Le Centre de formation aux métiers du BTP (CFM BTP) de Trappes accueillait les 12 et 13 mars une sélection régionale des WorldSkills, « plus grand concours de métiers au monde », selon ses organisateurs. L’une des 15 épreuves franciliennes des WorldSkills, toutes liées à des domaines d’activités différents. Et à Trappes, ce sont les travaux publics qui étaient à l’honneur les 12 et 13 mars derniers.
7 candidats concourraient : 5 dans la catégorie aménagements urbains, et 2 dans la catégorie canalisations. Des candidats aux profils similaires, jeunes et en apprentissage dans des Centres de formation d’apprentis (CFA) et au sein d’entreprises. Un critère d’âge est d’ailleurs imposé, puisque chaque candidat doit avoir 23 ans maximum. Tiphaine Perrichon, chargée de mission promotion travaux publics à la Fédération régionale des travaux publics (FRTP), l’instance organisatrice de cette sélection francilienne, ajoute toutefois que « c’est ouvert à toutes et tous » et que « ça pourrait même être des salariés d’entreprise qui pourraient candidater sans CFA, mais c’est vrai qu’il y a une tradition plutôt avec les CFA. »
Elle rappelle les objectifs des WorldSkills : « Montrer l’excellence des métiers, les savoir-faire techniques, car quand on regarde […], on se dit toujours qu’un aménagement urbain, ça a l’air comme ça assez simple, mais il y a toute la partie préparation, organisation … C’est vraiment les aspects savoir-être et excellence des filières. » Et le choix s’est porté sur Trappes pour organiser ces épreuves régionales car « c’est notre CFA régional au niveau des travaux publics, donc ça nous paraissait intéressant de mettre un coup de projecteur sur notre centre de formation », justifie-t-elle.
Les candidats ont passé 2 demi-journées sur leurs réalisations : de 12 h à 16 h 30 le 1er jour, et de 8 h à 12 h le jour suivant, avant l’annonce des résultats à 15 h. Lucas Fontanié, ingénieur travaux chez Eiffage et membre du jury, détaille ce qui est attendu de ces jeunes, en illustrant notamment avec les aménagements urbains : « D’une place un peu vierge où on a juste 2 points d’alignement et une altimétrie, ils doivent reconstruire cette placette. Pour ça, ils ont tous les outils et toute la fourniture dont ils ont besoin, et des indications de détails minimes, pour éviter qu’ils se posent trop de questions. »
Une aide est aussi adjointe aux candidats (une personne qui les assiste dans les travaux). « C’est intéressant de leur attribuer quelqu’un qui les aide pendant leur épreuve, qu’ils ne connaissent pas du tout, estime Lucas Fontanié. Il va falloir faire preuve de management, et ce n’est pas une dimension qui est vachement développée au stade d’ouvrier. » Quant au timing imparti pour le rendu, il considère que « c’est rush, mais ça se fait ».
L’ingénieur travaux se montre dithyrambique sur les candidats présentés. « Ce ne sont pas des profils qu’on trouve souvent, juge-t-il. Moi, c’est ce qui m’a étonné : il y a peu de gens qui savent faire ça aujourd’hui à leur âge. Ce sont vraiment des gens en reconversion, qui ont appris d’eux-mêmes. […] Aujourd’hui, ce sont des jeunes qui sortent d’écoles, et qui savent être maçons, VRDistes (voirie et réseaux divers, Ndlr) et on en trouve peu. En Île-de-France, les 5 personnes que vous voyez là, ce sont les seules qu’on peut présenter. »
Des concurrents de haut niveau et jugés sur des critères exigeants. « On va vraiment aller dans le détail, dans la qualité du produit, un peu comme un concours des Meilleurs ouvriers de France. […] Le but, surtout dans une sélection régionale, c’est de départager le meilleur produit. Mais globalement, c’est la tenue générale du chantier, le respect du matériel, le respect de leur aide, la technique pure, et la sécurité », liste Lucas Fontanié.
Et là-dessus, certains s’en sont mieux sortis que d’autres. Sekou Traoré, pour la partie aménagements urbains, et Syabou Soumaré, pour les canalisations, sont les lauréats. Ils font d’ailleurs partie des candidats du CFM BTP à avoir concouru. « C’est un plaisir. Au début, c’était une galère, je pensais que je n’allais pas terminer l’épreuve, mais avec mon aide à côté, on a pu s’entendre, s’organiser, nous a confié le 1er cité. Du coup, je suis vraiment content. » « Je suis très content d’avoir participé. Je ne m’attendais pas à la 1re place, a réagi le second. Au début, j’avais la difficulté, je ne connaissais pas les pièces, mais je me suis débrouillé, et au final, mon prof m’a appelé et m’a dit ‘’Tu vas participer à un concours’’. J’ai dit ‘’Pourquoi pas’’. » Il ne regrette sûrement pas son choix. Les 2 lauréats vont désormais devoir unir leurs compétences lors de la compétition nationale, du 16 au 18 octobre à Marseille, lors de laquelle ils concourront en binôme.