De légende urbaine à réalité apparente. Les travaux de réaménagement et notamment d’enfouissement de la N 10, à Trappes, sont entrés depuis cet été dans une étape déterminante, préalable à l’enfouissement. Pour rappel, ce projet, en réflexion depuis plus de 20 ans, vise à enfouir la N 10 en trois points : au niveau de la mairie, entre la rue de Montfort et l’avenue Carnot, et entre la rue de la République et le cours de la Corderie. Un dénivellement jusqu’à 7 m de profondeur, et une organisation en trois plateaux urbains (ou dalles urbaines) permettant de relier différents quartiers de Trappes, coupée en deux par cette route où passent 70 000 à 80 000 véhicules par jour, et de réduire les nuisances sonores, visuelles et environnementales, ainsi que la dangerosité de la route.
Le chantier avait déjà connu quelques avancées ces dernières années avec des aménagements importants, comme la construction d’un mur de protection en meulière au niveau boulevard Martin Luther King, la destruction de l’emblématique pont Cachin près de la mairie, remplacé par un pont provisoire à l’été 2021, la création d’une passerelle piétonne au niveau de la mairie à l’été 2023 ou encore en septembre 2023 d’un grand rond-point au croisement entre la N 10 et la D 912 devant le Pavillon bleu, ainsi que la mise en place d’un souterrain pour les véhicules venant de la D 912 en direction de Paris.
Mais, nouvelle étape depuis juillet, des travaux de voirie provisoire ont débuté. Certaines rues sont en effet décalées vers le Nord, d’autres vers le Sud, afin de libérer les emprises nécessaires à l’enfouissement de la N 10. « On va enfouir la N 10 sur à peu près 800 m, donc entre les deux carrefours giratoires N 10- D 912 et N 10-D 23. […] Par rapport à la N 10 actuelle, on va enfouir légèrement au Sud, explique Guillaume Bennet, chef du département de modernisation du réseau Sud Ouest à la Direction des routes d’Île-de-France (Dirif), qui mène les travaux. On va creuser un tube puis l’autre, mais pour commencer à libérer le 1er tube, on va décaler la N 10 au Nord, c’est ce qu’on appelle la N10 provisoire, ce qui permet de libérer les emprises qui vont servir au chantier d’enfouissement »
« On a défini la N 10 provisoire, donc le tracé de la future N 10 après les travaux qu’on est en train de mener et qui se termineront en mars, poursuit-il. Donc on pousse la rue de Stalingrad Nord au Nord, et les rues de la République et de Stalingrad Sud, on les pousse au Sud, et ça nous permet de libérer les emprises pour le foncier. »
Une fois ces travaux permettant les libérations d’emprises terminés, en mars, la voirie provisoire sera mise en service et il restera une ultime étape intermédiaire avant l’enfouissement : la création au 2e trimestre 2025 d’un giratoire entre la rue Jaurès et la D36. « On va avoir besoin de fermer, pour finir la libération d’emprises, la rue du 19 mars 1962, précise Guillaume Bennet. C’est une tout petite rue qui, quand on vient du Nord et qu’on traverse le pont Cachin,est empruntée notamment par les bus pour desservir devant la mairie. Donc comme on ferme cette rue, on va créer un carrefour giratoire, qui fait que les gens pourront, depuis le Nord, quand ils vont prendre le pont Cachin, emprunter directement la rue de la République et non plus la rue du 19 mars 1962. »
Viendra ensuite, au 3e trimestre 2025, l’enfouissement, qui sera réalisé en deux temps. C’est donc d’abord le sens Province vers Paris qui sera traité, pour 15 mois de travaux. « L’ensemble des emprises qu’on va libérer vont nous permettre d’enfouir totalement le sens Province vers Paris, fait savoir Guillaume Bennet. On va tout creuser le linéaire d’un coup,[…] et au bout de 15 mois, on va mettre en service le sens enfoui dans le sens Paris-Province, donc on aura trois demi-dalles urbaines. Demies, car on n’aura creusé qu’un sens. »
L’autre sens, Paris-Province, sera plus court à réaliser (12 mois), du 4e trimestre 2026 à la fin 2027. Il faudra ensuite s’attaquer aux aménagements en surface. « Une fois qu’on a ouvert la circulation sur la N10, on traitera tout ce qui restera en surface, développe le représentant de la Dirif. Fin 2027, on aura enfoui le tube Nord qui est le sens Paris-Province. On met en service ce sens de circulation, et après, on a encore à peu près 3 mois pour achever tous ces travaux. Il faut qu’on déconstruise la N 10 en surface qui restera, du sens Paris-Province. On va ensuite aménager la traversée au niveau de l’hôtel de ville ».
Une traversée à ce niveau s’effectuant pour l’instant grâce donc au pont provisoire remplaçant le pont Cachin. « On va rétablir sur les dalles la D 36, donc le trajet définitif, et ensuite on pourra démonter ce pont provisoire. [La traversée] se fera sur le plateau urbain, on n’aura plus ce pont pour monter, ce sera plat », indique Guillaume Bennet, ajoutant que la passerelle piétonne sera elle aussi démontée après l’enfouissement, car « on fera une traversée piétons et cycles à niveau sur les dalles.»
Ce qui amène à 2028, année où il restera encore « des travaux de finition, où on va remettre des cheminements piétons un peu plus propres, rouvrir la rue de Stalingrad Nord (fermée il y a quelques jours, Ndlr) dans son intégralité, rétablir la sortie Trappes le Village, au niveau du cimetière, au 1er trimestre 2028 », liste le chef du département de modernisation du réseau Sud Ouest. Et enfin dernier aménagement : la mise en place d’un carrefour entre la N 10 et la D 23. « On est sur un démarrage à partir du 2e trimestre 2028 », annonce Guillaume Bennet, se voulant prudent sur l’ensemble du calendrier annoncé car « on est un chantier un peu particulier ».
« On se situe près de la gare [de triage] de Trappes, rappelle-t-il. C’est une zone qui a été fortement bombardée pendant la 2de Guerre mondiale.[…] Il y a beaucoup de bombes qui n’ont pas explosé. Donc on va devoir prendre tout au long du chantier des mesures un peu spécifiques pour détecter la présence de ces engins, et si on en trouve, faire intervenir des services de déminage. Donc on a une contrainte assez forte dans l’organisation des travaux, […] et donc des aléas, notamment en termes de calendrier, qu’on ne maîtrise pas. »
Ce qui est aussi un des facteurs de l’explosion du coût global du projet, passé ces dernières années de 95 à près de 150 millions d’euros. « Comme on a eu ce sujet de risque pyrotechnique important, on a beaucoup échangé avec les services de la préfecture sur les méthodologies pour valider les travaux, et on a des contraintes assez fortes, on est dans un environnement urbain. Par ailleurs, les services de déminage nous ont imposé de faire un chantier, à ciel ouvert, ce qui n’était pas prévu initialement. […] Toute cette méthodologie de travaux à ciel ouvert a eu des conséquences assez importantes sur les modalités de résolution des travaux et donc les coûts », justifie notamment Guillaume Bennet.
Autre facteur d’envolée des coûts : la durée du chantier et l’inflation. « C’est un chantier qui va se dérouler sur un calendrier plus long que prévu, souligne Guillaume Bennet, évoquant « une inflation encore plus forte dans les travaux publics », citant notamment le béton et l’acier, principalement utilisés dans le chantier : « Des matériaux dont le coût a vraiment explosé par rapport à l’inflation classique ».
En espérant que les coûts n’augmentent pas de nouveau, de même que le calendrier, avec donc une livraison en 2028, même s’il y aura ensuite un 2e chantier, qui sera celui de l’aménagement des plateaux urbains, cette fois sous maîtrise d’ouvrage de SQY. « C’est un chantier qui interviendra après nous, glisse Guillaume Bennet. Il y a un peu deux projets. Nous, on va enfouir la N 10, on va ‘‘effacer la N 10 du centre-ville’’ » […]. Mais la finalité, ce sera l’aménagement définitif de ces dalles urbaines et des alentours, puisqu’on va un peu décaler la N 10, donc il y aura des nouveaux espaces publics en plus de ces dalles. […] C’est une amélioration du cadre de vie qui sera portée par ces aménagements. »
Les deux ascenseurs de la passerelle piétonne devraient bien arriver en décembre
À l’été 2023, a été installée une passerelle piétonne provisoire non loin de la mairie de Trappes. Cette passerelle (dotée de 54 marches) permettant de traverser la N 10, a provoqué l’ire des habitants et des élus trappistes, car elle a été mise en place sans solution de rechange pour les personnes à mobilité réduite, les personnes âgées, les cyclistes ou encore les personnes avec poussettes.Une pétition, soutenue par le maire Génération.s de Trappes Ali Rabeh, avait été lancée par la section locale du PCF, comme nous l’évoquions dans de précédents articles. Elle a été signée par plus de 1 300 personnes, réclamant l’installation de deux ascenseurs de chaque côté de la passerelle.
Le maire avait fait appel à deux experts qui avaient conclu que l’aménagement d’un ascenseur de chaque côté de la passerelle piétonne était possible, moyennant un coût non négligeable (évalué entre 100 000 et 150 000 euros pris en charge par l’État). Il avait obtenu le soutien des préfets des Yvelines, Jean-Jacques Brot et son successeur Frédéric Rose. Après un peu plus d’un an de bataille avec la Dirif, l’élu et les habitants ont obtenu gain de cause. Deux ascenseurs vont ainsi être installés de chaque côté de cette passerelle piétonne en décembre prochain. « Je suis fier de vous annoncer que nous avons obtenu l’engagement de nos partenaires pour l’installation de deux ascenseurs d’ici décembre », a déclaré l’édile dans l’édito du magazine municipal de septembre . Ce que nous confirme Guillaume Bennet, de la Dirif : « On a passé un marché de travaux, et le calendrier actuel, c’est une mise en service juste avant Noël, sauf aléas particuliers. »