combat à la loyale. Mais c’est surtout le choix des électeurs. La majorité des électeurs ont suivi à la fois un projet mais deux élus, car je tiens toujours à associer ma suppléante Lydie Duchon (également adjointe à Saint-Cyr-l’École, Ndlr) à ce beau succès», s’est félicité celui qui est notamment adjoint à la culture à Élancourt, assurant que son programme sera « réaliste, concret, finançable » et qu’il représentera « l’ensemble de nos 7 communes [qui composent la circonscription] ».

Vantant « la victoire des élus locaux face à des élus hors-sol », Laurent Mazaury, également vice-président aux sports et aux JO à SQY, devra, en conformité avec la loi sur le non-cumul des mandats, quitter cette fonction alors que ces derniers s’apprêtent à débuter. « C’est un peu l’athlète qui ne franchit pas la ligne d’arrivée », glisse-t-il, non sans regret, ajoutant qu’il sera « là, je vais passer le témoin à la personne que mes collègues auront choisi d’élire pour me remplacer dans les jours qui viennent. »

Dans la 12e circonscription, Karl Olive (Renaissance), à peine réélu, a lui d’ores et déjà lancé les hostilités. « Dans les Yvelines, les macronistes gardent la main […] », a-t-il publié sur son compte X. Et d’ajouter : « Une victoire en trompe-l’œil du NFP ! Ces gens-là ne s’entendent pas ! M. Glucksmann et M. Hollande disaient à M. Mélenchon de se taire… Hier le 1er à intervenir, c’est M. Mélenchon. » L’ambiance promet d’être électrique à l’Assemblée nationale.

 


Tous les résultats
dans les circonscriptions concernant SQY

1re circonscription, dont Guyancourt et Montigny-le-Bretonneux
Participation 71 %
Charles Rodwell (Ensemble pour la République) : 46,90 % (élu).
Sébastien Ramage (NFP) : 28,80 %.
Anne Jacqmin (RN) : 24,30 %.
Aucun désistement

2e circonscription, dont Magny-les-Hameaux et Voisins-le-Bretonneux
Participation 72,30 %
Jean-Noël Barrot (Ensemble pour la République/MoDem) : 72,69 % (élu).
Gaëtan Brault (RN) : 27,31 %.
Désistement : Maïté Carrive-Bedouani (NFP/Les Écologistes)

3e circonscription, dont Villepreux et Les Clayes-sous-Bois
Participation 70,43 %
Béatrice Piron (Ensemble pour la République/Renaissance) : 68,75 % (élue).
Valentin Salvino (alliance RN/LR) : 31,25 %.
Désistement : Thomas Ciano (NFP/PS)

10e circonscription, dont Coignières et Maurepas
Participation 72,50 %
Aurore Bergé (Ensemble pour la République/Renaissance) : 49,05 % (élue).
Thomas du Chalard (RN) : 32,19 %.
Cédric Briolais (NFP/LFI) : 18,76 %.
Aucun désistement

11e circonscription, dont Elancourt, La Vérrière et Trappes
Participation 65,97 %
Laurent Mazaury (UDI, investiture LR) 50,16 % (élu).
William Martinet (NFP/LFI) : 49,84 %.
Désistement : Victoria Doucet (RN)

12e circonscription, dont Plaisir
Participation 70,15 %
Karl Olive (Ensemble pour la République/Renaissance) : 45,07 % (élu).
Christophe Massiaux (NFP/Les Écologistes) : 30,86 %.
Jean-Louis Mettelet (RN) : 24,07 %.
Aucun désistement

Source : Ministère de l’Intérieur


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