Alors que le dernier datait de 2015, élus, représentants de l’État, bailleurs ou encore acteurs du monde associatif se sont réunis le 4 décembre dans la salle du conseil de SQY, à Trappes, pour signer le nouveau Contrat de ville « Engagements Quartiers 2030 ». Un texte pour la période 2024-2030 et visant à « améliorer le quotidien des habitants des quartiers populaires et réduire les écarts de développement », rappelle l’agglomération de SQY, qui compte sur son territoire 7 communes concernées (dont 2 nouvelles entrantes, Coignières, et Les Clayes, s’ajoutant à Guyancourt, La Verrière, Maurepas, Plaisir et Trappes, qui en faisaient déjà partie, tandis qu’Élancourt et Magny sont elles sorties du Contrat de ville), pour 8 Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).

Les Clayes-sous-Bois et Coignières, nouvelles entrantes en QPV

« Nous signons donc un nouveau Contrat de ville resserré en termes d’objectifs. On est dans un contexte social et économique particulier », a introduit François Morton, maire DVG de Guyancourt et vice-président de SQY délégué notamment à la politique de la ville. À SQY, ce contrat comporte 3 grandes ambitions : la réussite économique accessible à tous, des quartiers plus verts et plus résilients, ainsi que la prévention, la médiation et la lutte contre toutes les discriminations.

En termes de composition, 3 grandes nouveautés sont à signaler dans ce Contrat de ville. D’abord, la création d’une instance politique réunissant les maires des communes en politique de la ville, avec une rencontre trimestrielle. 2e instance : un comité d’experts qui réunit les professionnels des outils structurants de la politique de la ville (notamment des associations comme l’Aciac et Face Yvelines). Enfin, 3e instance : un groupe de 18 habitants issus des QPV de SQY. Un territoire au-dessus des moyennes régionale et encore plus nationale et départementale en termes de QPV, puisque sur les 228 318 habitants de SQY, 34 700 sont concernés par les QPV, soit un peu plus de 15 % de Saint-Quentinois. Parmi les dates à retenir du calendrier politique de la ville à SQY, le 21 mai, un comité de pilotage dédié à la TFPB (Taxe foncière sur les propriétés bâties, qui doit faire l’objet d’un abattement dans les QPV).

L’abattement de la TFPB, justement, les maires des 7 Villes de SQY concernées y sont revenus lors de leurs prises de parole précédant la signature du contrat. Tous ne sont pas prêts à adopter cet abattement, du moins pas du tout de suite. Philippe Guiguen, maire DVD des Clayes-sous-Bois, commune venant d’être inscrite en QPV pour la résidence de l’Avre (400 logements, 1 000 à 2 000 habitants), concède attendre d’avoir « un peu plus de moyens supplémentaires dédiés au quartier du fait de l’abattement pour la Ville [de la TFPB], c’est pour ça que je n’ai pas encore signé l’abattement avec le bailleur [Logirep]». « Mais comme c’est un bailleur avec lequel on travaille très bien, je suis optimiste », ajoute-t-il.

« J’ai hésité avant de prendre toute décision pour rentrer en QPV car je ne tenais absolument pas à ce que ce petit quartier […] soit stigmatisé, estime l’élu clétien. Mais après mûres réflexions, je pense que c’est une chance pour ce quartier. »« Ce statut permettra, je l’espère, d’apporter des réponses adaptées à leurs besoins en mobilisant encore plus de moyens que ceux que nous mettons en place au niveau de notre commune, mais surtout en initiant des projets ambitieux qui toucheront à plusieurs domaines fondamentaux », ajoute-t-il, listant ainsi l’éducation, l’emploi, le lien social et l’accès aux soins.

Autre ville effectuant son entrée : Coignières, pour sa résidence des Acacias, où vivent 1 200 habitants (380 logements). Un quartier où se concentre la majorité des difficultés sociales de la commune. « Depuis décembre 2018, on a fait de la politique de la ville sans le savoir, en incitant par exemple, dans une relation étroite avec notre bailleur (Seqens, Ndlr), à une rénovation assez profonde de cette résidence des Acacias. […] On a aussi recruté un éducateur spécialisé, 2 éducateurs de quartier, on a créé une maison des jeunes au sein du quartier, on a développé un service d’insertion professionnelle dont le public provient pour l’essentiel de la résidence des Acacias. On a aussi mis en place une direction à la prévention mais aussi à la tranquillité publique », liste le maire DVG, Didier Fischer.

Plus de 15 % des Saint-Quentinois vivent en QPV

L’édile coigniérien espère « renforcer les actions déjà menées et en initier de nouvelles autour de 4 priorités ». À savoir développer l’ingénierie municipale et favoriser la dynamique partenariale de la politique de la ville ; renforcer les actions de prévention-sécurité et solidarité ; développer la citoyenneté et la démocratie de proximité dans le quartier et asseoir les valeurs de la République et les valeurs environnementales ; œuvrer pour la réussite éducative et promouvoir des actions en matière de parentalité (tout en œuvrant à développer les liens intergénérationnels). » Enfin, concernant « les 90 000 euros de l’abattement de la TFPB, j’espère et je pense qu’ils seront bien utilisés. »

Concernant les autres villes de SQY déjà intégrées au Contrat de ville, Gemma Hudson, responsable service politique de la ville à Guyancourt, a pris la parole pour la municipalité guyancourtoise : « Ce nouveau Contrat de ville permettra de prioriser 3 axes forts spécifiques au Pont du Routoir (le quartier en QPV dans la commune, Ndlr) : grandir et s’épanouir au Pont du Routoir, les habitants acteurs de leur parcours vers l’emploi, un accès pour tous aux droits, aux services publics et à la santé. »

Représentants de l’État, collectivités, associations ou encore bailleurs étaient réunis le 4 décembre à SQY pour signer le Contrat de ville 2024-2030.

Nicolas Dainville, maire LR de La Verrière, a mis l’accent sur le fait que cette ville aux 72% de logements sociaux, hormis un certain nombre de difficultés (incendie de 2 écoles à l’été 2023, fragilité dans l’attractivité pour les services avec par exemple 0 médecin de ville, malgré la présence de l’institut MGEN), est en pleine « métamorphose », rappelant notamment le projet ANRU en cours au Bois de l’étang (l’un des 2 QPV de La Verrière avec Orly parc). « Dans cette métamorphose, on a besoin d’être soutenus, tous les contrats aidés nous sont extrêmement précieux », a-t-il insisté, déplorant toutefois dans le peuplement « l’absence du pouvoir du maire ». Quant à l’abattement de la TFPB, tout en assurant qu’ « avec nos bailleurs, ça se passe bien », il souligne que « c’est quand même une perte fiscale pour la Ville, donc il faut vraiment que la Ville et ses habitants s’y retrouvent. »

À Maurepas, où le quartier des Friches est en QPV, Grégory Garestier (DVD), affirme que « sur la TFPB, on n’a pas de problématiques particulières, ça fonctionne bien, on a de très bonnes relations, c’est fluide », ajoute-t-il, évoquant ensuite les 3 ambitions de la Ville sur son QPV : soutenir les parcours individuels et favoriser l’accès aux droits ; garantir un cadre de vie agréable et apaisé ; soutenir la parentalité et la continuité éducative. « L’objectif de la politique de la ville, c’est d’en sortir un jour, glisse le maire. Donc on met le paquet, on continue, dans l’intérêt de nos habitants. »

« Quand on rentre en politique de la ville, on n’a qu’une envie, c’est d’en sortir, abonde Joséphine Kollmannsberger (LR), sa collègue de Plaisir, qui compte le Valibout en QPV. Nous avons des grands axes d’actions. » Ces derniers sont l’accompagnement aux familles et l’action pour la réussite éducative ; la cohésion sociale et le bien vivre et bien vivre ensemble ; la prévention, la tranquillité et la sécurité pour un quartier plus sûr et plus agréable à vivre ; et développer un futur éco-quartier où il fait bon vivre à tous les âges, ouvert aux transitions. » L’élue recense « plus de 150 actions tournées sur le quartier [du Valibout], entre la Cité éducative et la politique de la ville.

Abattement de la TFPB dans les QPV

À Trappes, 2 quartiers (Merisiers/Plaine de Neauphle et Jean Macé) figurent en QPV et ils représentent 50% de la population QPV à SQY. Le maire, Ali Rabeh, (Génération.s) a pointé du doigt « l’insuffisance de l’engagement du droit commun (l’État en particulier) sur nos territoires » et selon lui, « ce ne sont pas les moyens de la politique de la ville (110 euros par habitant) » qui compenseront cela. «  L’intérêt de ces réunions est moins de venir compenser l’absence ou le retrait du droit commun que d’assurer son retour en force, l’articuler, l’organiser, mais aussi de nous faire travailler ensemble », estime-t-il, avant de dérouler les 5 axes de la politique de la ville à Trappes : la réussite éducative et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes ; faire de Trappes un laboratoire de la planification et de l’écologie populaire ; l’accueil et l’accès aux droits ; émancipation et inclusion par les politiques culturelles et sportives ; l’éducation et le soutien à la parentalité.

Ce temps de prises de parole précédant la signature s’est conclu par l’intervention du préfet. « Je retiens 3 choses », a d’abord déclaré Frédéric Rose, mentionnant ainsi le collectif, l’innovation, et le résultat concernant la politique de la ville. Avant de conclure, après un long exposé pour chacun de ces 3 points : « J’espère que ce contrat qu’on renouvelle sera vraiment l’occasion d’avancer, de porter encore mieux nos projets et de tirer vers le haut l’ensemble des habitants de quartiers. C’est notre responsabilité, c’est pour ça que nous sommes aujourd’hui rassemblés, que nous sommes ‘’aux affaires’’, c’est pour aujourd’hui avancer, construire des choses sur le terrain et apporter des réponses à ceux qui ont des problèmes. »