Le 10 janvier, Aurore Bergé (Renaissance) s’est rendue à la synagogue de Maurepas pour honorer la mémoire des 4 personnes tuées le 9 janvier 2015 par Amedy Coulibaly lors de la prise d’otages de l’Hyper cacher de la porte de Vincennes, à Paris. Celle qui a de nouveau été nommée ministre en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations (et réélue en juillet dernier députée de la 10e circonscription des Yvelines, où figure Maurepas) a allumé une bougie en hommage à ces victimes de l’antisémitisme et du terrorisme islamiste. Elle a ensuite prononcé un discours où il a beaucoup été question de la « résurgence massive et insupportable de l’antisémitisme » en France.
« Depuis 10 ans, malgré les épreuves successives que nous avons eu à traverser, la République a tenu bon, n’a jamais vacillé sur ses principes, a-t-elle commencé par déclarer, en présence notamment du préfet des Yvelines, Frédéric Rose, du maire DVD de Maurepas, Grégory Garestier, et de représentants de l’Association juive de Maurepas et de ses environs. Mais nous nous inscrivons dans un moment […] très singulier que vous vivez, que nos compatriotes juifs vivent depuis le 7 octobre 2023. […] Le président de la République et le Premier ministre m’ont confié la charge de la lutte contre l’antisémitisme au sein du ministère, et chaque jour, je reçois des témoignages […] de nos compatriotes qui se sentent seuls face à l’antisémitisme. »
La ministre illustre notamment ses propos par le milieu étudiant : « J’ai reçu il y a quelques semaines des étudiants membres de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France, Ndlr) de Sciences po Paris, qui ont témoigné de ce qu’ils vivaient dans leur quotidien, des cours qui étaient empêchés ou que l’on tentait d’empêcher, des cris qu’ils entendaient pendant qu’ils passaient leurs examens. Le témoignage qui m’a le plus glacé, c’est celui d’une étudiante qui m’expliquait que dans l’amphithéâtre, elle se retrouvait souvent seule. […] J’ai été étudiante il n’y a pas si longtemps que ça dans cette même école, et nous, nous n’aurions jamais accepté qu’un(e) étudiant(e) puisse être laissé(e) seul(e) pour le seul fait d’être juif et d’être considéré comme responsable de la situation humanitaire à Gaza. »
Aurore Bergé a rappelé avoir annoncé, dès son retour au gouvernement, « la relance des Assises de lutte contre l’antisémitisme, que j’avais pu inaugurer et qui avaient permis de réunir l’ensemble des cultes » « Je les relancerai le 13 février prochain, date qui est là encore symbolique, puisque cela correspond au jour où Ilan Halimi avait été retrouvé, a-t-elle ajouté. J’ai notamment fixé comme priorité le monde étudiant, le monde universitaire, car c’est là que nous devons impérativement agir. » Elle abonde en rapportant un sondage Ifop pour la Fondation Jean Jaurès paru le 7 janvier, qui « disait que si, en moyenne, les Français étaient autant Charlie aujourd’hui qu’il y a 10 ans (76% des sondés, Ndlr), il y avait un écart générationnel qui se creusait. »
La ministre souhaite ainsi faire de la lutte contre l’antisémitisme « un vrai combat de société, pour la République et la démocratie, que nous devons mener ». Elle l’a notamment répété à plusieurs reprises : « L’antisémitisme ne concerne pas que les juifs, il concerne d’abord ceux qu’ils ne le sont pas, car nous devrions tous trouver ces faits absolument insupportables. » Elle a conclu en souhaitant « faire partager bien au-delà de ces murs pour que chacun(e) se sente concerné par ce qui se passe dans notre pays, car je crois que le pire des fléaux, c’est celui de l’indifférence. » Après l’hommage, s’en est suivi un échange entre la ministre et des personnes présentes à la cérémonie.