Coup de tonnerre politique à Coignières. Mardi 11 septembre, après plusieurs mois de conflits au sein de la majorité, Jean-Pierre Sevestre (SE) a annoncé sa démission de ses fonctions de maire. Dans un communiqué de presse ainsi qu’une lettre aux habitants, il explique souhaiter l’organisation de nouvelles élections municipales pour « sortir de l’impasse politique dans laquelle se trouve le conseil municipal ». La préfecture confirme que de nouvelles élections vont se tenir à Coignières. En attendant la confirmation officielle, opposition et majorité dissidente sont déjà en train de préparer leurs listes. La Gazette n’a cependant pas réussi à joindre les élus de la majorité restée fidèle à Jean-Pierre Sevestre avant la mise sous presse de cette édition.

La démission de Jean-Pierre Sevestre, qui avait pris la succession de Henri Pailleux en 2015, fait suite aux conflits internes ayant éclaté au sein de la majorité depuis l’annonce du projet de fusion entre Coignières et Maurepas, depuis abandonné. Ces tensions s’étaient exprimées au grand jour lors du conseil municipal du 29 juin (voir notre édition du 3 juillet). Une situation qui a mené à la décision du désormais ex-maire, qui n’aura donc pas trouvé de solution avec les frondeurs pour sortir de cette crise pendant l’été.

« On est parfois obligé de prendre des décisions difficiles, c’est ce que je viens de faire, confie un Jean-Pierre Sevestre ému, contacté au lendemain de sa démission. Des désaccords profonds ont été constatés au sein de notre majorité municipale, qui a été scindée en deux tendances équivalentes. Donc il me semble difficile de gérer de façon efficace une commune qui présente maintenant au moins trois oppositions. »

Pendant la période tendue au sein du conseil municipal de Coignières, « devenu un théâtre médiatique », d’après Jean-Pierre Sevestre, ce dernier estime avoir « été sali et traîné dans la boue ». Et de poursuivre : « J’ai essayé, pendant trois ans, de donner [aux Coigniériens] une vision moderne de la ville. Ce changement n’a pas été accepté par une partie de ma majorité, et donc des désaccords sont arrivés. » Dans sa lettre aux habitants, il affirme que « des ambitions politiques personnelles ont pris le pas sur l’intérêt général », attaquant ainsi certains élus de la majorité ayant fait scission.

Avec son choix de démissionner, pris aussi pour des raisons de santé qui l’avaient forcé à se mettre en retrait en mai dernier, il espère ainsi provoquer l’organisation de nouvelles élections municipales. « J’ai considéré que ma démission pouvait permettre, c’est ce que je souhaite, de revenir devant les Coigniériennes et les Coigniériens, pour qu’ils décident de leur avenir », souligne l’ex-maire. Alors que plusieurs rumeurs indiquaient que ces élections municipales pourraient bien avoir lieu, les services de la préfecture confirment l’information.

« L’arrêté n’a pas encore été pris, mais il y aura des élections municipales partielles à Coignières, certifie-t-on dans l’entourage du préfet, contacté par La Gazette en fin de semaine dernière. Ça va être fait, mais la date n’est pas encore fixée. » Selon les informations de plusieurs responsables politiques locaux, ces élections municipales pourraient se tenir début décembre. Jean-Pierre Sevestre, lui, annonce ne pas « souhaiter intervenir directement dans cette campagne », mais « pense » que des candidats de son équipe « vont se déclarer » prochainement, sans pouvoir donner de noms.
Du côté de l’opposition et des élus frondeurs, les préparatifs pour ces futures municipales ont déjà commencé dans l’attente d’une confirmation officielle de la préfecture. Parmi eux, figure Ali Bouselham (SE), l’un des élus frondeurs qui était entré en conflit ouvert avec le maire après l’annonce du projet de fusion. Dans un premier temps, ce dernier estime que Jean-Pierre Sevestre a pris la « bonne décision » en se retirant, mais lui reproche d’avoir « trouvé le moyen de [l]’égratigner encore » dans sa lettre aux Coigniériens.

Lui, qui réfute une quelconque ambition personnelle, travaille à la constitution d’une liste aux élections municipales qui se profilent. « On se prépare, je réunis des gens, je vais monter une liste, confirme-t-il en milieu de semaine dernière. Je ne sais même pas si je la mènerai […]. Peut-être que ce sera moi, mais si ce n’est pas moi, je n’en prendrai pas ombrage. » Ali Bouselham entend proposer à « tout ceux qui se sont opposés » à l’ancien maire, et qui « voudront continuer », de le rejoindre.

Depuis la démission de Jean-Pierre Sevestre et les rumeurs confirmant l’organisation de nouvelles élections, le groupe de gauche « Coignières pour tous », avec à sa tête Didier Fischer (DVG), a également commencé à constituer une liste. Depuis plusieurs mois, Didier Fischer faisait partie de ceux qui réclamaient une démission du maire. Il loue donc logiquement la décision de Jean-Pierre Sevestre : « Tout était bloqué. Je pense que c’était la seule solution pour essayer d’apaiser les tensions et essayer de trouver une autre solution. »

Son groupe est désormais en ordre de marche pour les élections qui devraient arriver. « En réunion de groupe, nous avons décidé de nous préparer à présenter une liste et je serai tête de liste, annonce Didier Fischer, le 14 septembre. On a déjà un bon noyau de base donc ça ne devrait pas trop poser problème pour avoir une liste d’ici la mi-octobre, pour être prêts. » Coignières semble donc se préparer à connaître une nouvelle période électorale dans les prochains mois. Reste à savoir qui, parmi les élus restés fidèles à Jean-Pierre Sevestre, partira pour tenter d’être maire jusqu’en 2020. Début de réponse le 19 septembre, si le conseil municipal prévu est maintenu.

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