Il s’appelle Twister et va devenir le 1er chien d’assistance pour personnes diabétiques dans les Yvelines. Il vient d’être acquis par une famille vivant à Plaisir depuis 2013, la famille Proust. Romane, 11 ans, benjamine de la famille, a été diagnostiquée à l’âge de 8 ans diabétique de type 1, une maladie auto-immune, qui ne se soigne pas, et se caractérisant par une absence de sécrétion d’insuline par le pancréas et donc un taux excessif de sucre dans le sang.
« Quand on a su qu’elle était diabétique, un peu comme tous les parents, je recherche des informations sur internet, raconte sa mère, Mylène, jointe par La Gazette. Il y a plein de choses qui ont été mises en place : Romane a un capteur de glycémie, une pompe à insuline … »
Mylène Proust et son mari, Michael, ont alors appris l’existence de l’association Acadia, basée dans la Drôme. « C’est la seule association en France qui forme des chiens pour détecter le diabète pour les enfants », souligne la mère de Romane. La famille a alors entamé des procédures pour faire l’acquisition d’un animal de ce type. Les démarches ont abouti en un temps record, presque inespéré. « On a fait un dossier auprès de l’association il y a un an. Normalement, il y a à peu près 2 ans d’attente », confie Mylène Proust, rappelant qu’il y a environ 45 chiens d’assistance pour diabétiques en France, alors que 300 000 personnes sont traitées pour un diabète de type 1 dans le pays, selon l’Assurance maladie.
Après plusieurs commissions et une rencontre avec l’association cet été, un chien a été attribué à Romane en octobre. La famille s’est rendue dans la Drôme pour un stage de 10 jours (21-30 octobre) devant « nous donner des techniques qui seront utilisées pour qu’on puisse les appliquer à la maison », poursuit Mylène Proust.
Des techniques qui, comme elle a pu le constater durant ce stage, ne sont pas aisées à acquérir. « Devenir un mini éducateur en si peu de temps, c’est beaucoup de travail et d’attention, de notre part et de la part de l’éducateur, puisqu’il essaie de nous transmettre toutes les infos », reconnaît la mère de famille de trois enfants, ajoutant toutefois qu’« il y a un côté un peu magique, car on se rend très vite compte du lien qui peut se créer entre l’enfant et l’animal ; et puis, c’est des chiens qui sont vraiment heureux d’être là pour l’homme. Ils sont très à l’écoute, attendent beaucoup de nous. »
Réformé des chiens guides d’aveugles pour son attrait trop manifeste envers les autres chiens, Twister a été récupéré par Acadia, qui l’a formé durant 6 à 9 mois. Et la famille Proust va bientôt pouvoir l’avoir à son domicile, ce qui devrait fortement l’aider dans la gestion de la maladie de Romane.
Les chiens guides sont en effet capables de détecter des crises d’hypoglycémie et hyperglycémie avec 5 à 15 minutes d’avance. « Ce qui va permettre d’anticiper les actions, soit lui redonner du sucre (à Romane, Ndlr) soit réinjecter de l’insuline. Pour cela, le chien vient faire un poc (coup de museau qu’il va répéter plusieurs fois jusqu’à ce qu’il soit récompensé, Ndlr) auprès de l’adulte qui est autour de Romane, ou sur Romane si elle est toute seule, pour la prévenir. […] Il a aussi les commandes, comme un chien guide d’aveugles. […] C’est aussi un gros soutien émotionnel pour l’enfant malade », affirme Mylène Proust, précisant que « c’est un complément aux technologies dont [Romane] dispose, qui sont gérées par l’hôpital Mignot, où on est suivis ».
Le chien pourra aussi accompagner Romane lors de ses activités sportives, elle qui pratique l’équitation, même si sa mère préfère aussi rester présente, en cas de crise de sa fille, et car « quand [Romane] est sur le cheval, le chien a besoin d’une surveillance ». Il ne pourra en revanche pas être à ses côtés lors de sa scolarité, et ce jusqu’à ce que la jeune fille ait atteint les 16 ans, pour des raisons réglementaires.
Pour acquérir ce chien, la famille a signé un contrat de bons soins, « où on s’engage à subvenir à ses besoins, le sortir régulièrement, l’emmener chez le vétérinaire, à nos frais, liste Mylène Proust. Ça représente quand même pour les familles environ 150 euros par mois. » Mais le plus gros investissement n’est pas à la charge de la famille : l’acquisition et la formation d’un tel chien (qui coûte 25 000 euros) sont financées par des partenaires d’Acadia.
Alors que la Journée mondiale du diabète se tiendra le 14 novembre, le cas de Romane et de Twister permet de (re)mettre en lumière l’existence du diabète de type 1 et les bénéfices de chiens guides pour les enfants souffrant de cette maladie. « Ça n’enlève pas le travail que les parents et l’enfant font, mais c’est quelque chose en plus, résume Mylène Proust. Ça va être un soutien. »
CREDIT PHOTO : Mylène Proust