En lien avec le chantier de la RN 10, le centre-ville de Trappes va se transformer

Une réunion, tenue le 18 juillet dernier, a permis d’effectuer une restitution intermédiaire de la concertation en cours sur l’avenir du centre-ville de Trappes.

Réfléchir à l’avenir du centre-ville de Trappes avec les habitants. Le 18 juillet dernier, une réunion s’est tenue au sein du local Mémoire de Trappes en compagnie d’une quinzaine de participants et de parties prenantes du projet de transformation du centre-ville trappiste. L’occasion d’effectuer une restitution intermédiaire de la concertation sur ce projet, un mois après une réunion de lancement, suivie de plusieurs ateliers et balades sur le sujet.

« C’est une réunion de concertation pour penser avec les habitants le futur centre-ville de Trappes, dans le cadre du futur plateau urbain sur la RN 10, et les rives du plateau urbain », nous a expliqué Benjamin Loiseau, chercheur et architecte au sein du cabinet Mano (agence mandatée pour cette concertation et spécialisée dans l’architecture, l’urbanisme et le codesign), rappelant que l’objectif est de « penser l’avenir du centre-ville de Trappes à court, moyen et long terme ».

Faire de ce projet « un poisson pilote, un projet vitrine »

Benjamin Loiseau, qui a animé la réunion de restitution intermédiaire, a d’abord recontextualisé ce projet. Un projet baptisé « Trappes cœur de ville » et lié au futur enfouissement partiel de la RN 10 et aux 3 grands plateaux urbains qui en découleront et « vont permettre de vraiment recoudre la ville, qui souffre de 2 principales coupures : la N 10 et le faisceau ferroviaire », a-t-il exposé.

Et de poursuivre : « On va aujourd’hui traiter la RN 10, avec ce recouvrement, et ça va permettre, pour les piétons, de pouvoir par exemple aller de la rue de Montfort au centre-ville, en déambulant par une rue piétonne. Donc ça va complètement changer nos habitudes et autour de ce projet d’infrastructures lourdes […], il y a une réflexion qui est faite pour intégrer tous les usagers au sens large, et quand je dis les usagers, ce sont les habitants mais aussi les gens qui travaillent ici, les gens qui passent ici, les gens qui ni ne travaillent ni ne vivent ici mais qui peut-être passent pour autre chose, donc tous les gens qui font la ville. »

L’architecte entend faire de ce projet « un poisson pilote, un projet vitrine, qui puisse faire des émules de France et Navarre ». « Et même sur la communauté d’agglomération, ajoute Léa Assouline, paysagiste-urbaniste et cheffe de projet prospective et planification à l’agglomération de SQY, qui copilote le projet. Donc l’objectif, c’est qu’on teste des choses à Trappes, mais que, ensuite, on puisse aussi faire des choses à Coignières, La Verrière, Magny … Donc ça peut être hyper intéressant que vous alliez voir les habitants de Coignières [par exemple] et que vous leur montriez ce qu’il est possible de faire, par exemple dans des chantiers participatifs, que vous partagiez votre expérience avec eux, ce serait super pour nous qu’il y ait cet essaimage dans toute l’agglo, ce serait une bonne manière de faire vivre tout ça dans la durée. »

« Le pari, c’est de dire ‘‘Il y a des choses qu’on ne voit pas’’, donc c’est à vous (citoyens, Ndlr) de nous faire remonter et de donner vos besoins, votre envie pour l’avenir, abonde Benjamin Loiseau. Donc on fait ce pari qu’il y ait une interaction entre ce savoir de la population et ce savoir technique, qui puissent aller ensemble pour faire un projet qui soit le plus pertinent possible. Pour faire émerger cette démarche, nous, le pari, c’est aussi d’aller au-delà de juste ce projet. »

« Finalement, ce projet, ça pourrait être seulement une excuse pour développer du pouvoir d’agir d’un groupe, du pouvoir d’agir des individus, pour créer un réseau d’acteurs qui puissent se mobiliser pour avoir une réflexion sur leur ville, leur cadre de vie, projette ainsi l’architecte. Donc c’est une forme de démocratie directe, avec l’idée que nous, en tant que techniciens, on va faire notre projet, que ce ne soit pas juste un cahier qu’on pose sur la table et qui soit vite oublié, mais des gens qui plantent une graine et, le jour où on s’en va, ça ne se voit même pas car il y a un mouvement créé, un mouvement citoyen qui permette de poser des réflexions purement citoyennes sur la ville, avec l’idée que ce soit un mouvement non pas apolitique mais transpolitique, qui puisse discuter avec tout le monde. »

Parmi les aspirations ressorties des 6 rendez-vous liés à ce projet de restructuration urbaine, les mobilités douces et la convivialité sont les maîtres-mots. « Le sujet de la voiture est très identifié, le fait de donner plus de place aux mobilités douces et aux piétons et moins aux voitures, tout en conservant une possibilité, pour les gens qui en ont besoin, de pouvoir se garer, mais en favorisant peut-être les espaces dédiés à la déambulation et aux mobilités douces », rapporte Benjamin Loiseau.

Des sujets qui ont pu se retrouver lors de la balade sur le thème « patrimoine et mémoire » fin juin. « Ce sont des sujets autour du vélo et de la place de la voiture et du piéton qui ressortent, et des sujets autour de la sociabilité et du vivre ensemble », précise l’architecte de Mano, relevant « aussi des choses contradictoires : on veut moins de voitures mais on veut aussi pouvoir se garer facilement […] ». Ainsi, « 1/3 des sujets ressortis sont autour des mobilités douces » lors de ce rendez-vous, et « si vous rajoutez le stationnement, c’est presque la moitié des enjeux identifiés qui traitaient de ce thème », souligne-t-il.

Lors du rendez-vous lié au thème des mobilités, « la moitié des enjeux portaient « clairement sur ce thème de la mobilité et du stationnement (notamment les incivilités liées au stationnement), expose-t-il. Et aussi, quand on parle mobilité du quotidien, il y a un thème qui est ressorti, c’est le thème de la sociabilité, et comment, dans cette mobilité, on trouve aussi des endroits pour s’asseoir, des terrasses, des espaces de convivialité (notamment rue Jean Jaurès). » Mobilité et stationnement étaient « encore présents pour un bon tiers » lors de la balade espaces publics, selon Benjamin Loiseau, qui fait part d’un « large consensus autour de l’arbre » et des besoins d’ombre au cours de ce rendez-vous.

« Proposer aux habitants de devenir des concepteurs de leur cadre de vie »

Benjamin Loiseau dresse ensuite une synthèse de ces 1ers rendez-vous : « C’est plutôt équilibré. On a parlé beaucoup de stationnement mais pas que, de mobilités douces mais pas que, les commerces ont été là, la sociabilité est très présente, le végétal aussi … Donc c’est bien, on a du matériel. »

Du matériel abondant pour nourrir cette concertation, mais, comme l’a souligné une participante à la réunion de restitution intermédiaire, « Est-ce que les remontées qui ont été faites se résument à nous (participants aux réunions, Ndlr) ou est-ce que vous avez des remontées autres des habitants de Trappes ? », posant ainsi la question de la représentativité.

« Vous posez une question qui nous taraude, lui a répondu Benjamin Loiseau. Trappes est une ville jeune, et sans vouloir manquer de respect à qui que ce soit ici (à la réunion, Ndlr) … Donc oui, il y a la question de la représentativité […]. On appelle aussi ça dans notre jargon ‘‘la réunion des têtes blanches’’, c’est souvent des gens qui ont du temps et qui ont la capacité de se mobiliser qui font ça. On a du mal à avoir les jeunes qui n’en voient pas l’intérêt, qui ne vont pas voter … On a du mal à avoir les actifs (25-45 ans) […]. Une façon de pallier à ça, c’est de faire d’autres démarches. Donc il y a cette démarche de concertation qu’on fait et qu’on est très contents de faire, on va d’ailleurs faire un travail de questionnaire pour nous permettre d’avoir un autre point de vue, et on va aussi faire un travail d’appels, d’entretiens, et de mobilisation de tous les réseaux qui existent à Trappes et qui ne sont pas venus ici […]. »

Pour toucher des publics qu’on ne voit pas dans des réunions ou ateliers, un participant a suggéré d’utiliser « le biais des écoles ou par des manifestations de la Ville, [comme] Trappes plage ». Une autre Trappiste rappelle elle, que « le flyer qu’on a reçu parlait du centre-ville, donc peut-être que dans les autres quartiers, ils ne se sont pas sentis concernés ». Léa Assouline, elle, a évoqué l’idée de mettre en place une concertation « sous forme de jeux par exemple, avec les collèges, pour les intéresser à ces sujets, car c’est vrai que si on leur parle de démocratie participative, ça ne veut pas forcément dire grand-chose pour eux ». Un autre habitant semble plus pessimiste : « Il y a peut-être aussi le fait que les enfants, quand ils voient le résultat de tout l’investissement de leurs parents dans des réunions, des ateliers, et que, en fin de compte, derrière, peu de choses sont retenues et ce n’est que le desiderata des élus et peu de la population … »

C’est pourtant bien la volonté affichée par les différentes parties prenantes (SQY, Ville, cabinet d’architectes), d’associer la population à ce projet. « On va essayer de vous donner, de façon la plus exhaustive et la plus objective possible, tout le jus qu’on aura tiré de ça, et […] de faire ensemble le projet qui sera le plus juste possible, sachant que, in fine, il y aura des arbitrages à faire, y compris entre vous, car vous ne serez pas d’accord, mais au moins, les choix qui auront été faits auront été expliqués, assure Benjamin Loiseau. L’idée est d’être le plus transparent possible sur les enjeux, les arbitrages qui sont faits, et les raisons pour lesquelles ils sont faits. »

L’architecte donne rendez-vous en septembre-octobre (les dates exactes ne sont pas encore connues) pour « de la conception ». « On va proposer aux habitants de devenir des concepteurs de leur cadre de vie, et ça à travers des grandes maquettes sur lesquelles on va travailler », annonce-t-il.

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