Le maintien des emplois, la reconstruction de l’entreprise à Plaisir et connaître le montant de l’assurance. Le mot d’ordre chez les salariés de la Société de galvanoplastie industrielle (SGI) reste inchangé depuis l’annonce de la fermeture du site plaisirois, situé dans la zone industrielle des Gâtines, de cette entreprise spécialisée dans le traitement de surface de pièces mécaniques, filiale de l’important groupe néerlandais Aalberts.

Quelques mois après l’incendie de fin juin qui a ravagé une partie des ateliers de cette société, la direction avait informé par SMS les près de 80 employés plaisirois de sa décision de mettre fin à son activité sur la commune (voir notre édition 11 décembre), ce qui mènerait à des licenciements économiques ou des reclassements sur un autre site dans les Hauts-de-France. Les salariés s’y opposent depuis, et la semaine dernière a été marquée par une mobilisation puis un passage devant le conseil des prud’hommes. Ils sont actuellement au « chômage partiel » : « On est chez nous en train d’attendre », regrettent-ils. Malgré plusieurs tentatives, La Gazette n’a pas réussi à échanger avec la direction de la SGI.

Mercredi 6 mars, une quarantaine d’employés était ainsi rassemblée sur le parking d’un hôtel situé dans le quartier de la Chaîne pour affirmer leur détermination. Pendant ce temps, à l’intérieur de l’hôtel, se tenait une réunion entre la direction et les représentants du personnel. « On est là pour revendiquer nos droits et soutenir nos représentants », insiste Dayé, à la SGI depuis cinq ans. Depuis le mois de décembre, leurs demandes restent inchangées. « On veut le maintien de l’emploi et la reconstruction, résument-ils tous d’une même voix. On peut la remettre sur pied (l’entreprise, Ndlr), nos clients continuent d’appeler. »

Tous souhaitent également connaître le montant exacte touché par l’entreprise de la part de son assurance suite à l’incendie de juin. Alors que des chiffres entre 20 et 30 millions d’euros leur avaient jusque-là été donnés, un représentant de la CGT nous explique que la SGI a parlé de 23,5 millions d’euros lors de la réunion de mercredi. « L’expert de l’assurance a dit que le prix pour reconstruire à Plaisir est de 12 millions d’euros », s’insurgent les employés, qui ne comprennent donc pas pourquoi la SGI choisit de fermer, allant jusqu’à parler de « fraude ».

Une autre constante dans les rangs des salariés est l’inquiétude pour la suite de leurs vies professionnelles, alors que la majeure partie d’entre eux a plus de 50 ans. « Qu’est ce que vous voulez que je fasse derrière ?, s’inquiète Mirko, la cinquantaine, 15 ans d’ancienneté sur le site plaisirois de la SGI. On a peu d’espoir de retrouver du travail ou il faudra recommencer à zéro … » Après cette mobilisation, les salariés de la SGI avaient rendez-vous au conseil des prud’hommes de Versailles le vendredi 8 mars.
Ce matin-là, une cinquantaine d’entre eux remplissaient les rangs du tribunal, pour demander à connaître le montant de l’enveloppe de l’assurance et obtenir l’interdiction des licenciements … alors que ceux-ci n’ont pas encore eu lieu. « C’est un contentieux inédit, ça ne s’est jamais fait de demander l’interdiction de licenciements en amont », souligne maître David Metin, avocat des employés.

Face aux deux conseillers prud’homaux, l’avocate de la SGI, maître Sophie Cohen-Elbaz, estime justement que cette juridiction est « incompétente » pour traiter ce dossier. « Votre conseil ne peut pas statuer sur des demandes alors que nous sommes dans le cadre d’une procédure de licenciement, défend-t-elle. C’est une compétence de la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, Ndlr). » Un avis que ne partage logiquement pas maître David Metin : « La Direccte est là pour apprécier le respect de la procédure. Elle ne contrôle pas le motif économique. »

Après de longues minutes de suspension de séance, les conseillers prud’homaux n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur leur compétence à traiter l’affaire. Un juge départiteur, magistrat de profession, devra donc trancher sur l’ensemble du dossier. La date de l’audience reste à être fixée, souhaité rapidement par l’avocat des salariés, alors que la fin des négociations du plan de licenciement est, elle, pour le 19 avril. Les employés de la SGI restent donc dans l’attente, mais leur motivation n’a pas bougé. « On est prêt à aller jusqu’en Hollande, au siège du groupe Aalberts pour revendiquer nos droits », assurait un salarié lors de la mobilisation de mercredi.