Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé le 9 janvier 2021 avoir suspendu le commissaire de police de la circonscription de Plaisir, après l’envoi d’une carte de vœux qui a fait polémique au sein de ses équipes.

Cette lettre, envoyée aux chefs de service et aux autorités policières des Yvelines, représente le dessin d’un policier blanc debout devant sa voiture et s’adressant à un homme noir. L’homme en uniforme dit à ce dernier : « Rapprochez-vous un peu… Mon tazer recharge sur l’allume-cigare ! » S’ajoute à ce dessin un petit mot du haut fonctionnaire : « Le commissaire et les policiers de la circonscription de sécurité publique de Plaisir vous souhaitent une bonne année 2021 », selon le tweet du ministre de l’Intérieur.

Provocation, racisme ou maladresse ? « Ce dessin fait partie d’une série de dessins réalisée en août 2015 pour dénoncer les violences policières sur les noirs aux États-Unis, indique Wingz, l’auteur des caricatures, dans un tweet le 9 janvier. Je n’ai jamais donné mon autorisation pour cette utilisation hors contexte dans une carte de vœux. » Alors, quel message le commissaire a-t-il voulu faire passer ? Ce dernier n’a pas répondu à nos sollicitations.

Le ministre de l’Intérieur a dénoncé cette pratique sur Twitter : « Dès que j’ai eu connaissance de cette carte de vœux, l’Inspection générale de la police nationale a été saisie et a déjà entendu ce commissaire (le 8 janvier, Ndlr). » Selon Le Parisien, l’entourage de Gérald Darmanin a commenté que ce dessin avait choqué beaucoup de monde pour sa connotation raciste.

Du côté des équipiers du commissaire, c’est la consternation, ou encore « la stupeur » et « l’impression de disproportion ». Ils auraient été choqués d’être associés à cette démarche, « qui jette le discrédit sur l’ensemble du commissariat » a raconté une source à l’AFP. Selon les propos d’une source syndicale des Yvelines rapportés par Le Parisien, la carte de vœux laisserait sous-
entendre que les policiers utilisent le pistolet à impulsions électriques à la volée.

Mais une source issue de la hiérarchie policière des Yvelines temporise : « Il s’est laissé aller à un trait d’humour […]. C’est une erreur d’appréciation sur les conséquences qu’aurait posées la publication de ce dessin, au vue de la sensibilisation du sujet aujourd’hui. » Selon elle, c’est surtout une négligence, et le commissaire n’aurait pas voulu être critique à l’égard de la police, ni raciste, au vu de « ses idées saines, droites, et de son souci de principe ».

En attendant, sa suspension conservatoire peut durer jusqu’à quelques mois. À l’issue de cette suspension, le commissaire passera devant le conseil de discipline de la police nationale, qui décidera d’une éventuelle sanction, selon nos confrères du Parisien. « Ce genre d’affaire, c’est étouffé d’habitude, mais le ministre de l’Intérieur a fait le choix de la porter à connaissance de tous pour éviter le défoulement médiatique », fait l’hypothèse une source policière.

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