C’est l’un des projets les plus conséquents, si n’est le plus conséquent du mandat à Plaisir. Le château de Plaisir va bénéficier d’une rénovation de fond en comble. Aussi bien les aspects extérieurs qu’intérieurs. Alors que l’autorisation de travaux a été signée le 10 septembre et que le coup d’envoi des travaux doit être donné d’ici deux à trois mois, la municipalité plaisiroise a signé le 20 septembre dernier une convention avec la Fondation du patrimoine, lançant ainsi une campagne de dons en ligne.

Ce partenariat n’est d’ailleurs pas une 1re entre la Ville et la Fondation du patrimoine. Cette dernière avait déjà participé à la restauration de l’église (située à côté du parc du château), inaugurée dans sa version remise à neuf en 2013, a rappelé la maire LR de Plaisir, Joséphine Kollmannsberger, en préambule de la visite du château, précédant elle-même la signature de la convention.

« Une dégradation forte, extérieure et intérieure »

Interrogée par la presse, l’élue est revenue sur les motifs qui ont poussé à entreprendre cette restauration, évoquant d’abord le patrimoine, faisant état d’un château « dans un état inacceptable ». « Mais il y avait aussi le respect du travail à l’intérieur, des élèves, des professeurs [du conservatoire situé dans les locaux du château], a-t-elle poursuivi. Vous ne pouvez pas les laisser dans des endroits où les fenêtres ne sont pas étanches, où il y a une dégradation forte, extérieure et intérieure. Donc c’était indispensable. Et puis, ça rentre dans une logique, [avec] la réhabilitation de l’église d’abord, du parc ensuite. On a fait ça dans l’ordre : l’église, le parc, les murs, et maintenant le château. Ensuite, on fera les communs. »

Construit à partir de 1620 sous l’impulsion de Paul Le Tellier, médecin et conseiller de Louis XIII, le château a connu plusieurs évolutions au fil des siècles. Deux ailes ont notamment été rajoutées entre 1700 et 1711. L’édifice a ensuite été entre les mains d’une succession de propriétaires privés, avant d’être racheté, ainsi que son parc, par la ville de Plaisir en 1976.

Les derniers travaux majeurs datent d’ailleurs du dernier propriétaire privé, qui, dans les années 1930, a entrepris une importante restauration de l’extérieur. « La restauration de l’extérieur, ça remonte aux années 1930. Normalement, une couverture, c’est 70 ans maximum », souligne Sébastien Clément, architecte du projet. Ce dernier fait aussi état de « dégradations importantes » des bâtiments. « On peut voir qu’il n’y a pas d’égouts, pas de recueil d’eau en partie haute, ce qui fait que l’eau ruisselle sur les façades, et donc cause un certain nombre de dégradations », a-t-il notamment expliqué lors de la visite, faisant aussi état de fenêtres abîmées.

Sur les documents relatifs au projet de restauration, sont également mentionnés, en dépit d’un « état structurel globalement satisfaisant », des fissurations et un gonflement de la façade sud, des infiltrations d’eau, des dégradations des enduits mais également des parements en brique, ou encore des emmarchements et revers pavés ou dallés, et aussi des toits en ardoise, des lucarnes, ou encore des menuiseries hors d’usage. À ces détériorations extérieures, s’ajoutent, à l’intérieur, outre certains soucis au niveau des sols, des dégradations de boiseries et des cheminées, voire des altérations de peinture murale.

Ainsi, comme le détaille la commune sur son site internet, il est prévu une consolidation, restauration et rejointoiement à la chaux des cheminées, mitrons et boisseaux, un remplacement de la couverture, des faîtages et épis plomb, une restauration de la charpente et des lucarnes, mais aussi du perron, des marches et des dalles en pierre de taille, de murets et piliers entourant le château, des maçonneries des deux piliers du château, ou encore l’installation des nouvelles gouttières. Au niveau des menuiseries extérieures, les deux subsistant du XVIIe siècle seront préservées, tandis que « les vitrages seront remplacés pour en améliorer les performances thermiques et acoustiques », et qu’« au rez-de-chaussée, les fenêtres des salons retrouveront leurs dispositions d’origine en grands carreaux », indique la Ville. « Des restaurations sont aussi envisagées dans le vestibule, où des œuvres jusqu’ici présentes dans les caves seront mises en valeur », ajoute la municipalité.

Joséphine Kollmannsberger, maire de Plaisir, signant le 20 septembre la convention entre la Ville et la Fondation du patrimoine (à droite son président Hervé Lancelot), ouvrant la campagne de dons pour la restauration du château.

Concernant les aménagements intérieurs, les décors anciens à forte valeur patrimoniale seront restaurés. Les sols anciens, « ou ceux plus récents mais dont le revêtement est à l’image de ces derniers » seront conservés, contrairement aux carrelages des sols planchers chauffants qui seront remplacés par des carrelages s’approchant des tomettes anciennes, liste enfin la commune plaisiroise. Dans les salles sous combles, une mise en valeur des charpentes existantes sera aussi envisagée, en fonction de l’épaisseur des revêtements isolants. Le traitement acoustique doit également être revu pour améliorer les conditions de travail des élèves et professeurs du conservatoire.

Le conservatoire, installé dans les locaux du château, et qui déménagera temporairement durant les travaux de l’édifice. « Il part en décembre à la Haise, dans une [ancienne] école qui a été vidée, (et dont les élèves sont désormais au nouveau groupe scolaire Saint-Exupéry, (inauguré le 24 septembre, Ndlr), rappelle Joséphine Kollmannsberger. Donc on a libéré l’école de la Haise, où on a fait des aménagements acoustiques pour accueillir le Conservatoire. »

La médiathèque, elle, quittera le château en janvier mais n’y reviendra pas. Elle ira d’abord au sein de l’ex-école Daudet, « qui a été vidée également, puisque les élèves sont aussi à Saint-Exupéry ; ils seront là-bas toute la durée des travaux », annonce la maire. Ensuite, elle partira dans les locaux de l’école Marc Laurent, elle aussi fermée. « Il y a une nouvelle médiathèque qui va être construite, très grande, puisqu’elle va faire plus de 1 200 m² », souligne-t-elle.

Importants travaux aussi sur le colombier

Outre le château en lui-même, son colombier, datant du XVIIe siècle, sera aussi rénové. Sous-dimensionnées par rapport au bâtiment, les fondations seront reprises par des micropieux. « On est sur un terrain où il y a beaucoup d’eau, c’est lourd comme intervention. Beaucoup d’arbres ont été coupés, donc à mon avis, il y a eu une modification des sols, expose Sébastien Clément. Pour stabiliser et supporter la charpente, on va en profiter pour faire un vrai chaînage. […] Il n’y en avait pas, la charpente faisait un peu chaînage mais bon … Il y aura aussi un chaînage intermédiaire en engravures, pour rajouter les lancements. [À l’intérieur], il y encore les nichoirs éboulés, qui vont être restitués. »

L’ensemble du site est classé, le château l’étant à l’intérieur comme à l’extérieur, tandis que ses communs et son colombier, eux, ne le sont que pour l’extérieur. Un statut qui a rendu difficile le projet de mise en place d’un chauffage par géothermie. Mais ce dispositif pourra bien se faire grâce à un système de sondes enterrées sous le parking du site. 16 sondes puisant à 150 m de profondeur. Le coût du dispositif est estimé à 510 000 euros HT, selon la Ville. « En investissement, c’est fort, mais […] la rentabilité sera faite après, affirme Sébastien Clément. Un bâtiment comme ça, c’est une passoire (actuellement, il est chauffé à l’électricité, Ndlr), car on ne peut pas isoler les murs à cause des décors. »

510 000 euros, sur un coût global du projet s’élevant à 9,8 millions d’euros TTC. Mais « la moitié est prise par les subventions », tient à souligner Joséphine Kollmannsberger. La Direction régionale des affaires culturelles (Drac) s’est notamment engagée à soutenir à hauteur de 800 000 euros sur deux ans, tandis que SQY, le Département, la Région et la Fondation du patrimoine font aussi partie des partenaires. Dès décembre, le château devrait être fermé pour travaux mais les activités en extérieur, dans le parc (comme Escales d’ailleurs) seront maintenues. Le chantier de restauration devrait durer environ un an et demi, selon Sébastien Clément, évoquant une échéance à la rentrée septembre 2026. « On n’est pas trop inquiets », assure l’architecte.

En attendant, pour contribuer aux dons (déductibles d’impôts), rendez-vous sur fondation-patrimoine.org. 210 euros avaient été récoltés au 30 septembre, sur un objectif de 400 000.