Saint-Quentin-en-Yvelines veut devenir une place forte de la cybersécurité

Avec la présence locale de plusieurs entreprises majeures du secteur de la cybersécurité, l’agglomération travaille sur un projet de Campus de la cybersécurité, où 2 000 étudiants seraient formés.

Si élus et responsables d’entreprises s’accordent déjà sur la place importante de Saint-Quentin-en-Yvelines dans le domaine de la cybersécurité, l’agglomération veut renforcer encore plus sa position. Elle a notamment l’objectif de créer un Campus de la cybersécurité qui formerait à terme 2 000 étudiants afin de constituer un vivier pour les nombreuses entreprises saint-quentinoises qui travaillent dans ce domaine, parmi lesquelles se trouvent, pour ne citer qu’elles, Atos, Airbus, Thales, etc.

Le mercredi 5 avril, dans le cadre de la Paris cyber week, Saint-Quentin-en-Yvelines a reçu une délégation d’acteurs nationaux et étrangers de la cybersécurité au SQYcub, parmi lesquels des députés français, mais également des représentants de l’Estonie, de la Finlande ou encore de l’Australie. Après une courte présentation de l’agglomération et un temps d’échanges informels, la délégation est allée visiter les sites d’Atos aux Clayes-sous-Bois et d’Airbus à Élancourt (où la presse ne pouvait pas être présente, Ndlr). L’occasion de faire le point sur le dispositif que SQY veut mettre en place.

« Les attaques informatiques sont toujours plus nombreuses et élaborées, rappelle Saint-Quentin-en-Yvelines dans son flyer dédié à la cybersécurité. La forte croissance des objets connectés évoluant notamment dans les secteurs de la Smart city, de la domotique, de l’industrie 4.0, génère une hausse spectaculaire du nombre d’attaques, avec des prévisions de +500 % d’ici à 2020. Pour la sécurité de leurs données sensibles et de leurs utilisateurs, les entreprises doivent aujourd’hui se faire accompagner par des experts en cybersécurité dès la phase de conception. »

Joint par téléphone suite à la visite de la délégation, Jean-Michel Fourgous (LR), président de l’agglomération et maire d’Élancourt, rappelle comme souvent que Saint-Quentin-en-Yvelines au sein de Paris-Saclay « est un peu le MIT français » avec la présence de nombreux leaders mondiaux du numérique. « Il faut que Saint-Quentin-en-Yvelines soit au top de cette compétitivité, estime-t-il, et on sait qu’il y a environ 100 000 emplois en cybersécurité, dont seulement 25 000 sont vraiment sur le marché. Donc il faut répondre très vite à ce besoin de nos entreprises et de la France. »

D’où le projet de créer, dans la continuité du label École du numérique mis en place par l’agglomération, un Campus de cybersécurité dédié à la formation, mais pas que, d’ici 2023. « Le projet du campus de Cybersécurité, c’est de réunir sur SQY tout ce qui fait la dynamique d’une filière, résume Anne Fahy, directrice générale adjointe au développement économique de SQY, lors de la visite au SQYcub. Sur les enjeux de la cybersécurité, on a besoin de recruter de façon massive et il faut répondre aux besoins des industriels rapidement. »

La directrice adjointe au développement économique expose donc que ce Campus devrait comprendre « une composante formation initiale et continue, une composante recherche parce qu’il faut développer de nouveaux modèles en matière de cybersécurité, une composante centre d’entraînement pour pouvoir parer aux différentes attaques, et puis comme nous l’avons ici au SQYcub, une composante start-up/incubateur pour développer les entreprises de demain en matière de cybersécurité à SQY ».

« Le projet du campus de Cybersécurité, c’est de réunir sur SQY tout ce qui fait la dynamique d’une filière », résume Anne Fahy, directrice générale adjointe au développement économique de SQY.

Le projet du Campus est de réunir en un lieu unique de l’agglomération toutes ces composantes. Sachant que le nombre de formations en cybersécurité dispensées sur SQY va dès cette année augmenter. Ainsi, « de nouvelles formations de niveaux deux et trois, dédiées à la cybersécurité » vont rejoindre l’École du numérique, prévoit Anne Fahy. « Nous travaillons avec l’UVSQ pour développer des formations de niveau master dès 2020 », ajoute-t-elle.

À l’heure actuelle, Jean-Michel Fourgous nous indique que ce projet de Campus de la cybersécurité « en est au stade de l’étude de faisabilité » et que SQY est en train de voir pour trouver les futurs locaux, « soit d’anciens locaux, soit un projet de nouveaux locaux avec des partenaires ». « On mobilise tout le monde : la Région, Paris-Saclay, la faculté de SQY, etc », détaille le président de l’agglomération, rappelant toujours la formation numérique dispensée dans les écoles saint-quentinoises : « Il est donc cohérent d’avoir un Campus de cybersécurité qui soit l’un des plus performants de France, c’est un projet mais on se donne les moyens de le réussir. » Selon Anne Fahy, l’objectif serait que le campus regroupe, « en 2023, 2 000 étudiants spécialisés en cybersécurité sur le territoire ».

Présent lors de la visite de la délégation au SQYcub, Laurent Legendre, délégué région Île-de-France de Airbus développement, filiale du groupe qui s’occupe d’aider les PME et les start-up, confirme que la problématique première pour les entreprises de la cybersécurité est le recrutement. Mais pas forcément pour des raisons de formation. « Recruter en seconde couronne parisienne des jeunes talents qui ont envie de vivre sur Paris, c’est compliqué, ça c’est le problème numéro un, relate Laurent Legendre. Les formations, on les a. Mais au bout de trois ans [de formation], ils ont enfin leur diplôme mais vont s’installer dans Paris, et là, on a du mal à les récupérer pour venir travailler chez nous. »

Cette problématique d’attirer les jeunes talents est justement l’un des objectifs du développement du secteur dit « SQY high-tech », qui regroupe déjà de nombreuses grandes entreprises de la haute technologie entre les Clayes-sous-Bois, Élancourt, Plaisir et Trappes ; mais dont l’agglomération veut améliorer la visibilité et l’accessibilité pour amplifier son attractivité et sa compétitivité (voir La Gazette du 29 janvier). Selon le délégué régional de Airbus développement, un autre enjeu pour les entreprises de la cybersécurité concerne l’innovation, notamment en lien avec les start-up.

« Le deuxième, ce sont des enjeux d’open innovation, parce que la cybersécurité, ce ne sont pas que des innovations issues de grands groupes, tout ne s’invente pas en interne, souligne Laurent Legendre, qui est également président du réseau d’entreprises Delta SQY. Il y a beaucoup de start-up qui ont de très bonnes idées, de très bonnes technologies à développer et qu’on peut accompagner. […] En quelques mois, grâce à l’agilité d’une start-up, on est capable d’intégrer une innovation dans les produits qu’on aurait peut-être mis deux ans à développer en interne. »

Il estime d’ailleurs que les collectivités peuvent avoir un rôle à jouer dans le développement des start-up, faisant notamment référence à l’appel à candidature lancé pour intégrer le SQYcub (voir encadré), spécifiquement destiné aux projets de cybersécurité, qui seront soutenus par des acteurs déjà installés dont Airbus. « L’idée, c’est un partenariat entre les entreprises du territoire, on est à la fois partenaires et concurrents, estime-t-il. On a tous intérêt à ce que l’écosystème se développe au bénéfice des entreprises françaises ou européennes, par rapport à des concurrents qui vont arriver d’autres continents. » Le Campus du numérique sera-t-il l’un des premiers éléments de réponse ?

Le SQYcub cherche à incuber des projets de cybersécurité

L’incubateur de Saint-Quentin-en-Yvelines basé à Guyancourt, le SQYcub, lance une promotion d’incubation entièrement tournée vers des projets liés à la cybersécurité et à la confiance numérique. L’appel à candidature a commencé la semaine dernière et se clôturera le 10 juillet. L’objectif est que les porteurs de projets retenus intègrent le SQYcub début septembre.

Les thématiques cybersécurité et confiance numérique portent sur la sécurité des données, la sécurité des réseaux, la sécurité du cloud, les logiciels de sécurité, la gestion des accès et des identités, le respect de la vie privée et les objets connectés sécurisés.

« Cet appel à candidature permettra aux incubés de bénéficier de l’accompagnement de prestigieux acteurs du cluster Paris-Saclay et d’intégrer la communauté French tech Paris-Saclay », indique l’agglomération. Ainsi, de nombreux acteurs locaux de la cybersécurité apporteront leur contribution pour soutenir les projets retenus, dont Airbus, JCDecaux, Systematic et d’autres. Les dossiers de candidature sont à envoyer avant le 10 juillet. Une réunion d’information est par ailleurs prévue le jeudi 27 juin de 9 h à 11 h. L’ensemble des renseignements est disponible sur le site internet sqyentreprises.com.

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